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Elle était assise sur un banc de pierre blanche au bord de la pièce d’eau, et regardait le ballet silencieux des poissons. Entendant quelqu’un arriver, elle se tourna et vit que Desya l’avait rejointe. Elle lui sourit ; il répondit de même, gardant toujours quelque chose de la timidité qui le caractérisait lorsqu’il lui parlait. Elle entendit sa voix dans sa tête, en même temps que leurs âmes entraient en contact.

Sei n’est pas avec toi ?

« Non, il préfère se perdre dans la bibliothèque. » plaisanta-t-elle.

Il y eut un instant pendant lequel aucun des deux ne parla.

« L’ambiance est pesante, ces temps-ci. » observa-t-elle.

Demandes-tu indirectement une explication ?

« Probablement. »

Tu ne l’ignores pas, les jumeaux étaient censés ramener ton frère.

« Et c’est leur échec qui est la cause de cela ? » déduisit-elle.

En partie. Disons pour faire court qu’ils – enfin surtout Sergey – sont allés voir l’Empereur. Et celui-ci a décidé de protéger Tōru, et dès qu’il le pourra, d’intervenir pour vous faire libérer, toi et Sei.

Elle ne répondit pas mais son visage s’illumina. Il sourit malgré lui, la voyant si heureuse. Il continua.

Seulement, nous avons eu droit à la spécialité de Sergey : le mot de trop. Alors que Nikita voulait lui expliquer plus ou moins calmement qu’il s’agissait là d’un acte d’insubordination, il a fait l’erreur de lui demander pourquoi il faisait cela, c’est-à-dire pourquoi il agissait ainsi depuis des années, de façon plus ou moins légale afin de maintenir la paix dans l’Empire. Il ne s’attendait pas à ce que Sergey lui réponde la vérité.

« C’est-à-dire ? »

Il le fait pour sa sœur.

« Attend… quoi ?! Nikita a une sœur ? »

Le jeune Chasseur hocha la tête.

Avait, plutôt. Elle a été tuée par des ennemis de l’Empire. Et depuis il s’est juré de pourchasser et d’éliminer tous ceux qui menacent la stabilité du pays d’une façon ou d’une autre. Mais je suis sûr qu’elle réprouverait sa façon d’agir.

« Tu… elle hésita. Tu la connaissais ? »

Elle était ma meilleure amie.

« Ah, désolée. »

Mais ne t’en fais pas. Son absence a cessé de me causer de la douleur depuis longtemps…

Elle voyait qu’il hésitait à poursuivre. Il paraissait vouloir lui confier quelque chose, sans oser se lancer. Elle l’encouragea du regard. Finalement, il se décida.

Peux-tu garder un secret ?

Elle fit un signe d’assentiment.

Je possède une capacité spéciale presque unique. Je suis un sigao. Je peux invoquer les esprits. Et tu m’as, je le pense, déjà entendu jouer de la harpe. Parfois, lorsque je joue le morceau qu’elle m’a appris, elle revient. C’est elle qui m’a enseigné. Et lorsqu’elle est partie, elle m’a offert son instrument. Ainsi, je peux la retrouver. Cependant, j’évite le plus possible d’utiliser ma capacité quand je joue, car je veux la laisser libre ; comme tous les autres esprits. Ce pourquoi je te demande une faveur : s’il te plaît, ne dis pas à Nikita que j’ai cette capacité. J’ai réussi à le lui cacher...

« Tu peux compter sur moi. »

Merci.

« J’ai une question : si ce n’est pas trop indiscret, comment s’appelait-elle ? »

Alisa.

« C’est un joli nom. »

Il sourit. À ce moment, elle remarqua Sei qui lui faisait signe depuis la véranda.

« Je vais y aller. » déclara-t-elle.

Elle se leva et commença à partir. Il tenta de lui dire quelque chose.

Sakura…

Elle s’arrêta et se retourna.

« Oui ? »

Il baissa le regard.

Non, rien.

Elle parut légèrement surprise mais n’ajouta rien.

« À plus tard. » conclut-elle.

Et elle s’éloigna. Elle rejoignit Sei à l’intérieur.

« Qu’y a-t-il ? s’enquit-elle.

- Regarde ce que j’ai trouvé dans la bibliothèque : l’un des livres préférés de Tōru.

- Les Automates. lut-elle. Étonnant ! Malgré sa perte de mémoire, il a donc gardé des liens avec son passé ?

- Il faut croire. Cela dit ça ne m’étonne pas de lui.

- Au fait, j’ai du nouveau !

- Ah ?

- Tu ne vas peut-être pas me croire, mais Tōru est le protégé de l’Empereur et celui-ci va bientôt tout remettre en ordre !

- Sincèrement c’est la meilleure nouvelle que l’on m’ait dite depuis le jour où l’on m’a annoncé que j’intégrais l’Académie Impériale ! »

Ils rirent.

« Il ne nous reste plus qu’à patienter, et je m’en vais de ce pas commencer en dessinant ! » plaisanta-t-elle.

Ils retournèrent dans leur chambre. En y entrant, elle remarqua un détail. Sur sa table de nuit était posée une rose. Elle la prit et respira son parfum. Une délicate odeur familière l’environna.

« Le mystère s’épaissit. observa-t-elle.

- Ce qui est étrange, c’est que cela n’arrive qu’à toi. remarqua-t-il.

- Tu es jaloux ? s’amusa-t-elle.

- Pas vraiment, non. » répondit-il sur le même ton.

Ils rirent à nouveau.

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