Chapitre 19 (Les rêves les plus fous) Partie 3

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***

J'enfilai cette robe qu'on me demanda de porter, une robe d'un jaune canari, recouvrant mes jambes en entier et même mes pieds. Cette robe était si longue. Je ne devais porter aucune chaussure, donc j'étais nu pied. Avec cette robe, je devais porter un somptueux bijou avec de faux diamants, bien assurément. 

Pour l'instant, le maquillage n'était pas nécessaire puisque ce n'était qu'une simple pratique. 

Voilà en quoi consistait la troisième pratique de ce soir. L'essayage des costumes et la pratique de certains passages de nos textes. 

La dernière chose qu'on me demanda de mettre pour mon costume, c'était la perruque. Je devais avoir les cheveux brun foncé et mi-long, comme Esméralda était décrite dans l'histoire. 

Deux femmes s'étaient jointes à nous lors de l'essayage de nos costumes. Elles étaient très chaleureuses avec nous. 

J'étais de dos à un miroir lorsque la femme, qui s'occupait de mon costume, venu vers moi avec la perruque en question, juste après avoir enroulé mes cheveux dans un filet pour éviter d'y avoir des mèches qui retombent et pour plus de facilité à l'enfiler. 

J'étais certaine que ce truc serait horrible sur moi. 

La jeune femme enfila délicatement la perruque sur ma tête puis la plaça correctement ensuite. 

Après cela, elle se recula et me contempla de la tête au pied. 

-ça alors, tu es magnifique, m'avait-elle dit, si éblouit. 

-Vraiment? Lui dis-je, certaine qu'elle ne me disait cela uniquement pour me faire plaisir. 

-Tu peux te retourner, me proposa-t-elle pour que je puisse me voir dans le miroir. 

Je me retournai alors très tranquillement vers le miroir qui était juste derrière moi. 

Était-ce aussi jolie que cette femme le disait? 

En voyant mon physique dans ce miroir, vêtu de cette robe exquise qui m'allait à merveille, comme si elle avait été conçu pour moi, et ces cheveux... je n'étais pas ce genre de fille qui arrivait à se dire qu'elle était jolie, du moins, pas à un point d'en avoir un choc. Mais à ce moment où je me voyais, c'était entièrement autre chose. J'étais une grande femme élégante, ressemblant exactement aux caractéristiques physiques d'Esméralda. C'était ce que je voyais. 

Contrairement à ce que je m'étais dit dans ma tête, cette couleur de cheveux, brun, presque noir, m'allait aussi bien que ma couleur naturelle, blond clair. Je ne pouvais pas mentir, j'étais éclatante. J'avais le sentiment de renaître dans la peau d'une toute autre personne, dans les années de cette guerre sanglante.

Malgré la misère de ce temps, j'aurais pu tout donner pour vivre dans cette époque, me retrouver là où le monde n'avait pas encore évolué, là où rien de la technologie n'existait et là où les gens ne pouvaient utiliser les réseaux sociaux pour détruire les gens autour. Là où les gens avaient les pieds sur terre, là où on ne parlait pas d'un monde sans avenir, là où tout était vrai. Ils faisaient partit d'un monde plus logique, plus humain que celui d'aujourd'hui. C'était ce que ce costume reflétait en moi. 

Je pouvais me dire très bien placé pour ce rôle, autant physiquement que pour le chant.

 

-Et puis? Me demanda la femme, attendant que je dise quelque chose. 

-Je suis... magnifique. C'est dingue, on dirait une toute autre personne, lui dis-je avec un grand sourire.

 

La femme rigola en me voyant si émerveiller devant ma propre personne. 

-Tu as raison, on dirait que cet ensemble a été conçu pour toi. 

-Oui, il me va parfaitement. 

Je ne pouvais détacher les yeux de ce miroir tellement je me sentais différente, croyant y voir le reflet d'une autre personne. 

En me scrutant ainsi dans la glace, j'aperçue derrière, se tenant, habillé toujours aussi élégamment, Nick. Il me fixait, éblouit par ce qu'il voyait. Je me retournai donc vers lui pour qu'il puisse me contempler en entier, de face à lui. 

