C'était la maison d'un paysan, mais, en fait d'hospitalité, elle valait celle d'un roi

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 En repartant de ce bar sans se retourner, elle avait les lèvres qui tremblaient tant son cœur lui faisait mal. La foule l’avait enveloppé et ses compagnons étaient à ses côtés, prêt à la soutenir au moindre relâchement.

— Comment te sens-tu ?

— Mal.

— Rentrons.

 Sa famille était déjà partie et elle allait devoir rentrer à son tour elle aussi, sourire, affronter tout le monde, annoncer la nouvelle, c’était déjà une suffocation pour elle simplement d’y penser.

— Un soldat de ton roi est venu récupérer Justin pour l’enfermer en attendant son audience. Tu devras voir l’Impératrice dans trois jours.

— D’accord.

— Tu es forte Rina, si tu veux pleurer tu peux, c’est dur ce que tu endures.

 Elle hocha la tête difficilement, il fallait avancer, tant de choses étaient à préparer. Elle leva le visage vers Angel qui la regardait, inquiète.

— Dépêchons-nous de rentrer, j’ai demandé deux fiacres à ton frère. Jessy, peux-tu accompagner Théobald chez lui pour récupérer sa femme et son enfant et les emmener dans la maison réservée pour eux ?

— Je m’en charge.

 Il claqua ses talons, regarda son amour et les deux hommes partirent de leur côté, laissant les deux femmes partir pour le manoir.

— Penses-tu que l’effet escompté arrivera ?

— Certaine.

 En rentrant, ses frères l’avaient accaparée de toutes parts, souhaitant leurs cadeaux de voyages à tout prix, ce qu’elle accepta. Elle leur donna à tous les deux une bague argentée similaire à celle qu’elle avait sur l’annulaire droit.

— Ça, ça nous permettra de toujours être ensemble. C’est Angel qui me les a faites avec ses pouvoirs, grâce à ça même très loin nous serons toujours tous les trois, il a aussi un système de protection pour quiconque le porte en même temps que les deux autres. Par exemple, Mia pourrait être protégée si elle la porte avant l’attaque mais il faut que les deux autres soient aussi portées. Vous ne devez les enlever sous aucun prétexte sauf si c’est pour protéger quelqu'un, mais elles doivent toujours être à votre doigt et seulement celui-ci.

 Ils l'avaient embrassée et remerciée avec des larmes aux coins des yeux, elle avait misé juste sur le petit cadeau qu’elle avait ramené. Elle eut droit à un entretien avec ses parents et son grand-frère, dans le but d’expliquer tout son voyage en détail et les fiançailles rompues.

— Et bah enfin.

— Je m’attendais davantage à des sermons qu’à des soupirs de soulagement.

 Rina leur avait lancé un regard accusateur auquel ils n’avaient pas répliqué, après tout c’était ce qu’ils pensaient.

— Et donc ? Comment tu es revenue entière avec tout ça ?

— Grâce à Angel et Jessy qui veillaient sur moi pendant toute la durée du voyage, je leur dois une fière chandelle, on a créé un plan pour arriver à nos fins.

— Qu’est-il ?

— Je ne peux vous en parler tant que la fin n’est pas arrivée.

 Son amie était avec dans le salon à discuter avec la famille en attendant le retour de son ami qui ne devait pas tarder.

— Selon la lettre de mademoiselle Angelica nous devions prêter notre maison à l’individu qui a essayé de te tuer ?

 Tin ne semblait pas ravi à cette perspective, priant sans doute pour avoir mal compris.

— Je vous prie de l’appeler Angel même si son statut mériterait autre chose. Disons qu’il me surveillait plus qu’autre chose à vrai dire et s’il voulait vraiment ma mort, je ne serais pas là actuellement alors qu’il avait mille occasions de procéder. Il veut juste que sa famille soit à l'abri comme toi.

— On a dit oui avec les parents de toute façon.

 Il haussa les épaules, sa sœur l’embarquait parfois dans des choses qu’il ne comprenait pas le moins du monde.

— Merci.

— Bon assez parlé, nous verrons cela plus tard, allons voir le reste de la tribu avant qu’il ne se demande où nous sommes passés. Mais tes amis ont l’air sympathiques.

— Vous les aimerez tout de suite, vous verrez.

 Rina eut donc quelques jours plus tard un entretien avec l’Impératrice pour conclure le traité qui lui avait donné tant de mal. La souveraine semblait ravie que tout se soit passé comme prévu et elle n’avait cessé de remercier la jeune fille. En récompense de cela, elle avait tenu à lui remettre une médaille pour “service rendu à l’Empire” qui l’a rendu pleine de fierté, elle ne s'était pas attendue à tant de reconnaissance.

   Théobald quant à lui était paisiblement dans la maison secondaire de la famille mais Kizune avait complètement disparu de la nature sans laisser de traces, ce qui laissait tout le monde perplexe.

