J'crois qu'il a vraiment voulu me faire plaisir ce jour-là. Chais pas, il était bien luné. Mais sur le coup, j'étais tellement sur le cul que j'ai réagi trop bizarrement : "Hein, tu veux voir le match?", j'ai fait. Et il a rigolé : "Ben quoi? J'ai pas le droit?" qu'y m'dit. Mon père qui s'bidonne, avec sa voix rauque d'ancien fumeur, ça m'a fait drôle! Alors on va au match, et là, chais pas si tu te rappelles, en première période, y a Bastia (j'crois bien que c'était Bastia) qui remonte au score - forcément tu vas m'dire. Du coup, grosse tension, et j'vois mon père encore plus crispé que moi. Au début je croyais que c'était l'ambiance du stade, les cris, le monde... en plus, c'était blindé, à Gaston Gérard, avec les gradins neufs et tout, y en avait, de l'ambiance! Mon père, c'est un solitaire plutôt. Il est hors du sol, c'est un satellite, mon père. Alors, à la mi-temps, j'lui demande s'il veut rentrer, quoi, normal, il est plus tout jeune, j'avais pas envie qu'il se sente mal ou quoi... et là, je te jure, il m'a regardé avec deux soucoupes... comme si je venais de Mars... "Ok", j'me suis dit, "en fait, il est à fond, le padre".