Il était réellement sur une autre planète. 

-Qu'en penses-tu Nick? Lui demanda la femme, celle qui m'avait donné un coup de main pour mon costume. 

-Elle est... resplendissante. 

Je souris en l'entendant dire ceci. 

Aujourd'hui, je devais pratiquer mon solo, celui de la chanson que j'avais écrite, parce que oui, la chanson thème était achevée. Nick et moi avions travaillé comme des fous pour la concevoir.  À présent qu'elle était terminée, il était temps de la mettre en pratique. 

***

Je suis sortie par l'autre porte du local, et je m'en souviendrai comme si c'était arriver hier. Mon cœur était déchiqueté par la peine, la colère, l'incompréhension. Je n'étais pas sortie par la porte principale du local justement pour éviter qu'il me voie dans cet état. Je n'aurais pas voulu le voir à ma poursuite. 

***

Je m'avançai vers Nick, m'attendant près de la porte. Il me regardait de cette façon dont il le faisait toujours, comme depuis le début. Malheureusement, nous devions nous en réduire à de simple regard. Nous n'étions pas un couple ici. Malgré cela, chacun de notre côté, nous faisions tout notre possible pour ne pas fondre sur les lèvres l'un de l'autre, ce qui était plus difficile que jamais. 

-Qu'est-ce qui nous retiens? Me demanda-t-il.   

-N'oublie pas, nous ne sommes pas un couple. 

-Si ce n'était pas de ça, alors je t'embrasserai sur le champ. 

Je lui souris puis je passai à côté de lui tout en nous regardant toujours tous les deux. Nick me regarda de la tête au pied et je savais que des idées indécentes se formaient dans sa tête. J'en avais tout autant. 

Il était maintenant le temps de ma pratique. 

***

Deux hommes se trouvaient derrière cette porte. Je crois que c'était deux techniciens. Je passai à côté d'eux, les larmes inondant mon visage et le peu de mon mascara que j'avais mis coulait sous mes yeux. Ces deux hommes me dévisagèrent, voyant que je pleurais et que j'étais dans tous ces états. Je les ignorai. 

Je croisai cette dame en chemin, celle qui m'avait aidé pour mon costume. Elle m'avait vu, encore, j'ai tout de suite voulu la semer. 

-Taylor? Me demanda-t-elle, voyant que je semblais avoir un problème. 

Je passai à côté d'elle en courant, l'ignorant elle aussi. 

-Taylor? Me répéta-t-elle. 

Je ne me retournai pas. 

Je devais sortir d'ici. J'étais oppressé à l'intérieur de moi. Mon souffle était retenu. J'étais incapable de respirer correctement. Je me demandais même comment j'arrivais à courir encore. 

***

À l'avant, sur cette petite scène, qui ne servait que pour les pratiques, le regard de tout le monde rivé sur moi, l'anxiété commença à grimper. Je n'étais pas si nerveuse au début, mais maintenant qu'il était venu le temps de chanter, c'était différent. 

Je pense que Nick avait discerné mon angoisse, parce que je le vis me faire un signe, un signe qui voulait dire: relax, tout va bien aller

Gabriel n'avait fait que lire la composition, néanmoins, il ne connaissait pas encore la mélodie, et il ne savait pas non plus que j'avais travaillé avec Nick sur ce projet. Mais ça, il ne le saura jamais. Cependant, pourquoi ça me rendrait angoissé? Je ne devais avoir aucune crainte puisque Gabriel avait adoré ce qu'il avait lu dès le départ quand je lui aie montré. Avec lui, je ne devais pas m'en faire. Tout ce que je lui apporterai lui plaira toujours. 

Le signe de Nick me redonna un petit sourire. Je n'avais qu'à imaginer être seul avec lui dans cette salle. Imaginer qu'il était le seul à m'entendre. Uniquement lui et moi. Cette façon m'aidera sûrement, comme la dernière fois lors des auditions, à chanter du mieux que je pouvais sans me soucier des regards des autres. Donner mon 100%.

