Chapitre 17 : Clément

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Chapitre 17 : Clément

Le lendemain matin, Bratulos se réveilla tôt, il faisait encore nuit. Il décida de vadrouiller dans la petite base. Il ne croisait personne, tout le monde devait encore dormir. Il trouva une fenêtre. Il regarda à travers de cette dernière. Il apercevait qu'il neigeait. Il pensait à ses amis, peut-être avaient-ils dormi dehors. Il restait plusieurs minutes à observer le ciel. Il voyait des dizaines d'oiseaux, volant en toute liberté. Soudain, il sentit une main sur son épaule. C'était Chen. Il lui dit :

-Le neige est belle, mais c'est une beauté fatale. Mais ne t'inquiète pas, si vous êtes arrivé jusqu'ici, ce n'est pas un froid qui va les tuer.

-Tu as raison.

-Viens prendre le petit-déjeuner avec nous.

Bratulos le suivit. Ils arrivèrent dans la même salle que la veille, où il avait parlé aux quatre hommes. Il fût surpris de voir que la salle était vide. Une aussi grande salle, qui pouvait accueillir facilement cent personnes, ils étaient seulement dix. Bratulos leur demanda où étaient les autres, on lui répondit qu'il n'y avait personne de plus. Certains étaient en prison, d'autres avait jeté l'éponge.

Toutes les personnes présentes mangeaient dans une tristesse absolue. Mais Bratulos devait d'abord retrouver ses amis avant de les aider. Il leur proposa son plan. Il leur donnait le visage de ses amis et ils allaient le chercher dans la ville en se séparant. Ils devaient se retrouver dans la base le soir. Chacun ferait équipe avec une personne. Bratulos était avec Chen.

Les duos sortaient tour à tour de la base. Bratulos et Chen partirent les derniers. Ils devaient aller vers l'ouest, où il y avait une forêt et un lac. Après une demi-heure de marche, ils arrivèrent dans un petit quartier à la périphérie de Dengfeng. Bratulos touchait de temps en temps les habitants pour voir si ces amis étaient passés par là, mais il ne trouva rien. Chen lui montra le temple Shaolin. Ce temple bouddhiste fait la réputation de la ville dans tout le pays. Les deux hommes en profitèrent pour y entrer. Ils retirèrent leurs chaussures puis ils allèrent prier devant une statue de Bouddha. Bien qu'il ne fût pas croyant, le Meusia pria. Soudain, un homme habillé en costume de moine orange interpella les deux hommes. Chacun se saluait. L'hôte leur demanda se qu'il faisait ici, Bratulos lui répondit :

-Nous sommes venus ici demander à Bouddha de nous aider à retrouver mes amis.

-Vous êtes perdus ?

-Oui, plus ou moins. Et maintenant, je les recherche. Il y a deux hommes, une fille et un chien.

-Que représentent tes amis pour toi ? Demanda le moine.

-Ce qu'ils représentent ? S'interrogea Bratulos.

L'homme à la jambe de bois se demanda pourquoi est-ce qu'il lui demandait ça. Il s'était déjà longuement interrogé sur ce que représenter ses amis à ses yeux. À plusieurs occasions, il avait tout perdu, il les avait perdus, sauf Tom. Bratulos baissa la tête, des larmes apparurent sur son visage. Il tremblait. Timidement, il déclara en regardant son interlocuteur :

-Mes amis sont tout ce que j'ai. Je ne veux pas les perdre, je ne veux plus en perdre.

Chen regarda Bratulos. L'hôte acquiesça et dit :

-Je vois. Ton cœur est noble. Tu es un homme bon. Bon courage dans ta recherche.

Bratulos le remercia et il repartit. Chen le suivit. En sortant, Bratulos voyait des dizaines d'enfants en train de s'entraîner. Dire qu'eux s'entraîner pour eux-mêmes, alors que lui, c'était pour protéger ses amis. Il décida d'aller les voir. Il en interpella deux. Il leur demanda pourquoi s'entraînaient-ils autant. L'un d'eux, le plus âgé lui répondit :

-Grâce aux kung-fu Shaolin, je veux devenir un homme puissant, capable de défendre ma famille.

Bratulos regarda l'enfant qui devait avoir treize ans dans les yeux. Il ressemblait à son fils. Il les remercia et il partit. L'autre enfant était un peu déçu.

Pendant qu'ils marchaient en direction de la forêt, Bratulos demanda à Chen :

-Tu viens souvent au temple ?

-Non, je suis taoïste. C'est pour ça que la forêt et le mont Song m'aie très cher.

-Comment ça ?

