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Des images, sans aucune logique, sans aucun sens, défilaient devant ses yeux. Une épée, un piano, un livre… Il reconnut certaines scènes de son enfance. Son enfance ?

Il se réveilla. Il tenta en vain de rappeler à lui les fragments de son rêve, mais la barrière qui les séparait de sa mémoire était réapparue. Un soupir lui échappa et son cœur se serra.

Autour de lui, les autres dormaient. Il se leva et sortit de l’abri que leur procurait le promontoire rocheux. Songeur, il contempla quelques instants le paysage nocturne qui s’étendait en contrebas. Il se trouvait presque au sommet d’une haute colline indifférenciable des autres, disposées en cercle autour d’un vallon. Au centre brillait une lueur lointaine. Le trophée. Ils s’y rendraient le lendemain car la distance qui les en séparait était trop grande pour qu’ils l’aient passée la veille. Il en était visiblement de même pour les équipes restantes, qui devaient se trouver quelque part ici. Savoir leur objectif et leurs adversaires si proches le rendait nerveux.

Il se rendit compte que personne ne montait la garde. Normalement, c’était au tour de Yann. Un bruit sourd résonna sur sa droite et il perçut un bref scintillement à la lisière de son champ de vision. Il se tourna pour voir l’étudiant disparaître. Aussitôt, il généra un bouclier autour de lui. Une attaque le frappa dans le dos, manquant de le faire tomber. Il se retourna vivement. Il ne put identifier l’élève, mais réussit à l’éliminer. D’autres présences approchaient, l’air vibrait déjà de nouvelles incantations. Il devait prévenir les autres, mais ne pouvait quitter son poste. L’équipe ennemie arriva. La Delta. Un étudiant engagea le combat, et l’élève se retrouva en situation dangereuse. Les offensives se succédaient, résonnant dans l’air nocturne. Malgré son bouclier, il sentait la puissance des coups qu’il ne parvenait pas à renvoyer. C’étaient comme des décharges électriques sous lesquelles ses défenses ployaient peu à peu. Il tentait de les empêcher d’approcher de son équipe, mais il était submergé par le nombre. Un appel retentit :

« Tōru ! »

Sei s’interposa et bloqua une attaque. Les membres de la Zêta venaient en renfort, réveillés par les bruits de l’affrontement. Au bout de quelques minutes de rude combat, ils réussirent à repousser et à éliminer la Delta.

« C’était moins une ! soupira Vladimir.

- Mattia a été éliminé. constata Kiyonari.

- Que s’est-il passé ? » demanda Sei.

Tōru raconta. Quand il eut fini, Sei s’étonna :

« J’ignorais qu’ils savaient utiliser des incantations sans mots.

- Ils les disaient à voix basse. Au début du moins.

- Intéressant. Je croyais que cela réduisait la force de frappe.

- Théorie erronée. Ils ont fait exploser mon bouclier en un rien de temps.

- Le bruit a dû alerter les autres équipes. déclara Vladimir. Nous ferions mieux de nous en aller.

- Et d’élaborer un plan d’action pour demain. » conclut Kiyonari.

Ils restèrent éveillés pour la fin de la nuit. Ils n’étaient que quatre et ignoraient combien d’équipes subsistaient. La configuration du terrain n’allait pas les aider : le lieu où se trouvait le trophée était parfaitement plat. À part quelques buissons et rochers, la seule forme de relief était son piédestal. Tous leurs sens en éveil, ils tentaient d’élaborer le meilleur plan possible, sans cesser de guetter l’obscurité autour d’eux.

Lorsque le soleil se leva, ils descendirent jusqu’à se trouver à une dizaine de mètres de l’objectif, à la lisière de la zone circulaire. Chacun se trouva un abri. Vladimir déploya un bouclier pour les protéger. C’était là l’avantage d’avoir un teikhos dans son équipe : ils étaient parés en matière de défense. Dans le domaine de l’attaque, Kiyonari s’en chargeait étant un palai, capacité particulièrement offensive, et concernant les guérisons, Sei était le soigneur du groupe. Quant à Tōru, il n’avait pas de spécialité mais était assez polyvalent, et à cela s’ajoutait une certaine puissance conjuguée à l’habileté d’incanter en silence, ce qui pouvait s’avérer très utile.

Une équipe ne tarda pas à se montrer.

« Vlad’, tu nous couvres. murmura Kiyonari.

- Pour l’instant, je ne vois personne venir de derrière. Allez-y. » répondit Vladimir.

Les trois autres ouvrirent le feu en toute simultanéité. L’autres équipe, surprise, s’arrêta et chercha d’où provenait l’attaque. C’était la Lambda.

« Ils ont un bouclier. fit observer Sei.

- Et ils nous ont trouvés. ajouta son ami.

- Tōru, l’enjoignit Kiyonari, élimine Lee. C’est lui qui génère leur bouclier.

- Entendu. »

Après un bref enchaînement d’offensives, Lee fut mis hors de combat. Mais les autres s’approchaient. Ils étaient neuf.

« Nous allons avoir des problèmes. » constata Sei.

