La vie ne devrait pas se résumer à une simple question de survie (1) - Partie 2

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 Minas s’était levé pour l’accueillir et lui serrer la main.

— J’allais vous présenter mais apparemment je n’en aurais pas besoin, connaissez-vous ma petite-fille depuis longtemps monsieur Gling ?

 L’homme prit la place libre à côté de Rina, à son plus grand désarroi, puis il écarta une mèche de ses cheveux qui avait glissé de son ruban qui les tenaient en arrière.

— Effectivement, nous nous sommes croisés sur le bateau qui venait ici, mais j’ignorais que vous aviez un lien de parenté, mon cher Minas.

— Et moi, j’ignorais que vous connaissiez ma famille, monsieur Gling.

 Elle grinçait des dents, le fait qu’il soit là lui donnait des sueurs froides, elle n’avait pas envisagé cela et ça la mettait mal à l’aise. À l'origine, elle avait fait en sorte qu’il ne connaisse rien d'elle, ou du moins le strict minimum, mais s’il était ici c’est que sa famille avait confiance en lui et donc il pouvait avoir soutiré un certain nombre d’informations.

— Le monde est bien petit, mademoiselle, mais je vous en prie, continuez sur votre lancée, je ne voulais pas vous interrompre.

 Même si elle souhaitait s’enfuir très loin d'ici, elle continua à contre cœur, elle ne souhaitait pas attirer les regards sur elle à peine arrivée.

— Alors comme vous devez le savoir, c’est son mari, sa Majesté de Roi Yvans qui a pris sa place sur le trône du Royaume d’Omnège, mais effectivement elle est une grande femme. Il y a peu, elle a réussi à conquérir un nouveau petit pays et apparemment ça se passe bien pour eux si j’écoute mon frère. En ce qui concerne la famille, mes parents ainsi que mon frère aîné continuent à servir sa Majesté et mon cadet n’a pas encore l’âge d’entrée au service de l’armée, il préfère s’affairer à d’autres affaires.

— Père, vous ne m’aviez pas dit que Jeanne avait eu un petit garçon, j’ai eu la mauvaise surprise de l’apprendre tout à l’heure.

— Je pensais, ma fille, que ta sœur t’en aurait parlé.

 Cela déplaisait à la jeune femme de parler ainsi de sa famille devant l’homme du bateau mais après tout, elle n’avait pas de preuve contre lui mis à part son mauvais pressentiment. Si elle en croyait les conversations, le sujet de la famille éloignée ne devait pas venir très souvent sur la table.

— Comme je l’ai dit à ma tante, à l’époque où Mino est né, la communication entre nos deux empires était impossible. Entre l’empereur d’Econne et notre ancien empereur, qui n’avait rien d’un dirigeant pacifique, nous n’avions pu informer votre côté de la famille.

— Évidemment.

 Cesilia soufflait, elle fulminait d’avoir été mise de côté et son mari l’avait bien compris, il manifestait son soutient en mettant sa main sur celle de sa femme comme pour lui dire qu’elle n’avait pas à s’en prendre à qui que ce soit. Cependant, sa jeune nièce semblait avoir attiré la curiosité de ses cousins, surtout du garçon.

— Tin est donc bel et bien dans l’armée !

— Et Mino comment est-il ?

 Rina échappa un rire enchanté, elle ne pensait pas que sa famille manifestait tant d’engouement pour de si jeunes enfants, elle leur répondait tout en cherchant une photographie qu’elle gardait toujours sur elle, tout en sentant le regard dur de Marius Gling sur son visage.

— Tin est un peu plus âgé que vous, mais c’est exact, tu es intéressé Eren ?

— Oh oui ! J’ai toujours voulu faire comme lui au grand damne de mes parents, j’admire beaucoup Tin, je le trouve très courageux.

— Je vois ça, mais sache que c’est quelque chose de vraiment dangereux, tu en as conscience ? La famille se fait souvent beaucoup de soucis.

— Bien sûr que je le sais, mais je ferais en sorte d’être fort pour qu’ils n’en aient pas l’occasion, de s’inquiéter.

— C’est très courageux de votre part.

 Deux clichés glissèrent sur la table, le premier datait d’une grosse dizaine d’années, Mino n’était encore qu’un bébé. Sur le second par contre nous pouvions voir la famille quelque temps avant le départ de Rina et la mort de Mathias. Nous pouvions voir que cette fois Mia, Lyria et même Kizune étaient sur le cliché, ce qui était particulièrement surprenant. Son doigt glissait d’une photo à l’autre pour montrer les différences.

