Chapitre 1

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Doucement je reprends mes esprits en entendant des voix autour de moi. Je me sens vaseuse et mon corps est si lourd à porter que j'ai besoin de l'aide de ces bras musclés pour me maintenir debout. D'ailleurs, les voix viennent du ou des propriétaires de ces muscles.

« Elle se réveille », « tenez la bien », « attention, ne l’abimez pas ».

Que se passe-t-il ? Que m’arrive-t-il ? Où suis-je? Je veux voir mes parents. Je me remémore avec difficulté les derniers évènement dont je peux me souvenir. Le froid, le parc, des hommes tendant leurs mains vers moi. Le choc me fait lever la tête et m'aide à me réveiller complètement. Mon regard s'arrête sur deux hommes, en uniforme blanc , qui me maintiennent fermement par les bras et me tirent à travers un couloir blanc. J'ouvre la bouche pour leur demander de me lâcher mais, les seuls mots qui sortent sont un mélange de charabia et de gargouillement, qui se transforme peu à peu en sanglots pendant que j’évalue mon nouvel environnement.

« Ne t’inquiète pas, tu seras bien ici, ne t’en fais pas », dit l’un des hommes en blanc.

Même si je l'avais voulu, je n’aurais pas pu m’échapper. Je suis perdue et terrifiée. Ayant retrouvé l'usage de mes jambes, les hommes qui m'entourent accélèrent le pas. J’arrive tout de même à apercevoir des portes blanches, dans ce couloir, avec des bandes de couleurs différentes sur chacune d’entre elles.

On arrive devant l’une d’elles qui a une bande bleue. Je remarque que c’est numérique car elle clignote à grande vitesse. On m’incite à entrer.

C’est une chambre totalement blanche, ni trop grande, ni trop petite. Seuls un lit, dont l'épaisseur frôle l'inexistence, une table et un bureau la composent. Un mouvement près de la porte me tire de mes pensées. Un homme vêtu d'une blouse blanche s’y trouve. Sans même daigner me regarder, il entre et se présente, tout en continuant de transmettre des feuilles de papier à ses collègues, préalablement remplies par ses soins.

" Je suis le Docteur Logan et je vais m’occuper de toi à partir de maintenant. Cette chambre est dorénavant la tienne, c’est ici que tu vivras. Tu as sans doute beaucoup de questions auxquelles nous répondrons plus tard, ne t’inquiète pas. Je vais te laisser un moment pour reprendre tes esprits et mettre l’uniforme qui est sur ton lit. Soit coopérative, se sera moins difficile pour toi et moins contraignant pour nous", finit-il dans un soupir.

Il sort, suivi des autres, sans que je ne puisse rien faire.

En état de choc, j’obéis et m’habille de l’uniforme blanc et bleu de la même couleur que ma porte. Il est composé d’un tee-shirt et d’un pantalon simple. Avant que je ne puisse penser à mon sort, j’entends la porte coulisser et le docteur passe la porte. Maintenant que je suis un peu plus calme, je commence à l’analyser pendant qu’il prend la seule chaise de la chambre. Il s’installe près du lit où je suis assise. C’est un grand homme, plutôt fin, avec les cheveux couleurs poivres. Il ne me semble pas âgé, pourtant ses yeux sont entourés de cernes donnant l'effet de rentrer dans leur orbite. Je peux également apercevoir quelques petites rides au coin de sa bouche lorsqu'il parle. Il s’adresse à moi, tout en déballant quelques instruments médicaux :

" Je vois que tu coopères. Tant mieux." Je ne lui réponds pas, il continue. « Tu t’appelles Lucie, née en 1996, tu as donc 10 ans c’est bien ça ? ».

Il attend une réponse qui ne vient pas, son regard se durcit, mon instinct me pousse à hocher la tête positivement. Tout en parlant, il me fait quelques prises de sang et analyses incompréhensibles pour moi. Déboussolée, je ne pense même pas à protester. Par contre, je sens bien la rudesse de ses gestes quand l'aiguille s'enfonce dans mon bras. Je hoquette de douleur mais il ne semble pas s'en rendre compte, son attention monopolisée par son monologue.

« Considère cet endroit comme ta nouvelle maison, tu auras l’occasion de rencontrer les autres enfants qui vivent ici. Ils ont comme toi, une particularité qui les rend uniques et dont nous avons besoin. Je préfère te prévenir, n’attends pas à être cajolée ou récompensée pour ce que tu feras. Néanmoins, si tu coopères, tu n’auras aucun souci à te faire. Certains enfants sont ici depuis plus longtemps et d’autres, comme toi, viennent d’arriver. Tu remarqueras que certains nous quittent durant leur séjour, ne t’en occupes pas. Si tu veux que le tien se passe sans encombre, obéis et n’essaye pas de jouer les héros. Je dis ça dans ton intérêt. En ce qui concerne ton nouveau mode de vie, tu seras soit avec les autres, soit seule en fonction de ton évolution parmi nous. Vous prenez les repas ensemble et tu retournes dans ta chambre pour te reposer. N’essaye pas non plus de t’échapper, tu seras toujours accompagnée et des caméras de surveillances sont partout dans l’établissement. As-tu compris ? »

Je n’arrive pas à parler, les mots sont bloqués dans ma gorge. Je n’arrive ni à réfléchir ni à analyser ses paroles. Comme la première fois, je me contente de hocher la tête.

« Bien. Repose-toi, tu rencontreras tes camarades demain matin. Un réveil automatique sonnera pour te réveiller ».

Il commence à partir et avant de passer le pas de la porte, il ajoute sur un ton glacial :

« Au fait, ne pense pas te lier d’amitié avec les autres enfants. Nous n’aimons pas les choses inutiles ici ».

La porte se referme et je regarde une dernière fois la pièce qui sera désormais ma chambre avant que la lumière s’éteigne brusquement. Je me roule sous les couvertures dont le parfum aseptisé me soulève le coeur. Je ferme les yeux et les images défilent : le sourire de maman et papa quand je suis partie à l’école, la dernière embrassade de ma petite sœur, la voix de ma maîtresse, toutes ces choses que je ne reverrai plus. Au fur et à mesure que je m’enfonce dans mes pensées, des larmes coulent sur mes joues et viennent inonder mon oreiller. Peu à peu ma situation actuelle me percute et je me rends compte que j’ai été enlevée, que je suis loin de ma famille et que je n'en reverrai sans doute jamais les membres.

Des questions me trottent dans la tête : pourquoi moi ? Qu’ai-je fait ? Comment sont ces autres enfants ? Que va-t-il m’arriver ? Il m’a dit que j’avais une particularité, mais qu'est-ce que cela peut bien vouloir dire ? L’intelligence ? La force ? Je n’ai rien de tel !! Une chose est sure, il faut que je m’échappe !

Toutes ces questions me tournent dans la tête. Mes émotions me percutent les unes après les autres, parfois en même temps. Et puis enfin, épuisée d’avoir pleuré et rongée par l’inquiétude et la détresse, je finis par m’endormir.

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