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« Intéressant. Il a donc réussi à vaincre momentanément son mal.

- Mais ce halo ? Il ne venait sûrement pas de lui. Nikita, tu sais à quoi je pense.

- Cela me semble très peu probable, Gavriil. Et de toute façon, qu’est-ce que cela pourrait bien nous faire ? Il a tout oublié. Qu’y a-t-il, Pavel ?

- Il se réveille. »

Tōru ouvrit doucement les yeux. Les voix qu’il avait entendues alors qu’il reprenait conscience se turent. Il était à l’infirmerie de l’Académie Impériale, une grande salle aux murs blancs et aux hautes fenêtres. À travers les vitres se déversaient des flots de lumière dorée. Il tourna la tête vers la droite. Et espéra que ce n’était qu’un mauvais rêve. Les noms qu’il avait saisis étaient bien ceux de trois des Chasseurs. Les cinq hommes se tenaient à quelque distance du lit, égaux à eux-mêmes après tous ces mois où il ne les avait pas vus. Tōru détourna le regard, les ignorant ostensiblement.

« Nous tenions à te féliciter. commença le Lieutenant. Tu as remporté la victoire avec brio. »

Le garçon s’assit. Il regarda le Lieutenant droit dans les yeux.

« Épargnez-moi les faux-semblants. dit-il d’un ton déterminé.

- Crois-tu que je ne pense pas ce que je dis ? Ta réussite nous importe.

- Je ne ferai jamais partie de votre escouade.

- Vraiment ? fit mine de s’étonner le Lieutenant. Nous n’avons pas perdu trois ans à te préparer, ni l’autorisation de l’Empereur pour que tu intègres cet établissement en cours de scolarité.

- À quel moment mon choix intervient-il ? »

À cet instant, la porte de l’infirmerie s’ouvrit.

« Tōru ! appela Sei. Tu es enfin réveillé ! »

L’étudiant prit alors conscience de l’identité de ceux qui étaient avec son ami. Il se figea, ne sachant comment réagir. Mais sans lui prêter attention, les Cinq Chasseurs quittèrent l’infirmerie. Une fois qu’ils furent sortis, Sei se rendit au lit de son ami. Il s’y assit et demanda :

« Que faisaient-ils ici ?

- Qui sait ? répondit Tōru.

- Ils étaient venus pour toi.

- Oui. »

Pour une fois, le jeune garçon n’éluda pas la question muette de son ami. Il vérifia qu’il n’y avait personne dans l’infirmerie et déclara sans prévenir :

« Ils veulent que je devienne l’un des leurs. »

Pendant quelques secondes, Sei fut incapable de réagir. Puis il s’exclama :

« Quoi ?! »

Tōru baissa les yeux.

« Tu n’ignores pas qu’ils ont leur part de responsabilité dans ma situation. commença-t-il à expliquer.

- En effet.

- C’est pour que je devienne un Chasseur qu’ils m’ont fait entrer ici.

- Mais pourquoi veulent-ils que tu les rejoignes ?

- Je vais y venir, mais sache que ma réponse n’est que partielle. Ils disent que j’ai un potentiel et des capacités hors du commun. Ils ont passé trois ans à m’entraîner. raconta Tōru. Je ne sais même pas comment j’ai tenu le coup. »

Il remonta légèrement sa manche gauche. Sur son poignet était marqué un signe blanc.

« J’imagine que tu ignores ce qu’il signifie. continua-t-il.

- Je l’avais déjà remarqué, une fois. Quand je t’ai réanimé après ta première crise.

- J’essaye de le cacher. C’est un signe qui leur permet de… me surveiller. Enfin, disons que si j’essayais de m’enfuir, ils pourraient m’arrêter instantanément. J’ai déjà tenté l’expérience plusieurs fois au cours des trois dernières années. C’est… douloureux. »

Il y eut un silence.

« Est-ce à cause de cela que tu as mal parfois ? demanda finalement Sei.

- Non. J’ai déjà eu ma dose de douleur. déclara Tōru cyniquement. Me faire souffrir aussi directement ne leur serait d’aucune utilité. Je ne sais pas ce qui les provoque, mais ils ont pris soin de ne rien m’expliquer. Ils me cachent mon passé. Je ne sais rien de mon origine. Ma mémoire n’est pas complète, j’ignore tout de mes douze premières années. Tout ce dont je me souviens c’est de m’être réveillé un jour d’un long sommeil. J’étais dans un lieu inconnu qu’aujourd’hui je serais incapable de situer. Une grande maison perpétuellement ensoleillée, c’est tout ce que je puis dire. Je les ai vus, et je savais déjà le danger qu’ils représentaient pour moi. Nikita, ou le Lieutenant si tu préfères, m’a dit que j’avais été inconscient pendant six mois. Et durant les six suivants, je suis resté dans la même chambre sans en sortir. Je devais recouvrer mes capacités physiques. Je ne sais ce qui m’est arrivé avant, mais j’étais en mauvais état. Un mois de paralysie et cinq de rééducation progressive. Une fois cette période passée, ils ont commencé à m’entraîner. Je n’ai pas vraiment envie de revenir sur ce qui s’est passé au cours des trois ans qui ont fait suite. »

Tōru eut un pauvre sourire, comme pour signifier que cette période était en partie révolue et que l’on n’y pouvait rien. Sei demeura silencieux. Que pouvait-il dire ? Y avait-il des mots pour ce genre de situation ?

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