En finir

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Je ne sais pas combien de temps je suis restée, prostrée entre mes parents. Ma mère sous terre, mon père dans les airs, moi... entre les deux. Je ne sais pas comment j’ai eu la force de repartir à la grange, de récupérer une corde et un tabouret. Je ne sais pas comment j’ai réussi à revenir sur mes pas, réaliser un nœud du pendu avant d’y passer mon cou.

Tout ce que je sais, c'est que la vie ne mérite pas d'être vécue. Tout ce que je sais, c’est que je dois la vie à Symphonie, ma meilleure amie, ayant accouru à notre ferme après avoir vu la dernière vidéo choc de l’association L214 qui dénonçait la condition animale en France.

--- Ah, Symphonie, c’est moi. Un joli nom, hein ?

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Pensées personnelles

Plus qu’un métier ou une passion, l’agriculture est une vie. Nous ne vous demandons rien. Rien… Si ce n’est un peu de respect, du moins ne pas nous mépriser.

Certains continuent de nourir l'espoir futile que vous vous intéressiez à nous, plus que par vos écrans faussant la réalité. Que vous vous rendiez compte du mal-être en milieu agricole.

J’aimerais que vous soyez fiers de nous. Hélas. J’ai cessé de me battre. J’en ai marre. Vous m’avez vaincue.

Dernièrement, j’ai eu la (mal)chance de voir le film Au nom de la terre (25-sept-2019, Edouard Bergeon) au cinéma, le soir, à vingt heures, dans une salle comprenant une petite centaine d’exploitants agricoles (il est utile de le préciser, car ça donne un coucher entre minuit et une heure du matin pour un lever vers cinq-six heures du matin). Je n’ai même pas de mots, pour témoigner du malheur, de la tristesse et de la peine qui nous étouffaient. A la fin du film, la salle était silencieuse comme la mort. Personne n’a bougé pendant un temps horriblement long. Nous n’entendions que les pleurs étouffés de gens touchés par le suicide d'un proche.

En France, un agriculteur se suicide tous les deux jours en moyenne (MSA, 2019).

Je hais une grande partie d’entre vous.
Prenez-le comme vous le voulez.
Vous le méritez.

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Après plusieurs remarques faites sur mon texte (sur Scribay et ailleurs) j'ai réalisé que je dépaignais un tableau bien sombre de la situation. Je ne change pas mon approche, mais j'y rajoute une nuance au sujet des L214, quand bien même ils me répugnent :

Les L214 défendent une noble cause et pointent du doigt les erreurs de notre système alimentaire. Ils veulent une agriculture plus respectueuse et une refonte des droits des animaux. Le fond de leur message est le suivant : ARRETEZ DE MANGER DE LA MERDE ! Sur ce point, nous nous rejoignons.

Entendez par la :

- Réfléchissez à votre alimentation, donnez-lui le budget qu'elle mérite : sortez-vous de la tête que la nourriture est un produit de basse qualité qui ne mérite pas qu'on y mette des sous. Et si vous trouvez que c'est cher, blamez l'oligopole des grandes surfaces qui se permettent de monter les prix pour garder leurs putains de marges et influent les dérives que nous connaissons. Car le reste de la filière alimentaire galère en général. Que ce soient les agriculteurs ou les entreprises agroalimentaires.

- Intéressez-vous à ce qui se produit en local, respectez les saisons : bordel de merde ! Pensez un minimum aux générations futures et comprenez que vous devez faire des sacrifices pour donner un avenir potable à vos enfants. Parce que ça se paye, d'avoir des produits de consommation à tout instant, mais ce seront vos gamins qui le paieront pour vous.

- Privilégiez les marchés, coopératives agricoles, magasins-vrac, etc. aux supermarchés. Influez le changement, car les produits s'adaptent à la société qui les consomment. Vous avez créé ce système. Et je dis bien ''vous'', car personnellement je ne suis pas entrée dans une grande surface depuis des années (sauf exceptions) et je m'en porte très bien. (ah, on rejoint les problématiques emballages-déchets et gaspillage alimentaire, bisous.)

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Pour revenir aux L214, le problème, c'est que leur message donne l'impression que l'agriculture française est monstrueuse, vu qu'ils ne parlent que de ce qui déconne. Prenez l'exemple des abattoirs et de leurs vidéos chocs, ça laisse imaginer qu'on fait globalement de la merde avec nos bêtes, parce qu'il y a certains des gars qui bossent dans les abattoirs qui sont des connards (oui, nous aussi on a notre dose d'abrutis, je ne le nie pas et j'en ai honte.)

Il y a énormément à dire sur les problématiques agricoles qui peuvent se décliner en sous catégories. Qu'on parle de l'élevage, des conditions d'abattage, des modes de cultures (il n'y a pas que le conventionnel ou le bio), sur cette connerie de ''supprimer l'élevage en Fr'', la prise en compte du bien-être animal, etc. Enormément d'études sont réalisées à ce sujet et je vous invite à en prendre connaissance en vous rapprochant :

- des écoles d'agriculture (groupement de la FESIA)

- des sites regroupant les travaux de la recherche (thèse.fr, Le Cairn, OpenEdition)

- des youtubeurs ( un exemple : Etienne, agri youtubeurre, dont l'une de ses vidéos : https://www.youtube.com/watch?v=gmVLEz9iRAs) ==> VOUS LE SENTEZ LA BONNE COMMUNICATION ?!

- des agriculteurs eux-même. Allez vivre en ferme, donnez de votre temps à un exploitant pour l'aider dans la gestion de sa ferme en échange du gite et du couvert (attention aux périodes de moisson, 95h/semaine)

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Bref, sortez vous les doigts du cul.

(raté ! Je me suis encore plus énervée !)

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J'avais prévu de m'arrêter là. Puis, j'ai eu envie de poursuivre la triste aventure de Claire. Le style change, le fond également. La suite est moins inspirée de la réalité, avec beaucoup d'invention même comparé à ce qu'il s'est réellement passé, je ferai un dernière note à la fin pour expliquer mes raisons.

J'espère que vous vous prendrez dans l'histoire !

La bise.

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