Quelque chose d'excitant

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Il avait été surpris par le nombre incroyable de résultats affichés et par la quantité d’informations disponibles : « Comment feindre sa mort en 11 étapes », « comment disparaître sans laisser de trace », « Trois manières de disparaître complètement », « Tout quitter, disparaître se faire passer pour mort », etc. Les risques, les astuces, les recours, les faux-papiers, tout y était ! L’une des pages qu’il avait parcourues ce soir-là l’interpela : « Si vous fuyez la police, votre famille, ou si vous souhaitez seulement refaire votre vie, parfois, le plus simple consiste à feindre la mort pour pouvoir vous enfuir. ». Erwan cherchait-il vraiment à fuir ? À refaire sa vie ailleurs ? Non, c’est autre chose, avait-il pensé alors. Quelque chose qu’il n’avait pas voulu ou ne pouvait pas encore définir précisément… Une forme de vengeance ? Une blague cruelle ? L’envie de provoquer un choc ? De déchirer tous les scripts ? De voir ce qu’il se passerait si… ?

Peut-être, peut-être

Erwan n’avait cependant pas eu besoin de mener cette réflexion à son terme pour sentir que cette idée de « simuler sa mort » avait allumé quelque chose en lui. Une nouveauté. Quelque chose d’excitant. Quelque chose qui le rapprochait peut-être de la vraie vie, par-delà le décor et la succession de scènes artificielles jouées et rejouées qu’il connaissait par cœur. Ce soir-là, il avait rejoint son domicile avec un enthousiasme qu’il n’avait pas eu à dissimuler, car Linda était partie en séminaire pour trois jours.

Ce projet l’avait stimulé d’autant plus qu’il s’agissait d’une prouesse particulièrement difficile à réaliser avec succès de nos jours, comme en témoignaient les nombreux articles sur ceux qui s’étaient fait rattraper par la police, la justice ou leurs créanciers. Cela exigeait de continuer à jouer ses rôles de directeur, de mari, de père, d’ami, de partenaire de golf à la perfection, tout en menant une préparation méticuleuse avec une discrétion absolue. Erwan avait dû user de stratagèmes élaborés pour couvrir ses traces et ne pas éveiller les soupçons. Ironiquement, c’est en travaillant sur sa mort qu’il avait repris un certain goût à la vie. À quoi s’ajoutait une forme de jubilation parfaitement enfantine de fomenter un coup en douce, au nez et à la barbe de tous.

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