Je sentis cette chaleur, si douce et si chaude, le soleil qui rentrait par la fenêtre me caressait doucement la joue. Le soleil du matin est le plus doux de la journée, ni trop chaud ni trop froid juste parfait. Comme à mon habitude je me réveille progressivement, je fais dépasser mes pieds du lit pour avoir une idée de la température extérieure, j'attrape ma robe suspendue à la tête de lit, me débattant pour la passer sans me lever.

Quand je descends enfin je m'attends déjà au moral habituel :

« Tout le monde se lève à 7h pour le petit déjeuner, et pour aider. Mais non toi impossible de te réveiller tu restes endormie jusqu'à 10h, tu n'auras jamais de vie si tu continues ».

Il n'a pas fallu une seconde pour que Mme Veyrent me tombe dessus. Comme punition je dois aller chercher de l'eau au puit devant la maison, mais pour apporter de l'eau à tout le monde, je dois faire l'aller-retour une dizaine de fois.

Le seau en main j'arrive devant le petit puit en brique, une manivelle sur le coté permet de remonter et descendre le seau pour récupérer l'eau. Je peux apercevoir mon reflet, mes longs cheveux bruns sont toujours aussi désordonnés, je devrais peut être les couper, mais j'aime les garder longs pour cacher ma peau très blanche, car on me demande souvent si je ne suis pas malade. Je pourrais dire que mes yeux verts émeraude sont l'un de mes seuls atouts.

De retour au puit pour la 5ème fois, je m'accorde une petite pause, mon regard se perd dans la clairière. Notre maison est cernée par des arbres, seul un chemin tracé au milieu des bois nous permet d'aller au village le plus proche, nous vivons plutôt reculées. Après une vague contemplation mon regard fini par se poser sur l'arbre planté au centre de cette vaste clairière, j'adore cet arbre.

Il ne perd jamais ses feuilles comme s'il était plus fort que toutes les saisons, il est grand et son tronc est énorme comme s'il était fier et droit, il se retrouve tout seul au milieux de cette vaste clairière comme si la solitude ne lui faisait rien, il a toujours été là aussi loin que je me souvienne.

Comme tous les matins je pose ma main sur l'écorce et j'articule une petit « bonjour », il est comme mon confident. Je viens réfléchir au pied de cet arbre mais aussi me plaindre les mauvais jours et parfois je viens pleurer quand tout va mal, je me sens réchauffée par ce tronc immense et ces feuilles tombantes.

Derrière lui on peut apercevoir un champ de fleurs, constitué principalement de roses, ma meilleure amie au centre en coupait quelques unes, sûrement pour décorer la maison, ou encore pour vendre au village. On pourrait croire à une peinture, Elena a des cheveux courts carrés qui lui tombent de chaque côté de son visage rond, quand celui-ci se tourne vers moi, on peut apercevoir de grands yeux bleus saphir et un sourire magnifique, « Maevie ! » s'écrit -elle en m'apercevant, lui rendant son sourire je viens à sa rencontre. Quand j'arrive enfin à sa hauteur on peut remarquer que je suis un peu plus grande qu'elle, et à peine plus mince, mais aussi on peut voir à quel point ma peau est blanche à coté de la sienne couleur pêche.

- « Encore punie pour avoir trop dormi, marmotte ! », me dit Elena visiblement amusé de cette situation.

- « Mouais ... et toi pourquoi coupes tu ? tes belles plantes adorées. » dis-je en essayant de changer de sujet.

- Après un petit rire moqueur elle continua « Nous manquons d'argent ce mois-ci, il faut bien trouver une source de revenus. »

- « Mme Veyrent a de la chance que tu t'occupes aussi bien de ces fleurs. »

- « C'est ma passion après tout. » fini-t-elle par dire avec un grand sourire, que je lui rendis aussi tôt.

Mais malheureusement le moment n'était pas à la discussion, je n'avais pas fini d'accomplir ma tâche. Mme Veyrent n'allais pas patienter indéfiniment que je revienne avec les autres seaux.