-Taylor, m'interpella Gabriel.    

-Oui monsieur? Dis-je en détournant mon regard vers lui. 

-Après toi, me donna-t-il le signal. 

Une grande inspiration, puis je débutai... 

***

Je poussai la porte et me retrouva désormais à l'extérieur, toujours démuni de chaussures à mes pieds. J'avais tout laissé à l'intérieur, sac à dos, mes vêtements... Les lampadaires illuminant le stationnement à l'avant de l'école, je courus sans vouloir m'arrêter, retournant chez moi. Mes pieds étaient meurtris par l'asphalte et les petites roches sur le sol, mais je n'en ressentais pas la douleur tant mon esprit était chambouler par quelque chose de plus important. 

Je croyais qu'elle était une ennemie pour nous. Je croyais qu'il avait oublié. En conséquent, on dirait bien que je m'étais trompé. N'arrivait-il donc pas à l'oublier? Dans ce cas, s'il n'y arrivait pas, alors je devrai lui imposer un choix. Il ne pourra pas nous avoir nous deux. 

***

Il a dit: sortons d'ici

Roulons hors de la ville

Loin de la foule

J'ai pensé que les cieux ne pouvaient plus me venir en aide maintenant

Rien ne dure à jamais

Mais ceci va m'achever

Il est tellement grand et tellement beau

Il est tellement mauvais mais il le fait si bien

Je peux voir comment ça se finira alors que l'histoire commence

Ma seule condition est...

Dis-moi que tu te souviendras de moi

Habillé dans une jolie robe

Regardant vers le soleil couchant

Les lèvres rouges et les joues roses

Dis-moi qu'on se reverra, même si ce n'est que dans tes rêves les plus fous

Les rêves les plus fous

***

Alors que je courais, semblant me retrouver dans un endroit où tout s'était arrêté pour moi, je repensais à ma chanson, celle que je chantais juste avant d'être anéanti. Cette chanson avait été écrite spécifiquement pour Out of Africa, mais en y pensant... y avais-je écrit l'avenir de Nick et moi dans cette composition? En fait, l'avions nous deviner ensemble inconsciemment? J'avais le pressentiment que c'était bien le cas. Tellement grand... si beau... tellement mauvais... c'était la description parfaite de l'homme avec qui je partageais ma vie. Je lui faisais confiance, je voulais lui faire confiance, mais quand je l'ai fait, un autre drame s'enchaînait. Avec ce qui venait d'arriver tout à l'heure, j'avais bien peur que Nick ait à nouveau perdu mon assurance envers lui. La confiance que je croyais avoir retrouvé en me réconciliant avec lui. Malencontreusement, il avait quand même trouvé un autre moyen de briser cette confiance fragile, depuis la rupture avec A.J.

*** 

J'ai dit que personne ne devrais savoir ce que nous faisons

Ses mains sont dans mes cheveux, ses vêtements sont dans ma chambre

Et sa voix est un son rassurant

Rien ne dure pour toujours

Mais ça commençait à s'arranger

Il est tellement grand et tellement beau

Il est tellement mauvais mais il s'y prend si bien

Et quand nous avons eus notre tout premier baiser

Ma dernière demande était...

Dis-moi que tu te souviendras de moi

Habillé dans une jolie robe

Regardant vers le soleil couchant

Les lèvres rouges et les joues roses

Dis-moi qu'on se reverra, même si ce n'est que dans tes rêves les plus fous

Les rêves les plus fous

***

Je n'aurais peut-être pas dû lui faire confiance de nouveau. Mais comment aurais-je pu savoir qu'il m'aurait fait du mal une seconde fois? Seulement, serais-je capable de pouvoir lui pardonner encore? Le pire dans tout ça, c'était qu'il ne se rendait pas compte de l'affliction qu'il venait de faire. Il ne savait même pas que j'étais partit, que j'avais quitté la pratique. Il ne le verra que dans très peu de temps, lorsqu'il remarquera mon absence.  

