Industrie

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 — Faut y aller, là.

 — T’es malade ? On n’a pas de masque.

 Le long corridor voyait danser des volutes d’une fumée fine et éparse, comme si des tourbillons de vent troublaient la quiétude d’une brume prête à se lever.

 — T’es pas capable de retenir ta respiration ?

 — Et s’il y a de la fumée de l’autre côté aussi ?

 Dimitri, malgré son aplomb apparent, mesurait parfaitement le danger. Il était prêt à tout pour découvrir la vérité. A tout, sauf à avoir une mort de plus sur la conscience.

 — Reste-là si tu le sens pas. Moi, j’y vais.

 Il y alla. Il courut en se recouvrant le nez avec l’intérieur du coude. Il entendit son camarade venir à sa suite. Soulagé de ne pas avoir à affronter seul les révélations du laboratoire, il prit à droite une fois arrivé au bout du couloir. Mauvaise nouvelle. La fumée était plus épaisse ici, et le chemin bien plus long qu’avant de tourner pour parvenir jusqu’au sas. Dimitri pressa le pas. L’effort n’arrangeant rien, il sentit le besoin d’inspirer. Hors de question, s’il ne voulait pas finir comme eux. Alors qu’il commençait à percevoir les lumières du sas, il se sentit défaillir. Il était épuisé.

 Pouvoir pénétrer dans l’établissement l’avait usé physiquement et nerveusement. Cette dernière épreuve était la pire. Il contracta son ventre et tous ses muscles au maximum. Erreur. Cela accélérait le flux sanguin et donc, le besoin en oxygène. Il parvint finalement au sas. Il lui fallait encore taper le code, pénétrer à l’intérieur, attendre son ami et refermer les portes. Celles-ci s’ouvrirent alors qu’il commençait à tourner de l’œil. Il tomba à la renverse, souffla puis inspira un grand coup avant que la fumée ne gagne la petite pièce. En se retournant, il fut surpris de ne voir personne débouler. Aucune trace d’Edgar.

 Sans doute avait-il préféré faire demi-tour au tournant, en voyant l’état du second couloir. C’est donc seul que Dimitri put voir ses pires craintes se matérialiser. De l’autre côté du sas, une immense salle des machines, dans laquelle des bras mécaniques articulés tantôt dépeçaient des cadavres humains, tantôt leur greffaient des morceaux de ferraille à la place des organes. Des milliers de corps étaient soigneusement alignés en de multiples rangées.

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