Chapitre 10

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Le réveil est difficile, l’infirmière est obligée de venir me réveiller par trois fois avant que mes yeux concèdent à s’entrouvrir et mes jambes à sortir du lit. C’est la tête dans le brouillard que je m’habille et me dirige vers le réfectoire où je m’assois à une table en attendant le reste du groupe. C’est Nicolas qui me rejoint le premier.

« -Salut ! » Dis-je.

Il répond à mon salut mais ne développe pas la conversation, ce qui fait qu’au bout de cinq minutes, on ne sait toujours pas adresser un mot.

« -Comment tu vas ? Dis-je, en tentant une nouvelle fois d’entamer une conversation.

-Bien ».

C’est tout ? Je pousse un soupir et laisse tomber l’idée de discuter avec lui. J’attends avec impatience le reste du groupe pour qu’ils brisent ce silence pesant.

« -Et toi ? »

Je lève la tête de mon petit déjeuner. Ai-je rêvé ou il vient de m’adresser de lui-même la parole ? Je pense car il me fixe en attendant ma réponse.

« -Bien, merci. Dis-je légèrement stupéfaite.

-Tu es rayonnante ! Il s’est passé quelque chose ?

-Euh… Pas vraiment, je me suis juste évanoui à la fin du nouveau test du docteur Logan. J’ai passé la nuit à l’infirmerie.

-Et il ne s’est rien passé cette nuit ?

Je deviens méfiante. Sait-il que j’ai vu Sébastien ? Je sais que le reste du groupe ne l’apprécie pas.

-Désolé, je m’occupe de ce qu’il ne me regarde pas. Tu as juste l’air … contente, comme s’il s’était passé un truc cool.

-Ouais, on peut dire que c’était… comment tu dis déjà… cool ? » je lui réponds avec un sourire, qu’il me rend.

La salle est devenue bruyante pendant que je discutais avec lui. Il m’a l’air très observateur. Le reste du groupe arrive et nous entamons les nouvelles du jour. Apparemment ils ont tous eu le même genre de test que moi mais aucun ne s’est évanoui. Bien sûr Natasha ne s’est pas privée d’un ou deux commentaires bien placés sur le sujet. Il n’empêche que grâce à ma faible constitution (toujours d’après elle) je suis libre toute la matinée. Je suis en train de faire mon planning matinal quand une main ferme attrape mon épaule et m’entraine à l’autre bout de la pièce. J’ai juste le temps de voir la surprise sur le visage de mes amis avant de tomber nez à nez avec des yeux écarlates que je vois un peu trop souvent à mon gout.

« -Sébastien ! Tu es déjà remis ! Comment tu vas ? Quoi ?! Qu’est-ce qu’il y a ? »

Son visage est complétement différent du visage amical qu’il m’adressait hier soir.

« -Comme si tu ne le savais pas !! Je me disais bien que c’était étrange que tu te déplace juste par hasard hier soir !!

-Mais de quoi tu parles ?!! Je ne comprends pas !

-Arrête ta comédie, c’est bon maintenant ! Je pensais que tu étais intelligente ! Tu pensais peut-être que je ne devinerais pas que c’est toi !

- Calme-toi et explique-moi ce que tu veux dire !! »

Je ne comprends pas où il veut en venir. Qu’est-ce que j’ai bien pu faire pour le mettre dans un tel état de rage. J’entends glousser derrière moi, en me retournant, je vois deux garçons passer devant nous et qui nous lance un regard moqueur.

« - Alors !! On a fini de pleurer sa « moman » ??!!!! » cria un garçon en imitant un bébé en train de pleurer.

Il semble légèrement plus âgé que nous et regarde dans notre direction. Je suis surprise de voir que certains gestes immatures ont réussi à faire leur place dans un lieu comme celui-ci, puis la lumière se fait dans mon esprit. Je comprends pourquoi Sébastien est fou de rage. C’est de lui que s’adresse toutes ses moqueries. Le seul moment où je les vu pleurer c’était hier soir.