 Le dix juin arriva bien rapidement et Maria aussi. Rina était allée la chercher chez sa famille pour se présenter et expliquer comment tout allait se passer pour qu'ils ne trouvent pas cela trop suspect. La famille de sa nouvelle gouvernante paraissait enchantée de voir la jeune fille plus souvent que d'habitude, surtout si elle allait dans une telle famille. Ils ne semblaient pas avoir connaissance de ses origines et c’est avec un trac incomparable que Maria était entrée dans le grand manoir de la famille Grintofk. Elle avait regardé la grandeur de la bâtisse à s’en défaire le cou tant sa curiosité avait besoin d’être assouvie.

— Que c’est grand…

— Voici votre nouveau lieu de travail, ma chère.

— Rina tu n’aurais pas vu mon cahier d’histoire antique ? Oh Maria c’est vous ? Bienvenue !

 Mino avait un grand sourire aux lèvres tant sa venue l’impatientait, il était insupportable depuis quelques jours.

— Mino c’est cela ?

— Exactement l’homme de la famille !

— T’emballe pas minus. Bienvenue Maria, je suis Tin, le grand-frère de Rina.

 Le grand jeune homme lui tendit sa main qu’elle serra fébrilement, elle était trop intimidée par ses tatouages et ses vêtements de travail.

— N’ayez pas peur, nous ne mordons pas, c’est promis.

— Je n’ai pas l’habitude d’être dans un tel cercle social.

— Ne vous formalisez pas, notre rang ne se reflète pas entre ces murs. Vous avez donc rencontré Mino qui sera ici le plus souvent et moi je serai en mission presque en permanence, nos parents rentreront dans la soirée. Vous ne les verrez pas beaucoup non plus.

 Elle hocha la tête pendant que Rina lui appuya la main sur son épaule pour la soutenir tandis que Tin lui indiqua une chaise pour qu’ils puissent discuter. Ils s’installèrent tous sauf Mino qui mit ses bras croisés sur le dossier de Rina pour écouter.

— Rina m’a dit que vous étiez une Jiklo c’est cela ?

— Exactement.

— Nous n’aimons pas particulièrement caractériser les gens, comprenez le bien, mais chez nous c’est indispensable.

— Permettez-moi de vous demander pourquoi ?

 Tin avait lancé un regard à Rina avant de commencer son récit sur Zluna sans que Maria ne pipe mot. Elle n’avait pas vraiment de réaction, c’était comme si on lui annonçait le dîner.

— Dois-je faire quelque chose par rapport à cela ?

— Aucun mais je me devais de vous prévenir, cela influe-t-il sur votre décision ?

— Non, mademoiselle Rina est une bonne personne selon moi donc je ne me formalise pas de cela surtout si vous me dites qu’elle s’est entrainée durement. Que devrais-je faire ici ?

— Des choses simples, tenir le manoir en ordre et la cuisine si Mino veut bien vous prêter les fourneaux. Cela vous convient-il toujours ?

— Bien sûr.

— Mes parents parleront avec vous des rémunérations qui suivront mais en attendant Rina va vous montrer vos appartements et le manoir pour que vous puissiez prendre vos marques. Il n’y a pas vraiment de règles dans cette maison, mis à part le fait que vous pouvez ou non parler de votre travail en dehors d'ici, mais si vous le faites, vous devrez être soumise à un sortilège de protection, sait-on jamais. Et nous préférons être tutoyés.

— Ce n’est assurément pas courant, monsieur.

— Nous ne sommes pas une famille courante.

 Tin lui adressa un sourire malicieux avant de regarder sa sœur et de se lever.

— Pardonnez-moi, je dois rejoindre ma fiancée, puis-je vous laisser mener la danse vous deux ?

— Pars tranquille, je gère !

 Mino regarda son grand-frère avec un air supérieur avant de se faire ébouriffer les cheveux, encore une fois.

— Encore bienvenue Maria, en espérant que vous vous plairez ici.

 En récupérant son manteau, il partit rapidement de la maison sans un mot de plus, sous le regard étonné de Maria.

— Je suis tombé dans une famille bien mystérieuse.

— Tu apprendras à nous connaître, tu verras, viens avec moi.

 Ce fut ainsi que Maria fut arrivée dans la famille Grintofk pour un bon moment, elle n’arrêtait pas de dire que le grand frère de son amie était vraiment beau mais que le cadet n’avait rien à lui envier, ce qui faisait bien rire la jeune femme.

— Il n’y a plus que Mino de libre.

 Elle prenait ses marques au fur et à mesure des jours, au début toute la famille avait pris des vacances pour l’aider pour son commencement même si elle était on ne peut plus douée. Ce fut ainsi que la famille recommençait à reprendre un train de vie plus tranquille.


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