Pour le bien de tous

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Quand nous sommes revenus au bureau avec nos sandwichs, vers une heure de l'après-midi, flottait dans l'air le doux parfum de l'aboutissement. Nous avions tout : suspects, mobiles et liens. Pour une fois, tout collait. Pas de règlement de compte en vue, non, plutôt une affaire de chantage. Ouadan avait peut-être voulu faire pression sur la mairie, sachant quel deal Montanet avait passé avec lui, et à quelles fins. Le caïd avait peut-être gardé quelque chose de la visite de Rossel...

En début d'après-midi, une dernière info acheva de conforter dans nos hypothèses.

Deux coups de fils successifs passés en janvier 2016. Ouadan avait bien contacté l'élu. Le premier numéro intéressant était celui du secrétariat du maire. Le trafiquant s'était vu, en toute certitude, refuser l'aboutissement de son appel. Un autre coup de fil, quelques minutes après seulement, mais entrant, celui là : numéro inconnu. Qui avait recontacté Ouadan ?

Nous avons monté le dossier, annexé l'ensemble des éléments dont nous disposions. Vers dix-huit heures, nous sommes montés voir Lafarde.

Et nous avons été reçus.

Une autre personne était là.

Félange et moi avons échangé un regard ; nous avions compris la même chose.

« Bonjour. Gaëlle Keller, sûreté.

Un silence lourd s'installa, il dura bien trop longtemps.

  • J'ai cru comprendre que vous étiez sur une affaire complexe. J'ai ici quelques éléments qui pourraient vous faciliter la tâche.

Elle ponta du doigt un maigre dossier de quelques pages, déjà ouvert sur le bureau de Lafarde.

  • Dans cette poche vous trouverez les documents incriminant Hamir Benhassan. Il a avoué le meurtre de Maurice Rochard ainsi que celui de sa femme, et de sa petite-fille.

Je jetai un oeil sur le profil du suspect.

  • Ce n'est pas l'homme qui a tenté de me tuer à Paris, dis-je.

Keller me regarda, un voile noir passa entre son visage et le mien.

  • Peut-être avez-vous mal vu. Peut-être étiez-vous en état de choc, peut-être étiez-vous trop omnibulée par votre suspect pour y voir quelqu'un d'autre.
  • Ça fait beaucoup de "peut-être", vous ne trouvez pas ? Intervint Félange.
  • Ne vous mêlez pas de ça. Dans cette affaire, vous ne semblez pas être l'élément le plus actif de la Police Nationale, Monsieur Félange.

Elle avait dit ça sur un ton menaçant. Félange allait répondre quand je lui fis un geste sec de la main, et se ravisa.

  • Benhassan a été interrogé par nos services, il a tout avoué, reprit Keller.
  • Nous avons ici des indices troublant sur l'implication de la mairie dans un accord qui aurait été passé en 2013 avec le trafiquant Foued Ouadan, ainsi que ses liens supposés entre l'actuel maire et un dénommé Swann. Nous ne pouvons pas ignorer cette piste.
  • J'ai connaissance de cette hypothèse. Elle n'est plus recevable. J'ai ici l'acte de décès de l'homme que, je crois, vous recherchez.

Elle me tend un papier sur lequel, effectivement, sont indiqués le nom d'Antoine Rossel et la date de sa mort. Je suis déjà blême quand je la passe à Félange.

  • C'est... c'est impossible.
  • Pour le bien de tous, je vous conseiller d'abandonner cette piste, elle ne vous mènera nulle-part. Je vous souhaite une bonne journée. »

Elle prend congé.

Lafarde ne prend même pas la peine de consulter le dossier que nous lui avions préparé.

« Félange. Lande. Exécution. »

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