Où JE l’ai vu. Oh non !

« -Ce n’est pas moi !! Lui dis-je en me retournant de nouveau vers lui. Jamais je n’aurais raconté ce genre de choses ! Et pour quelles raisons ?! Il doit forcément avoir une autre explication.

-Ah ouais !! Alors dis-moi comment se fait-il que tout le monde soit au courant, sachant que la seule personne qui m’ai vu hier et qui aurait pu lancer cette rumeur est devant moi.

-Tu ne crois quand même pas…

-Si justement ! J’ai été bien bête de te faire confiance. J’ai été trompé par ton visage d’ange innocent mais finalement tu n’es qu’une garce !! Tu as manigancé un sacré plan avec tes amis ! C’est Lucas qui te l’a demandé ?

-Ils n’ont rien à voir avec ça. Je ne leur ai rien dit. Et même s’il m’avait demandé quelque chose de ce genre, j’aurais refusé !

-Mais bien sûr ! Vous suivez Lucas comme son ombre, vous n’osez pas le contredire. Ne me dit pas que ce n’est pas vrai ?! Crois-moi que tu vas le payer !! »

Je suis choquée de ces accusations et déçu de sa réaction. A - t-il si peu d’estime et de confiance en l’amitié que je lui porte, même si celle-ci est récente. La déception fait place à la colère et je rétorque:

« -Très bien !! Si c’est toute la confiance que tu portes à notre amitié, je n’en veux plus ! A quoi bon être amis si aux premières difficultés tu ne crois pas en mon innocence !

-Quoi ?! C’est trop facile ! Tu continues à nier ton forfait et en plus tu veux me faire porter le chapeau ! Si ça peut te rassurer, je ne t’ai jamais considéré comme une amie ! Juste comme une pauvre fille naïve et facile à berner ! »

Ses mots me blessent car je ne sais plus s’il dit ça sur le coup de la colère à cause de son orgueil blessé ou simplement parce que c’est la vérité. Regarde le dans les yeux et tu sauras s’il dit la vérité. Après tout, il n’y a que la vérité qui blesse, me dit la petite voix de ma conscience.

Je la fais immédiatement taire. Je ne veux pas y penser. Je ne suis plus qu’une boule de sentiments blessés. Et avant que je me rende compte de mon geste, ma main effectue un arc de cercle en direction de la joue de Sébastien. Pendant un instant il est surpris de la gifle que je viens de lui donner. Enfin « gifle » est un grand mot, disons plutôt que j’aurai eu l’intention de lui caresser la joue cela aurait donné le même résultat.

« -Espèce de salo… ! Commença-t-il fou de rage, ses yeux lançant des flammes de haines.

- Tais-toi ! Tu n’as plus rien à dire ! Je ne veux plus t’entendre ».

Avant de me retourner je le vois juste se contenir pour éviter de me passer à tabac. Les surveillants ont commencé à se rapprocher. Je rejoins mon groupe qui n’a pas bougé.

« -Qu’est-ce que ça veut dire ? me demande Lucas.

-Je n’ai pas envie d’en parler.

-Ce n’est plus une question d’envi. Je t’avais dit de ne pas t’en approcher. Il est dangereux !

-Je ne suis pas obligé de t’obéir !! Criais-je. Tu as le droit de me mettre en garde, mais certainement pas de diriger mes faits et gestes ».

Ma colère retombe quelque peu quand je vois le visage choqué de Lucas. Après tout il n’y est pour rien. Je viens de perdre une personne à qui, malgré le fait que je la connaisse peu, je tenais. Je n’ai pas envie d’en perdre une autre.

« -Excuse-moi, je n’ai pas envie d’en parler maintenant. Peut – être plus tard ».

Je range mon plateau et me dirige vers la sortie.

« -Où est ce que tu vas ? me demande Thomas. Tu n’as pratiquement rien mangé.

-Je n’ai plus faim. Je vais à la bibliothèque. A plus tard ».

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