— Vous voyez, ici c’est votre tante et votre oncle, Jeanne et Jonas. Ici, vous avez Tin et Mino, ils ont bien changé depuis le temps. Oh et ici vous pouvez voir Lyria.

— Vos frères sont de beaux jeunes hommes, ils feront de très bons partis au village.

— Notre nature ne permet pas cela, ma tante.

— J’oublie parfois que c’est un village qui contient des Ziny, mais ce n’est pas pour cela qu’ils ne trouveront personne. S’il y a des Jiklo ce n’est pas pour rien.

— Lyria vous êtes tellement belle. Et qui c’est ça ?

 Rina pencha de nouveau son regard sur les clichés sans répondre à sa tante qui avait eu la parole coupée par sa fille. Mais quand elle vit que sa cousine pointait Mathias, Mia et Kizune du doigt, elle déglutit légèrement gênée, bien décidé à ne pas parler de son ami disparu pour ne pas peiner son ancienne fiancée qui, elle aussi, regardait les clichés.

— Ici ? C’est Mia, une jeune fille du village qui va bientôt se marier avec Tin justement, c’est une jeune femme adorable et très gentille.

 Elle voulait éviter de parler de Kizune. Elle l’aimait, plus que de raison, mais le fait de parler d’elle la mettait mal à l’aise et surtout, elle ressentait une peur sourde face à lui et face au potentiel imposteur qui était à côté d’elle. C’était une idée infondée pour le moment mais elle ne pouvait faire autrement que de se méfier.

— Et lui ?

 Marius semblait lui aussi mal à l’aise face à la curiosité de la petite fille, même s’il faisait tout pour ne rien montrer, il bougeait maladroitement sur sa chaise.

— C’est Kizune, mon fiancé.

 Elle avait lâché ça comme une bombe et un sourire maladroit sur les lèvres comme si c’était un sujet tabou dans la famille.

— Votre fiancé ? Je ne pensais pas que vous étiez tous les deux casés.

— Voyons Lorenzen, vous avez vu la beauté qu’elle possède, ça ne m’étonne même pas personnellement.

 Tandis que son oncle et sa tante débattaient sur le sujet, Rina se tourna vers son voisin qui paraissait vouloir partir en courant et par la même occasion elle vit que son grand-père lançait un regard mécontent sur la photographie.

— Vous ne vous sentez pas bien, monsieur ?

— Je me sens un peu patraque de mon voyage, il faut dire que je ne supporte pas vraiment les voyages en bateau.

— Je vois, reposez-vous en remontant.

— Je suivrai votre conseil.

 La fin du repas se passa relativement calmement, les enfants s'amusaient à comparer les deux photographies tandis que les adultes discutaient de choses et d’autres. La fin de la soirée se déroula dans le petit salon attenant à la salle à manger. Rina et Lyria s’étaient mises dans des fauteuils légèrement à l’écart des autres qui jouaient à un jeu de cartes.

— Dis Rin’ ?

— Oui ?

 Ses cousins lui avaient rendu ses biens qu’elle avait encore dans les mains mais Lyria tendit sa main vers eux.

— Je peux s’il te plait ?

 Elle lui tendit, voyant bien que son regard était attiré comme un aimant sur une seule personne bien précise.

— Par les Dieux, il n’a pas changé, il avait la même apparence du début à la fin.

— Il était mignon.

— Tu sais, tu ne devrais pas ne pas lui parler de lui quand je suis là. Je suis guérie Rina, je n’ai plus autant mal. Tu le considérais autant comme ton frère que lui t’aimait comme sa petite sœur alors, je t’en prie.

— J’avais peur de te blesser, nous ne nous sommes pas vus depuis si longtemps que je ne savais pas si je pouvais.

— Ne pas parler de lui serait comme dire qu’il n’avait jamais existé.

 Ce n’était pas totalement faux, pour elle, trois frères avaient été dans sa vie, même si l’un ne l’était que par le cœur, il avait été très important pour elle et jamais, elle ne pourrait ne plus penser à lui.

— Je sais que tu as autant souffert que moi Rin’ et Tin, je n’en parle même pas. J’étais peut-être fiancée avec lui mais je ne le connaissais depuis beaucoup moins longtemps et je sais qu’il parlait de vous avec des étoiles dans les yeux. Ça serait se moquer de lui de ne pas le rappeler.

— Je sais Lyria, je sais.

(1) Citation de Clarke Griffin de la série « The 100 » issu des romans de Kass Morgan.

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