Mon amour,

Je t’écris cette lettre dans un but bien précis. Avant toute chose, ne doute jamais de l’amour que j’ai pour toi. Il est presque une heure du matin, et mes sentiments pour toi grandissent chaque jour depuis trois ans.

Mais voilà, il y a cet autre gars.

Je voudrais que tu puisses comprendre. Je ne l’aime pas comme je t’aime toi. A vrai dire, je ne l’aime pas tout court. Mais il a cette manière de me regarder.
C’est partit de presque rien. Enchaînée dans la routine de la vie, à faire des cafés à longueur de journée et d’avoir toujours la même vision de toi en passant la porte. Je me suis sentie vivre de nouveau, lorsqu’il était là. J’avais l’impression d’avoir de nouveau un but, un défi à relever. Cette sensation inégalable de l’interdit et du challenge qui avait été ma drogue bien avant toi. Je savais que, quoi que je fasse, j’avais la sécurité. Je t’avais toi et il l’avait elle. Il était la représentation de ce qui me manquait dans ma vie.

Alors, j’ai essayé. Par ego, j’imagine. T’avoir dans mon quotidien m’avait fait oublier peu à peu qui j’étais. Je pensais que je n’étais plus capable de plaire à quelqu’un d’autre que toi. Mais être derrière ce comptoir m’a fait réaliser le contraire. Il avait cette manière de me parler, de me sourire, de m’observer. La sensation que cela me provoquait était devenu une obsession. Plus le temps passait et plus je réalisai que ce que notre amour ne suffisait plus à me contenter. Je me sentais tellement jolie à travers ses yeux.

J’ai parlé avec lui, quelques soirs. Je me suis dit qu’après tout, si je t’aimais et qu’il le savait, rien de ce qu’il ne me dirait ne pourrait nous briser. J’ai passé tant de temps à penser que je n’étais pas assez que je me suis dit que s’il pensait le contraire alors plus rien ne pourrait m’arrêter. Je suis devenue l’ombre de moi-même, à tenter de lui plaire. Parce qu’avec toi, tout était déjà acquis. Tu m’aimais tellement que tu n’avais plus de secrets pour moi. Mais lui, il ne savait que ce que je montrais. J’étais, là bas, la version que j’ai toujours voulu être. Celle que personne n’aurait mais que tout le monde voulait.

Un jour, j’ai réussi. Le jeu auquel je jouais avec lui s’est terminé comme il avait commencé. Il me l’a dit, tu sais, qu’il me voulait. Et j’ai dit non.
Comment aurais-je pu être assez horrible pour te faire ça ? La passion qui m’animait ne valait pas un centième de notre relation. Je t’aimais tellement que je n’aurais gâché ça pour rien au monde. Pas même pour une nuit avec lui.

Je sais que rien de ce que j’écris là ne vaut comme excuse, et je me doute que c’est impardonnable. Parce que j’ai eu envie de l’avoir aussi, et ça, c’est probablement la pire pensée de ma vie. Je voudrais que tu puisses comprendre à quel point j’ai eu besoin de ça, et que, peut-être, j’en aurai toujours besoin.

Peut-être qu’un jour, je te laisserais voir les démons qui m’animent. Je ne sais pas si tu m’aimeras encore après les avoir vu, mais je crois que si tu veux savoir qui je suis jusqu’au plus profond de mon âme, tu dois le savoir.

Mon amour, je voudrais avoir assez de mot pour te dire combien je t’aime. Assez pour renoncer à mes désirs les plus inavouables, assez pour refuser de te mentir, assez pour me refuser d’être celle que je suis quand tu n’es pas là.

Je ne sais pas si tu liras ce texte un jour. Peut-être n’aurais-je jamais le courage de t’avouer ça, ou peut-être que ce jour là, nos chemins se seront séparés.

Ne doute jamais de l’importance que j’accorde à notre avenir.
Ne doute jamais des sentiments que j’éprouve pour toi.

Je souhaiterais te dire combien je m’en veux d’être une si mauvaise petite-amie.
Mais peut-être n’écouterais-tu pas.
Et je comprendrais que tu ne le puisses pas.

Avec toute ma culpabilité,
Avec tout mon amour,

Ta femme.