210 - fantôme

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Elles partent faire du bateau, vont en excursion, traînent sur le campus mais finissent toujours par revenir à la 48 où on parvient à en faire le moins possible. Et puis un jour on se retrouve en cuisine à faire la vaisselle. Elle ouvre la bouche mais rien ne sort. Je la fais rire en l’aspergeant de mousse, mais rien. Alors j’envoie l’artillerie lourde :

  • Merci Jessie, pour l’autre jour. Maintenant je sais ce que c’est, d’avoir une fille. Et on va en avoir une, avec Mary. Elle a même déjà un nom : Anaëlle de la Juvinière. C’est le nom de notre manoir à Sylvania. Jess, la plupart des gens ne savent pas qui ils sont. Même moi je ne le savais pas jusqu’à ce que Mary me le montre. Mais toi, tu sais déjà exactement qui tu es. Non ? Et c’est pour ça que tu te sens perdue au milieu de gens qui s’ignorent. Tu as ce don. C’est ta force. Elle te tient debout.
  • Je suis désolée de t’ignorer. Mais j’ai des remarques de Édith. Je dois pas en tenir compte. Ça ne lui fera pas de mal d’être un peu jalouse. Elle veut que je sois tout pour elle. Je trouvais ça bien au début de pouvoir m’oublier et être pour quelqu’une. Mais là je suis prête à m’affirmer et à m’exprimer dans mon couple, reprendre le contrôle. Je suis en retard, c’est le premier conseil que tu m’as donné et je ne l’ai toujours pas appliqué. Alors je vais repartir de là. Et j’aimerais bien qu’on joue aux échecs tous les jours.

Je regarde derrière nous pour voir si on est bien seules et je la prends dans mes bras, elle me serre fort, je l’embrasse sur le front, je ferme les yeux et je la ressens comme si c’était ma fille. On termine la vaisselle et elle s’essuie le visage.

  • Dis-moi, Jessie. Raconte.
  • Comment tu le sais ? Seule ma mère m’appelait Jessie quand on parlait seule à seule. Et dans tes bras, j’ai l’impression qu’elle était là.
  • Tu as raison Jessie. Je crois que son âme a envahi la mienne. Qu’elle est revenue pour te parler, être avec toi, te rassurer, comprendre et accepter, devenir une belle grande femme forte et affirmée, arrêter de déprimer. Je me demande même si c’est pas toi qui l’a voulu, en venant me parler à moi, je suis la plus occulte des personnes de ton entourage. Et tout ce que tu ressens s’entend dans l’Invisible, Jessie. Mais tu sais, je ne suis plus vraiment connectée en pleine conscience là-dedans, ce n’est plus qu’un ressenti en moi qui s’exprime, inconsciemment.

Elle me regarde. Son visage a changé. Elle est soulagée, heureuse, pleine d’espoir, sereine. Elle me prend la main, fait une grande inspiration, je l’accompagne comme au jogging et yeux dans les yeux on expire doucement.

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