Chapitre 9

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Je me réveille non pas dans ma chambre mais à l’infirmerie. Il fait nuit et aucun bruit ne vient déranger le sommeil de mes colocataires, que j'entends doucement ronfler sur les deux lits en face du mien. Je me lève pour me diriger vers les toilettes. C’est en y sortant que j’entends des cris qui me glacent le sang. La curiosité l’emporte sur la raison. Je m’engouffre dans le couloir qui est composé de cinq chambres, identique à la mienne. La lumière des veilleuses du couloir me permettent de me repérer et j'arrive à un sas vitré où deux infirmières discutent :

« -C’est encore le garçon de la chambre 622 ??

-Je crois bien, il nous fait sa scène chaque nuit, après chaque test.

-Ronald et Arthur ne vont pas tarder à revenir, mais dans quel état cette fois ? » renchérit la première. 

Avec un regard compréhensif, les infirmières se replongent dans leur travail et me permette de passer la porte à quatre patte avant que leurs coéquipiers ne reviennent. Je les croise justement dans le couloir, je me cache de justesse derrière une grosse plante. L’un se tient l’œil et l’autre les côtes. Je comprends ce que voulaient dire les infirmières.

Les cris ont cessé mais je me suis assez approchée de la fameuse chambre pour entendre un râle de colère et de souffrance. Me balader la nuit dans les couloirs est à la fois flippant et tellement existant. C'est la première fois depuis mon arrivée que que je sens que je contrôle ma situation et cela me fait un bien fou. Je me retrouve en face de la chambre 622, je n’ose pas rentrer mais avoir fait tous ce chemin et pris tous ces risques pour rien me fais changer d’avis. J’ouvre la porte le plus discrètement possible. Je me fige sur place quand j’aperçois la silhouette qui est sur ce lit. Fiévreux de douleur, Sébastienpose son regard sur moi malgré l'obscurité. Il est trop tard pour faire demi-tour.  

« - Que fais-tu là ? me dit – il dans un souffle.

-Je … euh… j’ai entendu crier et euh…

-T’as voulu savoir qui c’était, c’est ça ? Me demande-t-il d’un ton dur.

-Désolé… » dis-je honteuse.

C’est stupide d’être venu ici, ça ne m’apporte rien, juste à me faire passer pour une petite curieuse. Génée, je commence à faire demi-tour lorsqu’il m’interpelle :

« -Reste… maintenant que tu es là. A moins que tu ne veuille pas discuter avec moi dans cet état. Je vois bien que je te fais peur.

-Non ce n’est pas vrai, tu ne me fais pas peur ! Enfin pas tout à fait, je veux dire, je ne t’ai jamais encore vu dans cet état et c’est cela qui m’effraie.

-Toujours aussi sincère à ce que je vois ». Me dit-il avec un sourire.

En m’approchant de son lit, je remarque qu’il est vraiment en mauvais état. Il est trempé de sueur et il respire difficilement. La lueur de la lune qui passe par la fenêtre lui donne un teint cadavérique.

Comment ne pas être effrayé par cette vision ?

Comme pour ajouter à cette impression lugubre, je sens pendant une fraction de seconde un regard sur moi. Je me retourne si vite que j’en fais sursauter Sébastien.

« -Qu’est - ce qu’il y a ? Me demande-t-il en tentant de se lever, sans succès et avec une grimace de douleur.

-Rien, ne t’inquiète pas… j’ai juste cru qu’on nous observer… mais j’ai dû rêver. Tout le monde dort ici et toi aussi, tu devrais essayer de dormir, tu as vraiment une tête horrible ! Lui dis-je.

-Merci beaucoup, je n’y avais pas pensé du tout ». Me répond-il d’un ton ironique, ce qui me fait rire.

Je m’assois sur le bord du lit et lui demande la raison de sa présence à l’infirmerie. Avec hésitation, il m’explique qu’il a passé un test pour une nouvelle expérience. Il ne m’épargne pas les détails et me que ce genre de crise lui arrive après chaque fin de test, comme si on lui tordait tous les organes au même moment. Je crois que mon visage exprime assez le choc pour qu’il ajoute avec empressement que cela ne dure jamais plus de deux nuits.

« -Ça me fait plaisir que tu sois là, j’ai moins mal… merci ».

Je suis surprise de sa franchise, je vois bien qu’il est de plus en plus apaisé et ses yeux se ferment gentiment. Sa respiration est un peu plus régulière. Je reprends le chemin de ma chambre lorsque je suis sûr qu’il est bien endormi. Les infirmiers de garde ne font pas vraiment leur boulot. Lorsque je reviens, ils discutent encore et apparemment aucun d’entre eux ne se sont aperçut de mon absence. Après tout, qui irait se méfier d’enfants terrorisés et perdus. Je voudrais bien voir leur tête quand une rébellion leur tombera sur la tête. 

Rien à bouger dans la chambre durant mon escapade. En attendant le sommeil, je ferme les yeux et réfléchi à la proposition de Sébastien. Le sentiment d’excitation de briser les règles me submerge encore. Ai-je vraiment à perdre à refuser ?  

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