Et le combat s’engagea. Les incantations fusaient, tantôt vagues de chaleur et tantôt pics de glace, auxquelles répondaient ondes de son et lumières aveuglantes. Les quatre étudiants restants de la Zêta se retrouvèrent bientôt encerclés. Vladimir puisa dans son pouvoir pour renforcer leurs boucliers, mais il savait que ceux-ci ne dureraient pas bien longtemps. Se souvenant de son entraînement, Tōru chercha comment neutraliser le plus d’adversaires possibles. Mais aucune idée ne lui venait, la perspective de leur élimination prochaine accaparait toute sa réflexion. Tout à coup, une lueur l’enveloppa. Quand elle disparut, quatre copies presque exactement identiques l’entouraient. L’unique différence était que les doubles avaient les yeux vides. Ceux-ci se lancèrent à l’attaque et mirent hors de combat chacun un adversaire. Ceux de la Lambda, déconcertés, réagirent un temps trop tard. Cela leur coûta leur place dans la course.

« Comment as-tu fait ça ? s’étonna Sei.

- Je ne sais pas. L’incantation s’est déclenchée toute seule.

- Tu n’as pas fini de nous surprendre. »

Lui-même ne savait même pas qu’il avait cette capacité, et se demandait à quel moment il l’avait acquise. Il fit disparaître ses copies.

« Pourquoi ne pas les garder ? demanda Vladimir.

- Ce pouvoir est encore nouveau pour moi. expliqua l’élève. Je ne le maîtrise pas totalement. Et je ne peux pour l’instant les maintenir plus longtemps.

- Dommage. déclara Kiyonari.

- Au fait, intervint Sei, nous sommes à découvert. »

Il avait à peine dit ces mots qu’un rayon bleu fusa en direction de Vladimir et manqua de l’éliminer. Les étudiants se mirent en garde. L’Alpha arrivait d’un côté et l’Oméga de l’autre. Tōru généra un bouclier qui leur permit d’atteindre la frontière du second cercle où se trouvait le piédestal. Les nouveaux adversaires concentraient leur puissance de feu sur eux sans chercher à s’entre-attaquer, déversant décharges brutales et spirales de givre. La défense céda et les deux autres équipes arrivèrent. Kiyonari réussit à éliminer cinq adversaires d’un coup.

« Joli ! apprécia Sei.

- Je ne pourrai pas le refaire !

- Plus que dix adversaires, il faut tenir ! » les encouragea Tōru.

Et il en élimina deux. Malgré lui, les conseils des Chasseurs lui revenaient en mémoire, aussi durs qu’infaillibles. Il se concentra davantage sur l’énergie qui le parcourait, régula son souffle et renforça ses défenses. Tout en luttant il se forçait à analyser chaque mouvement de son adversaire, jusqu’à ce qu’il puisse lire son style de combat. Il pouvait désormais voir la moindre de ses failles et prévoir chacun de ses mouvements. Vaincre ne lui demanda presque aucun effort. Un nouvel opposant arriva et il repartit au combat avec plus de volonté. Dans sa façon incisive de se battre il décelait les habitudes qu’on lui avait inculquées et se détestait presque de les utiliser de la sorte. Les techniques rodées à la guerre qu’il avait été forcé d’apprendre le plaçaient sur un tout autre niveau que ces soldats en devenir.

« Attention ! » s’exclama Kiyonari.

Il dévia une attaque qui allait frapper Tōru.

« Merci.

- Ne te fais pas d’illusions. C’est pour augmenter mes chances d’obtenir le trophée que j’ai agi ainsi, pas pour toi. »

Tōru hocha la tête en silence. Vladimir fut touché et éliminé. Il restait six adversaires. Kiyonari réussi à en éliminer deux mais fut mis hors de combat. Alors que Sei se débarrassait d’un opposant et courait secourir Tōru qui se défendait face à trois autres, il se prit une attaque paralysante. Ce fut comme s’il se heurtait à un mur puis qu’une poigne glacée se refermait sur lui.

« Sei ! »

Tōru fut pris d’un violent frisson.

« Lequel éliminons-nous en premier ?

- Isobe. »

À cet instant, l’élève laissa échapper une exclamation de douleur.

« Tōru ! » s’écria Sei, comprenant ce qui arrivait.

Son ami tomba à genoux, incapable de régir et de résister à la douleur. Il était sans défense et les trois adversaires se rapprochaient. Sei luttait pour se libérer de l’étau invisible qui l’empêchait d’agir. Une brume noire entoura Tōru, l’occultant entièrement. À cet instant, un rayon bleu partit dans sa direction. L’attaque ricocha sur le nuage et retourna à celui qui l’avait invoquée, l’éliminant. Les deux autres étudiants se figèrent. Après un instant d’incertitude la nuée disparut. À la surprise de Sei, Tōru était encore parfaitement conscient. Il se releva, semblant faire un effort considérable. Une lueur indigo l’environnait. Il se dirigea vers le piédestal, avançant un pas après l’autre. La douleur irradiait son corps, mais il sentait comme une présence bien plus forte qui le poussait à continuer. Une attaque fusa dans sa direction, mais explosa au contact du halo. À moitié conscient de ce qui l’entourait, il atteignit enfin le trophée. Il s’en saisit et l’éleva en signe de victoire. Un temps passa, puis il s’effondra.

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