Comme une enclume

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L'appartement avait été passé au peigne fin.

Aucun élément ne reliait le triple meurtre à un suspect déjà identifié dans la base. De ce côté-là, c'était le flou total. Ça faisait maintenant près de trois jours que nous avions découvert la scène. Tout ce qu'on savait, c'est que les téléphones avaient disparu, et que les douilles avaient été ramassées. Il fallait admettre que si la piste du milieu semblait crédible, un tel perfectionnisme était plutôt rare. Mon poste se mit à sonner.

« Lande. C'est Antoine. On a terminé notre rapport. Je t'appelle, car il y a un truc... disons, bizarre. »

Je fis signe à Félange et mis Antoine sur haut-parleur.

« Le disque dur de l'ordinateur a disparu. Ça ne colle pas. »

Effectivement, quelque chose clochait. Le portrait ne correspondait pas. On voulait faire croire à un règlement de compte quand l'opération avait été en réalité menée avec méticulosité. Car en plus d'avoir froidement abattu les locataires de l'appartement, on avait pris le temps de fouiller et de faire le ménage, informatique comprise, le tout avec une certaine discrétion. Sans cette voisine insomniaque et parano, les Rochard seraient peut-être restés des jours comme ça.

Au point mort, je décidai de tâter un peu le terrain.

« Ça me fera l'occasion de visiter un peu », dis-je à Félange qui attrapa les clés de notre véhicule de service.

La Peugeot avala la dizaine de kilomètres qui nous séparaient de la cité en une vingtaine de minutes. Arrivés sur place, un groupe de jeunes à peine adultes nous attendait, squattant au pied des murs graffités. L'un d'eux croisa mon regard. Je n'y vis pas la même chose que dans celui des autres. Un courant glacial me parcourut le dos, remonta jusque derrière mon front. Je portai la main à mon crâne.

« Quelque chose ne va pas, Lande ? »

Des yeux, j'affirmai à Félange que tout était OK.

« On va aller voir les gars du collectif. Ils ont un local dans le coin, pas mal d'habitants y passent. C'est une asso financée par la ville qui fait dans l'animation locale, mais c'est pas pour la qualité de leur boulot que le maire les soutient... »

Qu'est-ce que ça voulait dire, cet air entendu ?

« Ils nous refilent régulièrement des tuyaux. Et ils rancardent pas mal les renseignements sur tout un tas de trucs. Mais ça, les habitants sont pas censés le savoir. » Nous nous enfonçons entre les immeubles. L'atmosphère est lourde comme une enclume. « De temps en temps on passe faire coucou, comme ça ils peuvent prendre un air outragé devant les gens. Ça les crédibilise. »

Nous arrivons devant le local. Félange pousse la porte.

« Après toi. »

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