écriture et poésie - 1

2 minutes de lecture

J'avais l'habitude d'errer sur les chemins de terre ou sur l'asphalte des villes afin de laisser les commotions du hasard s'infiltrer dans mes jours. Alors j'ai gardé cette habitude d'errance et la poursuis sur un écran d'ordinateur me laissant entraîner sur les pas de Christian Bobin ("Les livres sont des âmes, les librairies des points d'eau dans le désert du monde"), revenant sur l'enfance avec un dessin de Sylvain et Sylvette, plongeant dans une vidéo de Deleuze qui évoque une libération de la vie par l'art et une forme de résistance, écoutant avec attention la voix qui lit Kafka, découvrant des photos en noir et blanc des premières expéditions polaires, où les ombres bleutées creusent les chemins de glace, et de langue.

Que ce soit dans une ville connue, où j'ai des habitudes d'errance et de légèreté, ou dans une cité que je découvre pour la première fois, outre visiter et découvrir les lieux emplis d'émotions et de beautés futures, je cherche avant tout les petites librairies (ou les grandes, je ne suis pas sectaire) qui sauront proposer à mes doigts avides la texture d'un monde invisible aux strates floues, où une petite musique de mots ferait naître, au carrefour de nos silences, une image essentielle parfois même prémonitoire que je découvrirais là, dans une curieuse hébétude, comme une apparition.

Il est des livres que j’ai adorés, d’autres que j’aurais tant aimé écrire ; je ne parle que de ceux dont je me souviens. Il y en a d’oubliés, certaines bribes me reviennent… certains égarés ou enfouis, dans des recoins de mémoires. Et puis, des livres abandonnés, lus par lassitude. Il est des livres qui ne comptent pas. D’autres interrogent :

Notre spécialité, notre prérogative, notre manie, notre gloire et notre chute c’est le Pourquoi, écrivait Nancy Huston - pourquoi le pourquoi ? D’où surgit-il ? L’intuition de ce qu’est une vie entière ? Nous seuls percevons notre existence comme une trajectoire dotée de sens. Un arc. Une courbe allant de la naissance à la mort. Une forme se déploie dans le temps, avec un début, des péripéties, une fin. En d’autres termes : un récit. « Au commencement était le Verbe » veut dire cela : c’est le verbe (au sens d’action dotée de sens) qui marque le commencement de notre espèce. Le récit confère à notre vie une dimension de sens qu’ignorent les autres animaux. L’univers comme tel n’a pas de Sens, il est silence. Personne n’a mis du Sens dans le monde, personne d’autre que nous.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Mon cher Edouard ! ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0