Arrée.
Songeur, le cinquantenaire évita une fois de plus, de laisser ses souvenirs refaire surface. Trop d'échecs ; trop de frustrations,...trop de douleurs,...
Son amie Isabelle passerait tout à l'heure pour une énième virée champêtre. Ils feraient le tour du lac, loin de la ville, après avoir longé l'Elorn et pris la direction des premiers enclos. La petite voiture rouge roulerait prestement vers les monts rustiques de l'Arrée, presque vierges d'habitation, avant de se garer un peu à l'écart, sur le parking non bitumé en face de la vaste étendue d'eau.
Ils en feraient le tour : une heure quinze, montre en main, au milieu des oiseaux migrateurs, des grands sapins, chênes et hêtres et salueraient les pêcheurs de truites présents sur le site.
C'était ce genre de lieu dans lequel on s'aventurait, sans s'inquiéter du retour ; une immersion joyeuse, presque un cérémonial. Un lieu où l'on pouvait disparaître sans que l'on puisse dire, si on avait un jour existé.
On y venait régulièrement tout au long de l'année, et on voyait la nature changer au gré des saisons, passer de l'austère hiver au printemps rutilant ; de la plus grande désolation, à l'expression la plus abondante.
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