***

Tu me verras avec du recul

Je me suis emmêlé avec toi toute la nuit

Brûlant tout ceci

Un jour quand tu me quitteras

Je parie que ces souvenirs te suivront partout

Tu me verras avec du recul

Je me suis emmêlé avec toi toute la nuit

Brûlant tout ceci

Un jour quand tu me quitteras

Je parie que ces souvenirs te suivront partout

Dis-moi que tu te souviendras de moi

Habillé dans une jolie robe

Regardant vers le soleil couchant

Les lèvres rouges et les joues roses

Dis-moi qu'on se reverra, même si tu ne fais que le prétendre...

Je ne pus continuer la fin de ma chanson parce que tous les regards se détournèrent de la scène d'où j'étais, faisant ma performance, pour regarder en direction de la porte d'entrée du local. Je m'arrêtai alors de chanter et je fis comme eux. 

Mon cœur chavira. Cette personne qui entra dans le local me fit aussitôt descendre de cette scène pour aller la joindre. 

Tout était arrivé si brusquement. Paris était entré dans le local et moi je me suis tout de suite jeter vers elle, en furie, ne comprenant nullement sa présence ici. Je sentais que mes mains s'étaient serrées et je savais qu'elle était venue ici pour une seule raison. Gâcher ce moment. Elle avait encore dans l'esprit le vol involontaire de son rôle et désormais elle voulait me saboter cet instant alors que je chantais avec tant d'émotion une chanson pour la pièce. De la méchanceté gratuite. Si j'avais pu, je lui aurais craché au visage, mais bon, je devais bien m'abstenir. 

Malgré qu'elle m'ait attaqué la dernière fois dans la rue et que j'en étais resté légèrement traumatisé, je n'étais pas du tout apeuré aujourd'hui pour lui faire face. Elle n'avait aucun droit de se pointer ici puisqu'elle ne faisait pas partit de la pièce. Elle venait dans mon espace et ça je ne l'accepterai pas. C'est ce qui avait forgé cette assurance pour lui faire face ce soir-là. 

-Qu'est-ce que tu fous ici Paris?! Lui demandais-je avant qu'un autre ait pu lui demander quelle était la raison de sa présence. 

-Et pourquoi je te répondrais à toi? Tu n'es pas celle que j'étais venu voir, commença-t-elle avec cette arrogance que je détestais tant. 

-Parce que tu n'as aucun droit d'être ici!

Gabriel et Nick ne tardèrent pas à venir nous rejoindre. 

ça allait possiblement dégénérer comme à chaque fois que Paris se montrait. 

-Je viens demander des réponses, ça te suffit? N'oublie pas que tu as mon rôle, Taylor, me répondit-elle, toujours d'un ton aussi déplaisant. 

Pff... Son rôle?! 

-Excusez-moi, s'impliqua Gabriel. 

-ça va, je m'en occupe, intervenu Nick. 

Il me fit également un signe pour me dire qu'il se chargeait de Paris. ça tombait bien parce que je n'avais pas le courage de garder plus longtemps mon calme avec elle. 

-Paris, ce n'est pas le moment, lui dit Nick d'un ton plutôt relax pour quelqu'un qui devait stopper une pratique à cause de son ex. 

Son ton plutôt gentil avec elle venu me mettre encore plus en rogne. 

-Fait-la sortir d'ici avant que je le fasse! Ordonnais-je à Nick. 

-Taylor ça va, je t'ai dit que je m'en occupais. 

S'il le disait, dans ce cas, je le laissai s'en charger. 

Nick invita Paris à sortir du local pour qu'il puisse discuter. Elle accepta sans discuter de le suivre jusqu'à l'extérieur. 

Si, par contre, Gabriel avait été celui qui aurait tenté de la faire sortir, ça aurait été une toute autre histoire. Purement, puisque Nick était là, de ce fait, elle voulait passer pour la bonne fille et ne pas faire de scène devant tout le monde. 

