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« Viens, je vais te montrer quelque chose. »

C’était leur dernier jour de pause avant les Examens. À la veille de ce moment décisif, Tōru souhaitait emmener Sei à son endroit préféré. Ils étaient sortis dans le parc et se dirigeaient vers le lac. Quand l’étudiant se rendit compte que son ami allait entrer dans la forêt il s’arrêta, surpris.

« Tōru, tu es sûr qu’on a le droit ?

- Ce n’est pas la première fois que j’y vais, tu sais. »

L’élève se tenait à la limite des arbres.

« Allez, viens. »

Et ils entrèrent. La belle saison commençait, des senteurs de sève embaumaient ce début de matinée. Les arbres bourgeonnaient, agitant légèrement leurs feuilles vert tendre dans la brise ; certains avaient déjà leurs fleurs. Tōru le mena à la clairière au centre de laquelle se trouvait le piano. À côté de l’instrument poussait un très jeune arbre au tronc noir, haut d’un mètre environ, portant un bouquet de délicates fleurs rose pâle. Un cerisier.

« C’est magnifique ! s’extasia Sei. Depuis quand viens-tu ici ?

- Cinq mois environ. J’ai découvert cet endroit un mois après la rentrée.

- Et tu ne m’avais rien dit.

- Non, c’est un peu ma bulle hors du temps.

- Tu ne crois pas si bien dire. » répondit une douce voix.

Les deux garçons se retournèrent. Ils virent un carreau d’arbalète fuser d’entre les arbres et s’arrêter à mi-distance d’eux, suspendu en l’air. Le projectile était entouré d’un halo bleuté. Tōru s’aperçut que Sei avait disparu. Inquiet, il l’appela. Aucune réponse. Une silhouette quitta le couvert des arbres et s’avança sous les rayons. Le jeune garçon ne pouvait distinguer les traits de la jeune fille qui le rejoignait. Elle ressemblait à une apparition, toute blanche et environnée de lumière. Elle lui sourit et s’arrêta face à lui.

« Je ne suis pas réellement là. commença-t-elle. C’est pour cela que mon image n’a aucune couleur. J’ai dû me servir d’une incantation pour te rejoindre.

- Tu es celle qui me parlait lors de mes nuits sans sommeil.

- Oui. Je suis venue ici, une fois. J’ai créé cet endroit, le piano et la clairière. Je savais que tes pas te mèneraient à ce lieu, et je voulais te revoir.

- Pourquoi n’y être pas revenue ?

- Je ne devais prendre aucun risque. J’ai préféré te contacter mentalement.

- Qui es-tu ? »

Comme si elle ne l’avait pas entendu, elle ne répondit pas et marcha jusqu’au cerisier.

« Il est magnifique. dit-elle en effleurant un bourgeon. Tu l’as fait en pensant à moi, non ? »

Il hocha la tête. Dans un mouvement d’émotion elle revint se placer face à lui et lui prit les mains.

« Ito, je t’en prie, souviens-toi !

- J’en suis incapable. »

Tous deux baissèrent la tête. Elle lui lâcha les mains, retourna vers le piano et s’y assit. Après une inspiration, elle commença à jouer.

« L’improvisation… murmura Tōru.

- Je suis aussi celle que tu vois dans tes rêves. répondit-elle sans cesser de jouer.

- Ne peux-tu pas me dire qui tu es ? Je n’ai jamais vu ton visage. Chaque nuit, je me réveille avant de le découvrir.

- Je viendrai te voir. »

Elle termina son morceau. Elle se leva, se tourna vers lui et déclara :

« J’ai peur que t’aider à recouvrer la mémoire maintenant ne te mette en péril. Tu risquerais d’être trop perturbé et cela te mettrait en danger lors des Examens. Je reviendrai lorsqu’ils seront terminés. À présent, je dois partir. Mon arbalète contrôle le temps, mais ce n’est pas indéfini.

- Attends ! Dis-moi au moins ton nom, s’il te plaît. »

Elle ne répondit pas. Elle alla jusqu’à l’endroit où était encore son carreau. Elle le prit et commença à s’effacer.

« Au revoir, Ito. »

Et l’instant d’après, elle n’était plus là.

« Tōru ! »

Le jeune garçon se tourna vers Sei.

« Où étais-tu passé ? demanda l’étudiant. Il y a eu cette voix, le carreau, et tu as disparu. »

Tōru garda le silence.

« Cela n’a pas d’importance pour l’instant. finit-il par déclarer.

- Mais qui était-ce ?

- Un fantôme de mon passé. »

Un instant, son ami hésita à insister, mais ce qui venait de se passer était trop exceptionnel.

« Que veux-tu dire ? Tu as revu quelqu’un que tu connaissais ?

- Je ne sais pas trop… je ne comprends pas moi-même.

- Tu ne veux pas m’expliquer un peu ? Je pourrais t’aider à tirer tout ça au clair. Je sais que tu n’aimes pas parler de ton passé, mais…

- Pas maintenant, Sei. J’ai besoin d’y réfléchir seul d’abord. »

Même s’il ne paraissait pas fâché, il avait employé un ton ferme. Déconcerté, son ami renonça à nouveau à le questionner.

« Pardonne-moi, je n’aurais pas dû te demander ça. C’est juste que c’est si bizarre pour moi aussi.

- Ne t’en fais pas, j’imagine qu’à ta place je m’interrogerais sérieusement moi aussi. »

Tōru esquissa un sourire pour le rassurer. Il alla jusqu’au jeune arbre et en cueillit un bourgeon.

« Je ne savais pas qu’il y avait des cerisiers ici. remarqua Sei.

- C’est moi qui l’ai fait pousser.

- Pourquoi ?

- Un souvenir… »

Il se détourna et commença à partir. Sei le suivit. Ils quittèrent la forêt et se dirigèrent vers les bâtiments.

« Alors tu es un ëar ? demanda Sei.

- Non, je n’ai aucune spécialité. Le fait que j’aie réussi à faire se développer un cerisier n’indique rien. Je n’ai pas de compétences particulières.

- Pourtant tu appartiens bien à une catégorie. C’est le cas pour tout le monde.

- Je cherche encore. »

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