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« Le talent a encore fonctionné ! déclara Sei en sortant de son oral.

- Nos révisions y sont quand même pour quelque chose, non ?

- Ce n’est pas impossible, en effet. Tout à l’heure, pendant l’écrit, j’ai eu un énorme trou de mémoire. C’était à propos de l’orientation nocturne. Et je me suis rappelé la fois où tu avais fait apparaître une carte du ciel en miniature. Tu avais été capable de nommer chaque constellation, ça m’a bien aidé.

- De rien. s’amusa son ami. Moi, c’était pendant l’oral, quand ils m’ont interrogé sur les herbes médicinales. Heureusement que tu t’y connais en soin, car tu m’as permis de me souvenir de toutes les informations utiles.

- Nous formons un bon duo ! »

Ils suivirent un couloir et arrivèrent à une aile reculée des bâtiments. Là se trouvait une vaste salle desservie par de nombreuses portes où attendaient leurs camarades. Une sonnerie retentit, annonçant l’épreuve suivante. Des murmures parcoururent l’assemblée alors que les instructeurs arrivaient. D’une voix où pointait l’impatience, Tōru commenta :

« Nous allons pouvoir nous mesurer aux examens pratiques !

- Enfin un peu de logique ! remarqua Sei. La dernière fois, ils les ont fait passer avant la théorie.

- Tu sais bien que c’était pour des raisons techniques. Et le but est surtout que nous soyons capables de faire un usage pratique de nos pouvoirs ; d’autant que ça nous a permis des révisions de dernière minute avant la théorie. »

La sonnerie retentit à nouveau et ils coururent rejoindre leur groupe. Les instructions furent répétées une dernière fois. Les étudiants, répartis par groupes de cinq, allaient devoir affronter une créature et en venir à bout. Celui des garçons était composé de deux anciens de la Zêta, Vladimir et Kiyonari, et d’un étudiant qu’ils connaissaient moins, Evgeni. Guidés par un professeur, ils marchèrent jusqu’à l’une des portes. Lorsqu’ils entrèrent dans la salle, Tōru eut le temps de remarquer un miroir sur le mur de gauche. Il contenait une incantation de vision, permettant aux examinateurs de suivre l’épreuve sans être présents physiquement. Cela signifiait aussi qu’en cas de problème ils ne pourraient pas intervenir tout de suite.

La porte se referma et ils se retrouvèrent plongés dans l’obscurité la plus complète. Déconcertés, ils tentèrent de deviner ce qui les attendait. Aucun mouvement ne troublait l’air mais ils pouvaient déceler une présence imposante au fond, ramassée sur elle-même et tout aussi attentive qu’eux.

« Qu’est-ce que… ? commença Vladimir.

- Quelle créature allons-nous affronter ? » ajouta Sei.

Ils virent des yeux violet pâle luire en hauteur, face à eux.

« Oh, non… » dit Evgeni.

Un éclair partit dans leur direction. Tous déployèrent leur bouclier. La grande salle circulaire fut illuminée un instant et ils purent voir la créature qui leur faisait face. Un dragon argent et rouge aux yeux clairs, mesurant environ six mètres de long. Le noir revint, chargé de tension.

« C’est un dragon troglodyte. identifia Kiyonari. Il est très sensible au bruit. »

Il esquiva un éclat jailli de nulle part et ajouta :

« Il déteste les lumières vives, donc mieux vaut éviter d’en invoquer. À moins de vouloir l’énerver. Aussi étrange que cela puisse paraître, son point faible est le feu.

- Je comprends pourquoi on nous a interdit les incantations de vision… soupira Evgeni.

- Ce n’est peut-être qu’une matérialisation, vous ne pensez pas ? tenta Sei. C’est quand même une sacrée créature !

- Tu crois qu’ils nous auraient fait le moindre cadeau ? » ironisa Tōru.

Un torrent lumineux se déversa, manquant de briser leurs défenses.

« Je vais déployer un grand bouclier. annonça Vladimir. Pendant ce temps, attaquez-le. »

Protégés par leur camarade, les quatre autres reprirent de l’assurance. Même si la situation les déstabilisait ils n’étaient pas sans défenses et les réflexes de leur formation leur revinrent rapidement. La tentation de générer de la lumière était grande, mais les risques l’étaient davantage et ils se résignèrent à combattre dans l’ombre. Se baser sur ses autres sens demandait une certaine concentration, il fallait analyser tout ce qui les entourait et coopérer autant que possible. Faire abstraction des bruits les plus forts pour déceler les déplacements du monstre n’était pas aisé.

Leur principal avantage était que celui-ci était autant dérangé par le fracas de la lutte qu’eux par les ténèbres intermittentes. Ses frappes électriques se faisaient moins précises mais demeuraient tout de même dangereuses. Des cinq étudiants, Kiyonari semblait être le plus à l’aise, il lisait les mouvements du dragon avec un certain succès et lui avait déjà infligé quelques dégâts. Après avoir évité une griffe Sei l’interpela :

« Tu aurais des conseils à nous donner ?

- Il agit de façon répétitive, d’abord une série d’éclairs puis il essaye de frapper avec ses pattes avant. C’est le seul moment où il s’approche, sinon il reste au fond et se contente d’esquiver nos attaques. Si deux d’entre vous concentrent des incantations de feu sur lui pour l’occuper, et que l’autre me génère un bon bouclier je peux essayer de l’affronter de plus près.

