Xénomorphe.

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Perrie chantonnait les paroles de la chanson qui sortait de son téléphone, tout en griffonnant dans son carnet de créativité. Couchée sur le ventre, sur son lit, l'adolescente était très concentrée dans son activité. Il était aux alentours de vingt-deux heures lorsqu'elle acheva l'oeuvre qu'elle avait commencé des semaines auparavant.

— Et voilà ! Ma dernière créature est entièrement terminée !

La fille admirait son dessin, puis la fiche caractéristiques de sa créature en souriant grandement. Puis, ayant encore beaucoup d'idées en tête, elle tourna la page et commença à dessiner une autre créature pour peupler le monde imaginaire qu'elle créait depuis une année.

"Plic ploc ploc".

Perrie releva la tête rapidement, afin d'écouter plus attentivement.

"Ploc ploc plic".

— Hein ?

Elle se frotta les yeux après avoir regardé l'heure sur son réveil.

— Il est tard, je dois être fatiguée.

Fermant son carnet de créativité, elle le posa ensuite sur sa table de nuit, éteignit la musique sur son téléphone puis la lumière avant de se coucher.

Le silence emplit l'atmosphère pendant de longues minutes, avant que des bruits ne se manifestent de nouveau.

"Plic plic ploc".

Perrie crut entendre que les bruits résonnaient vers la droite, proche de sa fenêtre. Elle respira profondément en se disant que le vent ou quelques gouttes de pluie étaient à l'origine de ce dérangement.

"Plic plic ploc, hii".

L'adolescente se redressa brusquement dans son lit. Elle tourna la tête de façon craintive et sursauta de peur lorsqu'elle vit derrière sa fenêtre de chambre, deux yeux de couleur bleu clair, fluorescents, à travers la nuit.

— Bordel, tu rêves Perrie, c'est rien, il faut dormir.

Perrie sentait une vague d'adrénaline lui parcourir le corps, elle avait très chaud et commençait à suer.

"Plic plic ploc".

Cette fois-ci, elle vit une silhouette très blanche se dessiner. La créature semblait vouloir entrer, et déterminée à ne pas partir du bord de fenêtre. Perrie comprit alors que les bruits venaient des doigts de la créature, qui tapaient doucement la vitre.

— Je crois que j'ai de la fièvre, c'est pas possible !

L'adolescente se leva et alla jusqu'à sa fenêtre pour vérifier si elle rêvait ou non. La créature ne bougea pas, un sourire infiniment doux se dessina sur son visage et Perrie se sentit submergée par une sensation profonde d'apaisement.

"Ploc ploc plic, hii hii".

Cet appel digital semblait presque désespéré et Perrie ne put s'empêcher d'ouvrir sa fenêtre.

La créature se faufila calmement dans la chambre, laissant la fille sans voix.

Il n'y avait presque aucune chance pour que la situation soit réelle. La créature présente dans la chambre était identique à l'extraterrestre que Perrie venait de terminer de dessiner dans son carnet. Une peau blanche comme de la porcelaine, des yeux d'un bleu clair turquoise comme dans les lagons paradiasiaques. Une silhouette fine mais harmonieuse et rassurante. L'être se promenait d'une façon calme et fluide à travers la chambre, semant un bouquet d'ondes positives à travers la pièce.

"Pluc fli hia".

Perrie s'avança doucement de la créature qui tenait son carnet entre ses délicates mains.

— Tu veux voir mon carnet ? Ouvre-le.

La créature admira chaque page pendant de longues minutes, échappant quelques "Li griiii", que Perrie traduisait comme quelque chose de positif.

"Lii Liii !"

L'adolescente remarqua que l'extraterrestre montrait du doigt le dessin qui le représentait. Elle comprit qu'il s'était reconnu.

— Oui, c'est toi, Li. Tu as vu comme tu es beau ?

Li sauta sur place en couinant.

— Ne fais pas trop de bruit, je ne voudrais pas que mes parents viennent me poser des problèmes.

— Li sélé.

Perrie sourit en voyant l'expression désolée si humaine sur le visage de Li.

— Ce n'est pas grave, Li, tu ne pouvais pas savoir.

Elle fixa l'extraterrestre en se demandant s'il était totalement identique à ce qu'elle avait imaginé.

— Est-ce que tu as des pouvoirs ? Comme ceux que je t'ai donnés dans mon carnet ?

Comme réponse, Li regarda l'adolescente dans les yeux, lui transférant par un petit rayon bleu l'autorisation de partager tout de lui, en son unique présence. Puis, Li toucha Perrie de façon délicate pour ne pas l'effrayer. Les deux devinrent invisibles.

— Punaise ! C'est génial !

Ils s'amusèrent quelques minutes à disparaître et apparaître à l'autre bout de la pièce avant que l'adolescente ne redevienne sérieuse.

— Et est-ce que tu es visible par tout le monde ? Ou comme dans mon carnet, tu viens seulement pour les personnes qui souffrent de problèmes psychiques et qui veulent aller mieux ?

— Li agrou gouli pe-ri kiri.

Bien que l'extraterrestre n'avait pas le vocabulaire humain, Perrie le comprenait parfaitement.

— Waw, alors je t'ai réellement créé ! Tu as toutes les capacités que j'ai décrites, c'est vraiment super ! Mais alors, pourquoi es-tu là, avec moi ? Simplement pour me rencontrer et me remercier de t'avoir fait naître ?

L'extraterrestre s'approcha de nouveau de l'adolescente puis son expression faciale toujours douce, sembla montrer une tristesse profonde.

— Li pe-ri gri, pe-ri polade.

Perrie eut l'impression de recevoir une coup de massue en pleine tête, durant quelques secondes Li lui avait fait ressentir l'état catastrophique de son mental et les ressentis dans son corps, puis il avait de nouveau réactivé son pouvoir d'apaisement. Son extraterrestre venait de lui dire très clairement, puis de lui faire ressentir à quel point elle souffrait d'une dépression qu'elle refoulait pour ne pas se sentir faible.

— Tu es là, pour moi..

L'adolescente fut submergée par un mélange très fort d'émotions, elle se mit à pleurer toutes les larmes de son corps, bien trop longtemps refoulées.

Li changea son physique en s'élargissant, de façon à ce que Perrie puisse se coucher sur lui pour faire un énorme câlin de réconfort.

— Li jili pe-ri por ivda.

L'extraterrestre caressa les cheveux de Perrie pour l'encourager à se vider de tout ce qu'elle avait enfoui en elle, tout en l'aidant à calmer sa tristesse et sa douleur. Comme il lui avait chuchoté, il était là pour l'aider à aller mieux, le temps qu'il faudrait, toute sa vie si elle en avait besoin.

Perrie l'avait inconsciemment créé pour se sauver de la dépression et grâce à sa présence, il avait conscientisé ce qu'elle refusait de voir.

L'adolescente s'endormit en espérant fortement que toute cette situation était réelle et que Li serait sa thérapie au quotidien.

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