Faux-semblant

2 minutes de lecture

José est un grand type baraqué aux allures de déménageur. Le genre qu'on préfère avoir de son côté quand les choses tournent mal. Quand il nous voit arriver, il se met à hurler.

« Encore vous ! Vous en avez pas marre de venir m'emmerder à chaque fois qu'un truc se passe ? Ça vous dirait pas d'aller bosser un peu et de trouver l'enflure qui a fait ça, plutôt que de venir me casser les... »

C'est un peu surjoué, mais suffisant pour que les quelques personnes présentes, en train de discuter autour d'un café, se mettent à nous toiser avec méfiance. Dans un coin, un animateur joue à la console avec deux gamins qui passent le temps comme ils peuvent.

José nous emmène dans son bureau, loin des oreilles indiscrètes. Il ferme avec précaution la porte derrière lui.

« Bon. Pour Maurice, j'ai pas grand-chose à vous dire. Zéro info. Rien n'a fuité. C'était bien la dernière personne qu'on s'attendait à voir partir comme ça. Même les dealers l'aimaient bien, putain ! Et sa femme... Et la gamine...

  • T'as rien vu, rien entendu, donc.
  • Que dalle. T'es nouvelle, toi ?
  • Je te présente Lande, José. Ma nouvelle collègue.
  • Enchantée... Quelqu'un d'autre dans le quartier pourrait savoir quelque chose ?
  • Radio chouf. À part quelques guetteurs, je vois pas, non.
  • Et vous en connaissez ?
  • Non, ça fait que vingt-cinq ans que j'habite ici... Va pas croire que même si c'était le cas, je te les aurais donnés. Deux flics sortent d'ici et repartent avec des sentinelles, tu veux qu'on me retrouve avec de la chevrotine dans le cul ou quoi ?
  • Ça veut dire "trouve-les toi-même", Lande.
  • Merci Félange. »

Nous sortons du bureau. Le gamin de tout à l'heure, celui à qui j'avais trouvé un air étrange, est en train de discuter avec un type d'une vingtaine d'années. Nos regards se croisent à nouveau. Je sens la frayeur monter en lui. Soudain, il ouvre une fenêtre et s'y faufile. J'avise Félange, qui se lance à sa poursuite. Je bouscule une femme, sors et contourne le bâtiment pour essayer d'intercepter l'enfant. Je manque de glisser, retrouve l'équilibre. L'autre me crie des directions que je ne comprends pas. Je ne connais pas assez bien le quartier.

J'y vais à l'instinct.

Je sens mon cœur tamponner ma poitrine, ma respiration haletante, le froid pénétrer en profondeur mes poumons en surchauffe. Ça fait mal. Mes genoux s'activent toujours plus vite. Je le vois. Foulées rapides mais courtes. J'approche, je l'ai presque...

Félange déboule sur ma gauche, plonge. Le gosse est plaqué au sol.

Dans son regard paniqué je lis presque un soulagement.

Je reprends mon souffle.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 3 versions.

Vous aimez lire Jérémie-V ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0