Chapitre 1

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Tout était calme et sombre dans cette rue habituellement bondée. Seuls deux hommes arpentaient une gigantesque ligne droite : le plus grand possédait une chevelure blonde parfaitement ordonnée rabattue vers l'arrière. Sa carrure imposante et sa démarche déterminée le rendaient impressionnant. Il portait une veste blanche qui lui descendait jusqu'aux genoux. Sur celle-ci était accroché un badge avec une colombe grossièrement dessinée. Son bec disparaissait derrière un gros nuage. En dessous, les initiales ADCS étaient inscrites.

Le deuxième homme, plus petit et plus jeune, arborait des sourcils broussailleux qui cachaient des yeux noisette. Il essayait de suivre comme il le pouvait la grande personne mais paraissait un peu inquiet. Il lui fallait courir pour rattraper cette masse de muscles, qui marchait devant. De toute évidence, les deux individus ne se connaissaient pas.

Vus du ciel, ils devaient ressembler à deux fourmis perdues en plein désert. Une brume inquiétante flottait dans cette atmosphère pesante, et une brise légère caressait la joue du jeune homme, comme des fantômes tournant autour d'eux, ce qui ne faisait qu'aggraver la peur de l'adolescent. Ses cheveux frémissaient au souffle du vent. Les maisons paraissaient toutes semblables, blanches aux allures riches et imposantes.

Le jeune était essoufflé et ses joues pâles couvertes de sueur. Il tremblait et aurait tout donné pour une minute de repos, mais l'homme à la veste blanche ne cessait de marcher d'un rythme souttenu.

- Pouvez-vous me dire une bonne fois pour toutes où nous allons ? demanda le jeune, la respiration haletante, tandis que la colère prenait le dessus sur sa peur.

Enfin, le plus âgé ralentit la cadence. Malgré la pénombre que diffusait le soleil à cette heure vespérale, l'adolescent remarqua sur le visage de l'homme musclé un nez retroussé et des yeux bleus. Il semblait bienveillant, mais cela n'empêchait pas le jeune homme de s'en méfier. De ses mains tremblotantes, il essuya son front inondé de sueur.

– Nous devons nous rendre dans un endroit plus sûr, c'est très dangereux de rester dans une rue comme celle-ci sans protection, répondit-il.

Pas une seule goutte de transpiration ne perlait de son visage plat et allongé, comme si cette course folle à travers les routes parisiennes ne provoquait chez lui aucun signe de fatigue.

Puis, sans attendre de réponse, il se remit à marcher, plus lentement cette fois-ci.

Après dix minutes, l'adolescent n'en pouvait plus. Il ne sentait plus ses jambes, tandis que ses poumons et son cœur le suppliaient de s'arrêter. Il voulait protester, mais une petite voix dans sa tête lui intimait l'ordre de continuer à suivre cet étrange individu.

Soudain, après plus d'une heure selon le garçon, l'adulte stoppa net devant une vieille porte en bois, semblable à toutes les autres. Le numéro neuf y était inscrit. Cette entrée avait l'air sombre, et pendant quelques secondes, l'adolescent pensa à un orphelinat. Puis le grand homme frappa trois coups à l'aide d'un heurtoir. Quelqu'un regarda au travers d'un judas. Il dévisagea la personne musclée, puis le jeune inquiet.

– Un petit nouveau, déclara joyeusement une femme, en ouvrant la porte.

Elle affichait un sourire rayonnant qui mettait en valeur ses yeux bleus et les cheveux blonds qui coulaient le long de son cou. Le garçon la trouvait aimable. Lorsqu'elle se décala sur le côté pour les laisser passer, le jeune homme découvrit un hall spacieux et accueillant. Tout autour de la pièce, des personnes au même costume blanc que celui de l'inconnu, où venait s'accrocher un badge identique, se tenaient face à des ordinateurs et lisaient des programmes incompréhensibles pour le jeune homme. Ils se retournèrent quand les deux individus entrèrent.

–J'ai recueilli ce garçon pendant mon tour de garde. Il s'appelle Thomas Travel, il a seize ans et habite la rue Delâtre, à Paris.

- Comment le savez-vous ? demanda Thomas, surpris. Mais le grand homme ne lui répondit pas.

– Moi, c'est Elvis, je suis le chef de l'ADCS, annonça-t-il. C'est l'Armée de Défense Contre Show.

– Mais... Qui est Show ? questionna Thomas totalement ébété.

Un haut-le-corps envahit toutes les personnes en veste blanche, y compris Elvis. Celui-ci retrouva cependant son calme et lui demanda de le suivre. Ils traversèrent un long couloir et se retrouvèrent dans une petite salle. Des toiles d'araignées flottaient dans les quatre coins de la pièce et une épaisse couche de poussière recouvrait le sol. Une odeur nauséabonde envahissait ce lieu étrange. La lampe diffusait une lueur si faible que l'on pouvait tout juste distinguer leurs visages. De toute évidence, la salle n'avait pas accueilli beaucoup de monde ces derniers mois.

– Tu ne sais donc rien de ce qui se passe en ce moment ?

Il marqua une pause, puis reprit :

– Raconte-moi ta vie. Qu'est-ce qui t'est arrivé pour que tu sois aussi détaché de tout ce qui se passe autour de toi ?

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