Lily. On dirait Jules en plus grande, en plus mûre, en plus sage, en plus intelligente. Je me rappelle d’elle à l’Hôpital, en psychiatrie. Elle avait l’air surprise à chacune de mes réponses. Mais ses questions étaient débiles. Et je ne répondais que par la vérité. Ça devait lui changer des autres fanatiques folles furieuses de ma promotion. Et me voilà à table, au petit-déjeuner avec elle et sa famille et son nouveau pater familias absent, il doit avoir mieux à faire ailleurs pour louper ça, sûrement un travail plus important, ou pas, vu le style de looser qu’est E-Lie. Jules adore les perdants, c’est pour ça qu’elle m’aime bien. Jules. Elle est mignonne tout plein avec ses regards doux et ses attentions pour son mec. Lily continue son interrogatoire.

• Et dans ton grand chelem, qu’est ce qui t’a le plus, le moins…
• Ce que les autres ont trouvé le plus nul, c’est ce qui m’a le plus plu. Le stage sur la Base aérienne. Un monde technique où il n’y a pas à réfléchir. Et des pilotes charmants. L’un d’eux m’a rendu profondément heureuse. J’en ai même gardé un joli souvenir, Antoine.

Mon dark vibre. Je m’excuse et je regarde le message. Adé parle de paradoxe. Elle a senti un changement. Je réponds : « Nouvelle autrice pour l’annexe 3, je lui envoie mes rapports. Elle respecte les 500 mots ? »

• Pas tout à fait, avec la mise en page, je suis obligée d’en supprimer pour que ça passe.
• Jules ? Tu lis dans mes pensées ?
• Non, j’ai piraté ton dark, E-Lie m’a montré comment faire.
• On va avoir des ennuis. Mais bon, leur technologie a des limites, il vaut mieux avoir les gens en face pour parler, sans vouloir vous offenser docteur Lily.
• Moi je les ai en audio, c’est déjà mieux. Mais c’est vrai que quand ils passent au studio, c’est tout de suite plus réel, moins virtuel.

Elle me sourie en coin, elle a bien aimé le « docteur Lily ». Jules et son jules se chatouillent et s’embrassent en riant, par provocation, pour afficher et faire accepter leur amour interdit mais Lily laisse couler. D’ailleurs on finit par les laisser s’amuser, on passe en serre arroser les plantes, il y a de très belles fleurs qui sentent bon, c’est agréable, Lily est agréable et sa conversation est devenue plus spontanée, moins calculée, plus naturelle.

• Et celle-ci donne des fruits, parfaits pour les infusions, attention, ne l’arrose pas trop. Tiens, mets ces gants, on va planter des semis.

Et nous voilà en train de nous amuser et rire comme des amies. Jusqu’à l’heure du brunch où Jules tape sur une casserole pour nous appeler.