- Tu es sûr de vouloir tenter ?

- Tu es un soigneur, non ? Au pire, tu me guériras. »

Sei s’apprêtait à protester mais Tōru intervint :

« Je me charge du bouclier. Tu as intérêt à ne pas échouer. »

Kiyonari acquiesça et son camarade se retira du combat. Le palai matérialisa une épée lourde et s’élança vers le dragon. Il lui asséna une série de puissants coups avant de s’écarter un instant. Sei et Evgeni prirent la relève avec un déluge de feu. Le monstre rugit, blessé tant par la chaleur que par la lumière. L’épéiste leur fit signe et ils lui cédèrent la place pour lancer de plus petites offensives sur le reste de leur cible. Désormais, la créature reculait et sa fréquence d’attaque diminua. Ils maintinrent le rythme jusqu’à ce que Vladimir les avertisse :

« Je ne peux plus tenir l’incantation, préparez-vous. »

Le bouclier cessa brusquement d’exister et ils en matérialisèrent des individuels. Mais quand la foudre éclaira à nouveau l’endroit ils entendirent un cri.

« Evgeni ! » s’écria Vladimir.

Son bouclier avait cédé et il s’était pris l’attaque de plein fouet.

« Couvrez-moi ! » s’exclama Sei.

Il rejoignit l’étudiant, s’agenouilla à côté de lui et vérifia ses fonctions vitales. Tōru lui lança un regard anxieux et il répondit par un signe de tête négatif.

« Nous pouvons encore le sauver. déclara-t-il. Si nous terminons le combat assez vite. »

À cet instant, Vladimir tomba, blessé lui aussi. Il ne restait plus que Sei qui tentait de réanimer Evgeni et Kiyonari et Tōru qui défendaient les autres. Le premier réussit à atteindre le dragon à la tête mais la créature répliqua et l’assomma d’un coup de patte. Elle faillit atteindre Tōru mais Sei s’interposa. Un craquement retentit et il s’effondra.

« Sei ! »

Mais il ne réagit pas. Désemparé, Tōru ne savait s’il valait mieux le réanimer ou éliminer le dragon d’abord. Un grondement sourd le décida. Dans l’ombre, une respiration puissante approchait. Sans réfléchir, il matérialisa deux silhouettes grises qui attaquèrent le monstre. Munies de lames légères elles se mouvaient avec rapidité et le frappaient de toutes part sans lui laisser de répit. Des éclairs fusaient en réponse mais manquaient souvent leur cible. Pendant ce temps l’élève tentait de soigner son ami. Celui-ci avait plusieurs os cassés, dont des côtes ce qui rendait sa respiration laborieuse. Son état n’était pas critique mais le choc lui avait fait perdre connaissance. Tōru commença à lui prodiguer les premiers soins mais une sensation étrange l’avertit. Il se releva et vit que ses créatures avaient disparu. Réprimant son inquiétude il résolut d’éliminer le dragon au plus vite. Après avoir invoqué un bouclier autour de ses camarades il repartit au combat. Il tenta d’affaiblir sa cible par une série de flammes qu’il faisait jaillir de toutes parts. Mais celle-ci répliqua par une décharge qui le manqua de peu avant de charger vers lui. Instinctivement il lança une incantation de contrôle. Ce fut comme si son esprit se projetait hors de lui vers le dragon. Surpris, celui-ci s’arrêta net. Leurs deux volontés se heurtèrent avant de se confronter avec force. Chacune tentait de repousser l’autre et faisait pression avec une violence sans cesse plus grande. Tōru s’efforça de résister, déstabilisé par cette conscience brute où fusaient des impulsions discordantes et contraires. Ses perceptions lui semblaient si confuses qu’il doutait que cet esprit soit réel. Il comprit que s’il prolongeait le contact il cèderait et se retira. Après un flottement le dragon reprit sa charge. Tōru réagit plus rationnellement et fit apparaître d’épaisses lianes. Elles s’enroulèrent autour du monstre et l’immobilisèrent. Après une hésitation il les fit brûler. La créature rugit et se débattit, en vain. Chaque lien qui cédait était remplacé par une flamme. Soudain, un grondement retentit, suivi d’un puissant souffle. Le dragon disparut. Seuls subsistaient au sol les plantes carbonisées et déchiquetées. Quand les dernières flammèches s’éteignirent l’obscurité revint avec le silence. Encore hébété, Tōru voulut rejoindre Sei mais ses jambes refusaient de bouger.

La porte s’ouvrit, déversant un flot de lumière. Il cligna des yeux. Une silhouette entra, qu’il reconnut sans peine. Le Lieutenant. Celui-ci s’approcha et ordonna :

« Viens. »

Tōru ne bougea pas.

« Tu dois recevoir des soins. » ajouta l’homme.

La lumière se fit et Tōru put remarquer qu’il avait une profonde entaille sur toute la longueur du bras, probablement causée par une griffe. Il saignait abondamment. Après un regard inquiet à Sei, il suivit le Lieutenant hors de la salle. Il vit des infirmières entrer dans la salle et prendre en charge les étudiants blessés. Et il s’aperçut au passage que les quatre autres Chasseurs étaient là.

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