Je ne pus m'empêcher de les regarder d'où j'étais pendant qu'ils discutaient ensemble. Au tout début, je pouvais voir que Nick semblait lui faire la morale, mais après, Paris commença à se mettre dans tous ces états et je pense même qu'elle essayait de lui jouer la scène de la victime. Je ne sais pas ce que cette sale manipulatrice lui racontait, mais j'étais quasiment certaine que c'était l'une de ces techniques pour convaincre Nick que j'étais la mauvaise dans l'histoire parce que je lui avais volé son amour et à présent, je lui prenais son stupide rôle dans une pièce. 

Elle était tellement jalouse de moi. 

Encore, Nick avait céder à son jeu de manipulation. J'avais la sensation d'avoir raté un épisode ou je ne sais quoi, parce que Paris s'était jeté soudainement dans les bras de Nick et il n'avait pas hésité une seule seconde à la consoler en passant sa main dans ses cheveux, semblant lui dire des mots doux. 

En voyant cette scène, mon cœur tomba en lambeau. La voir comme ça dans les bras de mon amoureux, et lui... comment pouvait-il me faire ça?! Tout ce qu'elle voulait c'était de me détruire et de m'arracher tout ce que j'aimais le plus et ça, Nick le savait très bien! Il connaissait Paris! Il savait qu'elle était une horrible manipulatrice. Simplement, est-ce que je me trompais? Nick était-il assez idiot pour croire ces mensonges et de consoler Paris après qu'elle lui ait sans doute raconté toute sorte de bêtises? 

Il m'avait promis de ne plus me faire de mal. Je croyais avoir à nouveau confiance en lui. Mais pour une seconde fois, il a fallu qu'il vienne briser ça en laissant Paris pleurnicher dans ses bras à cause de ses faux problèmes qu'elle inventait uniquement pour arriver à ce qu'elle voulait. Pourquoi Nick était-il arriver à la prendre en pitié? Croyait-il que je ne le verrais pas? J'avais une vue superbe moi sur la porte du local. 

Je ne pus assister à cette scène plus longtemps. J'étais dégoûté et anéanti. C'est à cet instant que j'ai dû quitter le local par l'autre porte, mélancolique.  

***

Toujours vêtu de mon costume, j'errais présentement dans les rues, retournant chez moi parce que j'avais été incapable de rester là-bas. ça me faisait trop mal. 

Les gens qui passaient en voiture devaient me dévisager, mais ça m'était égal. Ce n'était pas cela qui m'importait. 

Pourquoi Nick? Comment as-tu osé, franchement? 

Cette consolation qu'il avait donnée si gentiment à Paris démontrait pour moi qu'il avait pitié d'elle. 

Éprouvait-il encore des sentiments pour elle? Il était si stupide d'avoir cru à ses âneries qu'elle lui avait immanquablement raconté tout à l'heure. 

Je suis désolé Nick, mais si tu es capable de ça, alors je ne te ferrai plus confiance. Peut-être même jamais. 

Je comprenais qu'il n'avait pas fait une croix sur Paris. Sa venue à la pratique me faisait penser qu'elle l'avait plausiblement prévu d'avance entre elle et Nick, parce que Nick ne semblait pas si surpris de la voir là. 

Les conséquences de son geste? Il devra me perdre, voilà tout. Je ne pouvais pas vivre avec un homme qui gardait une place pour deux femmes dans son cœur. C'était inconcevable. 

Quand je suis rentré chez moi, mes parents ont tout de suite posés des questions, alarmistes. Leur fille rentrait plus tôt de la pratique, en pleure et vêtu d'un drôle de costume. Je leur aie tout raconté, n'arrêtant plus de verser des larmes. Ma mère et mon père m'avaient réconfortés dans leur bras et ma sœur également s'étaient joint.

Très peu de temps après mon arrivée chez moi, Nick avait tenté de m'appeler à plusieurs reprises, toutefois, j'avais refusé de répondre à ses appels. J'étais loin d'être en état de discuter avec lui. Il m'avait profondément blessé et ça pourrait prendre du temps avant que je veuille lui parler de nouveau. Cette douleur en moi était si prompte. J'avais la sensation que quelqu'un serrait fortement mon cœur dans ses mains, prêt à le réduire en miette. 

Nick avait touché une corde très sensible. 

