Brève symphonie

Une minute de lecture

 D’abord une clarinette seule, piquée, à la claire sonnette du vide répond. Elle est timide ; et n’osant point toucher plus haut l’octave, reste aux mêmes phonèmes, toute blême.
 Son chant, pourtant, remue les peaux de quelques tymbales alertées qui, compagnonnes pérennes, tambourinent un taffetas éclairé de caisse claire. Ils vont tous ensemble, et doucement, appellent peu à peu les cordées rugueuses de graves violons. La clarinette se tait tout à fait en baissant le ton.
 Percussions et cordes s’accordent en un inquiétant soupir lancinant, puis un cor lointain emporte des notes confuses.
 La clarinette, réveillée, brise leur triomphe ; elle est montée dans les airs mélodieux d’un aigu lyrisme et seule de nouveau, profite mesurée d’un instant solitaire. Mais de souffle assechée, elle saigne, faible, un dernier Si.
 Docile elle se tait quand un Do malheureux – pizzicato honteux – enchaîne al coda la liqueur d’une trille et, enfin, le retour d’un cor sourd glissant aux violons.
In fine le tout se tait. Les musiciens se retirent en fermant leurs carnets, et le public absentément applaudit, petite pluie déconcertée.

[01.04.19]

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