Five minutes of sincerity

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C’est tout de même assez drôle quand on y repense, la situation était parfaite, digne d’un final de film de cinéma. Les nuages gris recouvraient le ciel, donnant une ambiance qui prêtait à la confidence. Il faisait froid pour une fin Avril mais on s’était habitué tout l’hiver à porter des vêtements chauds. Pa ailleurs, j’avais mis mes plus belles affaires de ma garde robe spéciale saison froide. J’avais perdu plus de poids cette année que toutes les autres réunies et quand je me regardais dans le miroir je me trouvais enfin jolie. Mes cheveux avaient poussés jusqu’au milieu de mon dos et je m’étais entraînée des mois à réussir un eye-liner à la perfection. Pourtant, malgré mes efforts, le plus idéal sur le moment et que nous étions seuls, dehors, face à face et ce pour la première fois depuis des semaines. Et ça relevait du miracle.


Mon cerveau, scénariste de talent, avait mit au point tout un stratagème pour me préparer à ce moment. Je me serais allumé une cigarette nonchalamment, me donnant l’air plus sexy que ce que je n’étais réellement. J’aurais bu une gorgée de mon café devenu tiède pour me donner le courage nécessaire d’aligner et quelques phrases et j’aurais lancé une tirade des plus larmoyantes qui existes. J’avais pensé à tout, et pour cause, j’y travaillais depuis plus de temps qu’il n’en faudrait. J’avais échafaudé tout un plan qui ne pouvait que réussir et j’allais enfin avoir un point final à mon histoire. devrais-je dire notre histoire ? Qu’importe.


Je sais exactement ce que j’aurais dit à cet instant. Je t’aurais demandé cinq minutes, rien que cinq petites minutes de sincérité et tu me les aurais accordées sans te douter une seconde qu’elle te coûterait tout ce que dont tu t’es efforcé de me cacher. Je t’aurais demandé si tu me trouvais jolie, question presque rhétorique. Bien sûr que tu me trouvais jolie, mais je voulais l’entendre. Je voulais que ces mots sortes de ta bouche pour qu’enfin tout ce qui nous est arrivé devienne concret. Je voulais la vérité, pure et simple, qu’elle me fasse mal ou non.


Je t’aurais dit que je n’étais pas amoureuse de toi, parce que de tout ce que j’aurais eu à dire ensuite, j’étais persuadé que c’était le plus important. Au delà de tout, il fallait que tu saches que je n’attendais pas de toi que tu le sois non plus. Je n’avais rien à faire de ça, je voulais simplement que tu admettes que tu pensais à moi. Que tu admettes, une bonne fois pour toute, qu’il y avait quelque chose entre nous, un sentiment ou une émotion qu’importe, mais que cette alchimie n’était pas le fruit de mon imagination. J’ignore si tu aurais tenu ta promesse, celle d’être honnête, mais j’espérais que tu le sois. Par égoïsme ou fierté peut-être, je voulais que le doute n’est plus jamais sa place dans ma tête.


Je t’aurais dit que j’étais fatiguée de penser à toi chaque seconde sans avoir la certitude qu’il en était autant pour toi. Une relation aurait été vouée à l’échec, je ne voulais pas de toute ces conneries. Mais ces changements d’humeur étaient devenu insoutenables, à la limite de la souffrance. Je ne t’aurais jamais, et tu ne m’auras jamais. L’interdit était la seule foutue raison qui nous attirait l’un à l’autre ; cette affreuse certitude que, malgré l’attraction effroyable qui nous liait l’un à l’autre, nous n’aurions jamais de finalité heureuse. Nous n’en voulions pas.


Ainsi, j’aurais avoué tout ce que j’avais sur le cœur depuis des lustres. Mais il fallait que tout ça cesse, et t’en parler était la solution la plus radicale. Nous devions nous éloigner l’un l’autre pour préserver nos vies respectives, même si nous devions nous haïr pour cela. Nous avions trop en jeu pour tout valser à cause d’une simple attirance passagère. Tes mots se seraient envolés comme du papier en un coup de vent. Ceux où tu disais que tu ne ferais jamais rien qui ne puisse me faire du tord. Ceux où tu disais que tu me faisais confiance. Ceux où tu me disais que tu voulais me voir. Ceux ou tu me faisais croire que j’étais spéciale. Je t’aurais dis que j’étais désolée et tu m’aurais demandé d’arrêter de m’excuser sans cesse. Mais je l’aurais fait, encore, parce que j’étais persuadée qu’il le fallait. Je n’étais qu’une gamine face à toi, comme quand on ale béguin pour son professeur ou son moniteur de colo. Je me serais sentie si stupide de ne savoir comment t’expliquer cela. Ta voix me manquerais. Mais je l’aimais lui, pas toi. Tu l’aimais elle, pas moi. Pourtant nous en étions quand même là, l’un en face de l’autre, essayant de déballer une effervescence de mots sans aucuns sens. Qui pourrait comprendre ça ?


J’aurais écrasé ma cigarette sur le sol, les sanglots bloqués dans la gorge. Je t’aurais regardé une dernière fois dans les yeux, que tu aurais détourné, par habitude. Je me serais détesté de ce que je ressens, quelque ce soit. J’aurais supprimé ton numéro et j’aurais cessé de me demander ou tu es chaque fois que je travaille et que tu n’es pas là. L’indifférence aurait remplacé la culpabilité et le doute et j’aurais continué ma vie pendant que tu continuerais la tienne.

Au lieu de ça, alors que les gouttes commençaient doucement à perler, je me suis contenté de te regarder. Aucun mot n’est sortit de ma bouche, pas le moindre son. Tu as disparu de la même manière que toujours, sans même un au revoir.


Et au final, je ne saurais jamais vraiment si tu me trouvais jolie.

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