-Selon notre religion, le monde est composé de cinq éléments auquel est associé une montagne. La terre correspond au mont Song. Les Monts Song sont l’axe du monde, juste en dessous du ciel.

-Je vois. Je vois. Et il y a une base du PDC à chacune des montagnes.

-Hélas, non.

-Mais où sont le millier d'hommes que vous m'avez dit.

-Ils habitent en ville. Mais ils sont prêts à prendre les armes à tout moment !

Bratulos sourit. Il s'était embarqué dans une cocasse situation. Dix hommes veulent assassiner le président et lui, il va les aider. Bratulos s'arrêta de marcher. Il fut pris par un violent fou rire. Il tapait contre le sol. Chen ne comprenait pas sa réaction.

Bratulos, remis de ses émotions après plusieurs minutes, déclara :

-Pardon, je ne savais pas que la situation était aussi désespérée.

-Non, je me suis dit qu'un étranger nous aide, c'était un miracle. Je vais te laisser, désolé de t'avoir embêté avec nos histoires.

Chen voulut s'en aller mais Bratulos l'arrêta. Il lui dit :

-Non, je suis toujours avec vous. Nous tuerons ce prétendu président et toute la Chine se rebellera.

-Tu es sûr ? Je veux dire, dans ton pays d'occident, tu es totalement libre, pourquoi risquerais-tu la prison ici ?

Libre... Non, il n'était pas libre. Il était traqué par les Atlantis. S'il était capturé, il serait probablement tué. Tant que les Atlantis seraient en vie, Bratulos ne sera jamais libre. Mais il ne voulait pas dire la vérité à Chen. Alors, il lui fît un sourire ironique et lui dit :

-Faisons en sorte que nous soyons libres.

Bratulos marcha vite. Chen peinait à le suivre. Il avait du mal à marcher avec toute cette neige. Ils arrivèrent rapidement dans la forêt. Bratulos toucha les arbres et leur communiqua ses pensées. Il entendait leurs voix. Bien sûr, Chen ne les entendait pas. Il devait se demander ce qu'il faisait à toucher les arbres. Bratulos marchait et ne prêtait plus aucune attention à Chen. Il était concentré. Il entrait en symbiose avec la forêt. Il n'entendait plus ce que disait Chen.

Ils s’enfonçaient toujours plus profondément dans la forêt. Après plusieurs heures, Chen s'arrêta sur un tronc d'arbre et mangea. Soudain, Bratulos se retourna et demanda à Chen de s'enlever du tronc. Chen se leva tranquillement à la demande du Meusia. Il s'assit alors sur le sol et mangeait seul. Bratulos continuait à marcher. Voyant cela, Chen se dépêcha de manger. Il ne voulait pas se séparer. Chen lui demanda pourquoi ils continuaient à marcher, qu'ils n'étaient visiblement pas là. Bratulos ne lui répondit pas.

Alors que le zénith était passé depuis un certain temps, ils marchaient toujours. Ils arrivèrent alors devant un grand arbre. Il était beaucoup plus grand que les autres. Chen s'arrêta lorsqu'il le voyait. Il se demanda comment il avait fait pour vivre juste à côté et ne l'avoir jamais vu. Bratulos s'avança jusqu'à être à cinq mètres devant lui. Puis, il lui fit une révérence. Il alla jusqu'à baiser ses racines. Au contact de ce dernier, Bratulos eut un électrochoc. Un souvenir...

Il voyait un Bratulos marchait dans cette forêt. À ses côtés, il y avait une ombre, comme celle sur le bateau. Il put entendre ce que disait l'ombre :

-Si tu veux sortir et être libre, il te faudra briser la boucle.

-Mais comment le saurais-je ?

-Dans ce monde, c'est moi qui dicte les règles. Donc vit ta vie et réagis normalement. Je ne peux pas t'aider plus, c'est à toi de faire le reste. N'oublie pas, nous avons investi beaucoup sur toi. Alors ne nous déçois pas, Clément.

Puis l'ombre disparut. Le Bratulos, ou plutôt Clément partit en direction d'un village. Ce n'était pas exactement un village, c'était plutôt une tribu. Les maisons étaient en terre crue. Puis, il revenait à lui, dans son monde à lui.

Que pouvait bien signifier cette vision. L'ombre était peut-être un dieu. Ses paroles étaient ambiguës. Clément, ce prénom... Et cette liberté...

Bratulos salua le grand arbre et repartit dans la direction opposée à celui-ci. En passant à côté de Chen, il lui mit une main sur l'épaule en lui disant de le suivre. Le borgne marchait d'un pas sûr à la recherche de vérité.

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