Epuisée

de Image de profil de Katia DeryckeKatia Derycke

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L'épuisement...

L'épuisement, ce mal du siècle, indéfini ou indéfinissable... Parfois confondu avec la dépression mais c'est vrai que le fil entre les deux est ténu, fragile, équilibre précaire dans lequel le corps et l'esprit seraient comme deux funambules en mal de repères...

L'épuisement, ce mal compris situé entre le « allez secoue-toi », « un peu de repos et ça repart », « m'enfin quoi, t'es encore fatiguée ? »...

L'épuisement, c'est un tout mais surtout un chemin parcouru trop vite, trop fort, avec trop d'émotions, sans savoir plus rien gérer parce qu'il a fallu trop gérer. C'est un coup d'arrêt du corps, brutal car à force de tirer sur l'élastique, il a fini par céder et une fois cassé, point de soudure possible.

Etre épuisée, c'est regarder autour de soi, trouver chaque tâche trop lourde, baisser les bras là où auparavant, vous auriez soulevé une montagne avec le petit doigt. C'est aussi avoir la tête tellement chargée, tellement remplie et ne plus avoir la force d'appuyer sur le bouton delete pour désencombrer le disque dur.

C'est aussi vivre mille, trente mille, cent millions d'émotions en même temps, comme autant de molécules qui s'agitent avant de parvenir à l'éclatement. C'est comme un bol de liquide chauffé à blanc au micro-ondes, le point de rupture atteint, tout déborde de manière anarchique.

C'est quasiment indescriptible à qui ne le vit pas. C'est source de jugement pour les proches qui ne vous reconnaissent plus. Mais vous-mêmes ne vous reconnaissez plus dans le miroir.

Etre épuisée, c'est avoir tenu trop longtemps, ne pas avoir été à l'écoute mais en sachant que ça finirait par craquer, c'est ne jamais s'arrêter, c'est courir contre la montre, quelle montre en fait ? En permanence tenir debout parce que s'assoeir est un verbe dont la signification s'est perdue dans le grand bal déchaîné des années... Enfants, famille, boulot, métro, train, courses, dévouement, sourire, ne pas oublier le pain et .... et.... et.....

Dans cet échafaudage permanent d'impossible à caser, c'est vivre mille vies en une seule, c'est devenir inhumain ou transhumain à force de persévérances... Pour qui ? Pour quoi ?

Et puis... patatras, un jour, le sens disparaît, les motivations s'estompent, l'envie s'enfuit... Et puis... patatras, un jour, le cri de secours, un jour l'accident, un jour un deuil qui nous pousse à de grosses remises en question...

Un jour, on se réveille avec la conscience nette de s'être oublié, de s'être laissé en chemin, d'avoir été poussé pour des forces inconnues, d'avoir déployé les ailes que d'autres ont rêvé de nous voir pousser...

Un jour, le pourquoi devient tellement énorme qu'on en a le souffle coupé, le vertige nous prend là, ne nous quitte plus, se lever et se coucher avec cet immense interrogation sous les pieds.

Un jour, le cri de secours se transforme en repos, en recherche, en quête de soi-même, en chemin de vie.

Un jour, la survie prime là où d'autres parfois sont allés jusqu'à la lie, sont tombés au champs d'honneur d'une vie qui ne fut pas vraiment la leur, vie empruntée, dealée, délaissée, et quittée pour de bon parce qu'ils n'ont pas su écouter les appels de détresse d'un corps malmené.

Alors, à tous ceux qui ne comprennent pas, qui n'essaieront même pas, qui s'en foutent, qui jurent que, eux, ça ne leur arrivera jamais, qu'ils ont la chance de... j'ai envie de crier « tant pis » et j'ai même un peu pitié quand je les vois là, accrochés aux branches en train de céder... Alors à tous ceux qui se vantent, les « moi jamais » ou les donneurs de leçon, j'ai juste envie de tourner le dos, de passer mon chemin puisque nous ne serons plus jamais sur la même route...

Alors, à tous ceux qui suivent cet étrange chemin de vie, dont les pavés ont cédé, qui sont là, sans bouger, qui tentent de récupérer quelques maigres forces vitales, j'ai envie de dire que la vie est belle à qui sait la regarder. J'ai envie de les inviter à flâner en admirant les paysages, la qualité des couleurs, le douceur de l'air ambiant, la beauté d'un rayon de soleil, les jours de lune apparente en plein jour.

A tous ceux qui savent, qui vivent, qui ressentent et ne seront plus jamais des robotisés de l'âme jugeante, je crie, bienvenue dans mon jardin, je vous accueille dans la joie de l'esprit apaisé.

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