Quelques heures plus tard, allongé dans mon lit, ayant été incapable de prendre le repas ce soir, j'écoutais maintenant les nombreux messages que Nick m'avait laissés sur mon répondeur. 

J'avais pris le temps de retirer tout ce costume sur moi et j'avais passé un long moment dans le bain, juste avant de descendre dans ma chambre. 

Mes parents me laissèrent du temps pour être seul et j'appréciais leur respect. 

Les premiers messages de Nick me suppliait de le rappeler, fou d'inquiétude et ignorant pourquoi j'étais partit de la pratique sans rien dire à personne. Un autre me disait qu'il avait tout rapporté mes trucs, sac à dos et mes vêtements, et qu'il désirait venir me les porter ici, à la maison. Il me mentionna au passage que Gabriel était très furieux contre moi et que mon costume devait être rapporté au plus tard demain matin, sinon, il sera considéré comme volé et j'aurai de plus grave conséquence. 

Nick me disait-il cela pour détruire mon moral encore plus? 

J'imaginais déjà la suite. Gabriel ne voudra plus me voir jouer dans cette pièce. Il allait me retirer le rôle et le fier à quelqu'un d'autre, peut-être même à cette sale garce, Paris! Mais je m'en foutais plus que tout. Je ne voulais plus ce rôle. Je ne voulais plus revoir personne là-bas, encore moins Nick. Je n'aurais pas la force de continuer les pratiques et de devoir toujours côtoyer Nick, dans ma tête défilant les images de lui et Paris. 

J'envoyai donc un texto à Nick pour lui dire de donner mon sac à dos et mes vêtements à mes parents et de repartir sans insister pour demander à me parler. Pour le costume, j'allais aller le remettre demain matin sans faute et aller m'excuser auprès de Gabriel pour mon départ trop furtif et sans explication. 

Dès que mon message fût envoyé, j'eus un appel de Nick sans tarder. Je soupirai et refusa l'appel. Je laissai ensuite mon portable sur ma table de nuit puis je me retournai sur le côté, me remettant à pleurer. 

Quelques minutes passèrent et on sonna à notre porte. C'était lui, je l'entendais parler et il demandait la permission à mes parents pour pouvoir me voir. 

Je lui avais strictement dit de ne pas le faire! Mais bon, je devais le connaître assez bien pour savoir qu'il n'abandonnera pas aussi facilement. 

Avec cette question, ma mère descendit au sous-sol et avant même qu'elle ait pu entrer dans ma chambre, probablement pour me questionner sur si j'acceptais de voir Nick, je lui répondis: 

-Dit-lui de partir. 

Ma mère s'arrêta. 

-Chérie, je crois seulement qu'il désire avoir des expl...

-Je veux qu'il parte! Lui répétais-je d'un ton plus tenace et me relevant de mon lit. 

Je ne pouvais pas être plus clair que ça. 

-D'accord, répondit-elle simplement, semblant déçu que je refuse de parler à Nick. 

Ma mère voulait sans aucun doute que j'arrange les choses avec Nick, or, pour l'instant, c'était impossible. Cette image n'allait pas quitter mon esprit si volontairement. J'avais besoin de temps pour réfléchir. 

Possiblement que j'en faisais trop et peut-être que je prenais cette situation trop sévèrement, mais mon cœur avait été brisé, point finale. 

J'entendis Nick insister un peu auprès de mes parents, mais heureusement, mon père avait réussi à le faire partir rapidement en lui fermant la porte au nez. 

Je pense que mon père était frustré contre lui. Frustré qu'il ait blessé sa fille. 

Je pouvais l'imaginer ce soir, de son côté, allonger dans sa chambre, ne fermant pas l'œil parce qu'il ne comprenait pas pourquoi je refusais de lui parler. 

Je suis désolé Nick, néanmoins, si c'est ce que tu souhaites tant me démontrer, alors je te rends ta liberté. Tu pourras retourner auprès de Paris tant que tu le voudras parce que c'est terminé pour de bon. N'essaie plus de me ravoir. Reste avec elle. 

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