Chapitre 11

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Tout en me dirigeant vers la bibliothèque, je réfléchis à ce qui vient de se passer. Il est vrai que seul Sébastien et moi étions au courant de mon escapade d’hier soir. Des larmes de colère commencent à me monter aux yeux mais je les réfrènent vite. Je suis dégoutée, on avait enfin fait un pas en avant et du jour au lendemain, plus rien. Il y a forcément une explication. Je sais que je n’ai rien dit. C’est forcément une personne extérieure, un des infirmiers peut-être. J’éloigne vite cette idée, même si un résidant avait entendu ses propos, il n’aurait pas pu faire de lien avec Sébastien. Nous ne sommes que des numéros pour eux. Je me rappelle la conversation des infirmières « c’est encore le garçon de la chambre 622 ».

Soudain un souvenir de cette soirée me revient. Au début j’ai cru ressentir quelque chose quand je discutais avec Sébastien et j’ai pris cela pour un signe de stress. Mais s’il y avait vraiment quelqu’un qui nous observer à ce moment-là ?! Si je pars de cette supposition, tout devient logique. J’accélère le pas, j’ai pas mal de recherches à faire auprès de mon agent secret préféré.

Je trépigne à coté de Victor qui charge les vidéos de surveillances d’hier soir, au niveau de l’infirmerie.

« -Arrête de bouger comme ça ! Tu me stress.

-Désolé, c’est tous mes sentiments négatifs qui veulent exploser.

-Oui bah va faire un tour pour te détendre. Tes ondes négatives font bugger l’ordinateur ».

Je me lève donc et marche entre les étagères, en tentant d’évacuer ma colère. Lorsque je reviens vers Victor, je suis toujours sur les nerfs mais au moins les vidéos sont chargées. Elles alternent sur différents plans, je reconnais l’accueil des infirmières et l’on voit arriver les deux infirmiers blessés.

« -C’est quelques minutes plus tard mais dans la direction d’où viennent ces infirmiers ! » Dis-je à Victor pour qu’il change de point de vue.

Je me vois devant la porte 622, c’est étrange de se voir sur la caméra. Pour ma prochaine escapade, s’il y en a une, je devrais peut-être faire attention aux caméras. Je ne pense pas qu’ils vérifient les vidéos de surveillance à moins qu’il y ait eu un incident. Mieux vaut rester prudente.

J’entre dans la chambre, je ne suis plus dans le champ de la caméra. Mon cœur bat la chamade, si mes soupçons sont corrects, nous devrions voir apparaître quelqu’un devant la porte. Les minutes défilent puis je me vois ressortir de la pièce en direction de ma chambre.

« -Je… Je ne comprends pas ! Il devrait y avoir quelqu’un ! Je le sais !

-C’était peut-être juste ton imagination finalement.

-Non, il y a forcément une explication. Peut-être qu’il connait les emplacements des caméras et qu’il se cache. Essaye différents points de vue s’il te plait. Il y a des caméras dans les chambres ? Regarde à quelle heure je tourne la tête. Reporte cette heure sur la première vidéo ».

Victor concède à mes caprices de mauvaise grâce. Je suis finalement déçue. Il n’y a rien, rien du tout. Aucune trace d’une quelconque personne éveillée dans ce couloir.

« -Il y a forcément une explication. Je sais que je n’ai rien dit !

-Lucie… Dit-il dans un souffle. Ecoute il n’y a rien sur ces films, alors soit tu as rêvé soit la réponse est ailleurs mais certainement pas sur ces vidéos. Je suis désolé. En plus il va être l’heure de mes examens. Tu sais comment ils sont si on arrive en retard.

-Attends ! Je l’interromps dans son rangement. Apprends-moi à pirater et regarder les vidéos, s’il te plaît. J’ai encore du temps devant moi. Je peux continuer à chercher toute seule !

-Ce n’est pas si simple que ça tu sais ! C’est des dizaines de codes qui, pour certains, changent toutes les semaines voir tous les jours.

-J’ai vraiment besoin de les regarder avec plus d’attention et surtout plus de temps !

-Ecoute je vais vraiment finir par être en retard. Mais si tu es vraiment intéressée, je peux t’initier au piratage informatique.

-Vraiment !

-Oui, mais pas maintenant ! Il faut que j’y aille. On se voit plus tard ».

Je le vois partir, en n’oubliant pas de cacher ses affaires. Me voilà de retour au point de départ. Je ne pensais pas que c’était si difficile de mener une enquête.

Il me reste deux heures avant le déjeuner. C’est court deux heures quand on tâtonne dans le vide. Je décide de quitter la bibliothèque et me dirige vers une salle de repos. Si seulement j’avais demandé plus de détail sur la façon dont Sébastien s’y prend pour aller à la chasse aux infos. Je sais que les gens, dès qu’ils sont en groupe, ne peuvent pas s’empêcher de se raconter les ragots. J’ai un faible espoir sur cette méthode mais c’est la seule que j’ai en tête pour le moment.

Il y a une dizaine d’enfant dans la salle et en meilleure forme que ma dernière visite en salle de repos. Différents groupes sont dispersés. Un groupe d’adolescente, un autre d’enfant âgé de 5 ans à tout casser et deux groupes mixtes se sont posés dans le fond. Par où commencer ? Peut-être par ce groupe de filles, ça parle de tout, une fille. Je m’approche en ayant l’intention de m’assoir sur le rebord d’une fenêtre et feignant de m’intéresser au paysage extérieur. Je me retiens plusieurs fois de tourner la tête vers le groupe que j’épie. Ce n’est pas facile de comprendre ce que disent les personnes quand on ne les regarde pas. Je m’oblige à focaliser un point sur l’extérieur et me concentre sur leur discussion.

Cela fait une trentaine de minutes qu’elles parlent garçons, expériences et d’autres choses plus ennuyeuses les unes que les autres. Pendant un instant j’ai cru que je commençais à m’approcher de certains indices potentiels. Elles ont discuté de la rumeur mais finalement elles n’ont rien dit de bien intéressant. Je continue mon enquête auprès des autres groupes, ce qui finalement, ce révèle être un échec.

La sonnerie du déjeuner retentit et c’est avec le sentiment d’avoir perdu mon temps, que je rejoins le reste du groupe. J’aperçois au dernier moment deux garçons cachés derrière les étagères. Ils font des messes basses, ce qui m’incite à aller écouter leur conversation :

« -Ce n’est pas une bonne idée ! Il parait que si tu t’en prends à lui, il t’arrive malheur après ». C’était un garçon brun, petit qui venait de parler.

Son interlocuteur est grand mais caché dans l’ombre, si bien que je ne vois pas son visage.

« -Ce ne sont que des rumeurs. Je te dis qu’avec ce qu’on a sur lui, on va pouvoir se venger. On a juste besoin d’un coup de main de SA part ».

Le garçon de petite taille ne semble pas convaincu, il regarde dans toutes les directions, cherchant une échappatoire. L’autre s’en rend compte et ajoute :

« -Regarde ce qui c’est passer avec le dangereux. Juste une toute petite rumeur et tout son petit monde s’est détruit.

-Justement ! Ça pourrait très bien nous arriver à nous s’il apprend nos intentions.

-C’est pour ça qu’on va lui demander de l’aide.

-Il fait payer cher…

-Mais au moins tu es sûr de ne pas avoir de représailles. Tu veux te venger ou pas ?

-Oui bien sûr mais…

-Très bien ! On doit manger avec lui ce midi ! Dépêche-toi, on risque d’être en retard ».

Je cours me cacher le plus vite possible et sors de la salle quelques minutes après eux.

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