Chapitre 5

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Cela commença dans un cauchemar, un cauchemar agaçant et terrifiant. Je tombais. Ma chute ne semblait connaître ni début ni fin. La chose dans laquelle je chutais s’apparentait à un puits, en tout cas, c’était circulaire. Cependant, les parois étaient rocailleuses, dures, et coupantes. Je me débattais dans ma chute et mes mouvements me balançaient contre les murs, me cognant et me coupant à tout va. J’avais mal. Au dessus de moi, quelqu’un que je ne voyais pas, au bord du puits sans doute, riait. Cette personne se moquait de moi. Les rires s’amplifiaient au fur et à mesure que je tombais. Je me cognais de plus en plus également. Je désespérais d’arriver “en bas”, si seulement ce lieu existait. Exactement comme quand je m’éveillais ces derniers temps, l’espoir me quittait. Je me résignais peu à peu, j’allais mourir ici dans l’ignorance. Le son devenait véritablement retentissant, il remplissait l’espace, m’oppressait, me noyait. J’étais complètement assourdie. Ces éclats de rires cruels, presque sataniques, hurlaient dans mes oreilles devenus sensibles. Cela faisait si longtemps que je n’avais rien pu écouter d’autre que ma propre voix… A l’instant où je crus que mes tympans allaient se déchirer, mes paupières s’ouvrirent.

Mon cœur fit un bond dangereux dans ma cage thoracique quand je compris que le son était bien réel et qu’il s’agissait en fait d’une…

Voix. Quelqu’un, un homme à la voix grave et veloutée – bien plus agréable à entendre que ces rires grinçants – me parlait. Il répétait :

— Écoute Rosalie… Est-ce que tu écoutes ?

Le son provenait de nulle part et partout à la fois. La voix coulait du mur, s’échappait du plafond et montait du sol. Après un instant d’étourdissement, une réponse faible et rauque s’échappa de ma bouche pâteuse :

— Oui, je vous entends… Qui êtes-vous ? Pourquoi suis-je ici ?

— Écoute, Rosalie… Dans un mois, tu seras libre.

Cette révélation eut l’effet d’une bombe dans mon cerveau fatigué.

— Pourquoi ? Quel jour sommes-nous ? Ne partez pas ! Aidez moi… me précipitais-je.

Je n’obtins aucune réponse. Il n’était plus là. De nouvelles questions affluaient : qui était cet homme qui pouvait me parler, m’entendre, me voir peut-être ? Mon kidnappeur ? Une simple voix enregistrée ? Un sauveur ? Pouvais-je lui faire confiance ? Comment saurais-je quand un mois se serait écoulé ? Pourquoi avoir attendu tout ce temps pour me contacter ?

Tout cela était de plus en plus étrange. Un kidnappeur avouerait-il à sa victime qu’elle va être délivrée ? Sûrement pas.

Cet événement inespéré m’avait certes perdue, mais il m’avait redonné espoir. Je devais tenir.

Encore un mois.

***


— Ce n'est pas passé loin cette fois.

— Oui, j'ai bien cru que notre expérience allait échouer, elle était vraiment au bord du désespoir.

— Mais non ! Tant qu'on donne à l'homme les moyens d'espérer, il espère, stupidement.

— Vous pensez donc qu'elle continuera à croire au salut ?

— Bien sûr, vous lui en donnerez les moyens : parlez lui, et dans un mois, vous n'aurez qu'à lui dire qu'il lui reste deux semaines.

— Mais…

— Il faut qu'elle n'ait aucun repère temporel, dois-je vous le rappeler !… Elle réussira : elle est parfaite.

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