chapitre 5

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Après avoir totalement rassuré Myrick et fixé une autre séance, Shawn pu prendre congé de son thérapeute. Une fois dehors, il se sent tout de suite mieux, comme si un poids en moins venait de quitter ses épaules. Le stress qu’il a ressenti lorsqu’il est entré dans le bâtiment a disparu, cela lui fait énormément de bien de pouvoir respirer l’air de la ville. Il se sent plus léger et libre. Il inspire un bon coup, respirant une bonne bouffée d’oxygène, se moquant totalement de la pollution environnante.

La migraine qu’il a ressentie lors de son évanouissement semble être de l’histoire ancienne. Il ne se rappelle même plus avoir vu la peinture bouger. C’était comme s’il avait eu un trou noir, il se demande ce qui a bien pu causer cette perte de conscience. Il ne voit aucune explication, il ne sent ni surmené, ni fatigué. Shawn décide d’y réfléchir plus tard, à tête reposée.

Il se rend bien compte qu’il a eu de la chance de tomber sur un docteur aussi conciliant car le premier venu en aurait tiré des conclusions hâtives et l’aurait direct expédier à l’asile. Rien qu’à l’idée d’y retourner, le jeune étudiant frisonne de tout son corps. Il essaye d’oublier les cauchemars et les traumatismes qu’il y a vécu. Même si ces événements datent de plusieurs années, ils sont encore tout frais dans la tête du jeune homme, comme s’ils s’étaient produits la veille. Shawn n’a jamais réussit à oublier ce qu’il a enduré, ayant trop de séquelles douloureuses. Il espère qu’un jour il y arrivera, qu’il pourra ainsi avoir une vie tranquille et normale et aller de l’avant. Les docteurs qui l’ont suivi lui ont toujours dit qu’il ne fallait pas ruminer le passé, mais vivre l’instant présent. Car lorsqu’on est tourné uniquement vers le passé, on a tendance à déprimer et à vouloir changer les choses, tout en sachant que c’est impossible car ce qui est fait est fait. Shawn a beau le savoir, il a du mal à agir de cette façon, mais il continue à faire des efforts.

Le jeune noir préfère penser à la soirée qui l’attend avec la belle Sarah. Il marche dans la rue, perdu dans ses pensées, lorsqu’il remarque un arrêt de bus à quelques mètres de lui, allant à la faculté et qu’un autobus vient juste de s’y arrêter.

- Génial dit il en se pressant d’entrer dans le bus.

Sa chance se poursuit lorsqu’il voit une place libre prés d’une vitre, il s’y engouffre et dés que le bus démarre, regarde le paysage par la fenêtre, afin de se changer les idées.

L’autobus reprend tranquillement sa route, Shawn penché vers la vitre, regarde les gens dans la rue qui mènent leurs petites existences. Il ne prête pas attention aux personnes qui parlent dans le bus, se coupant du reste du monde. Il y arrive si bien, qu’au bout d’un moment, il n’entend plus rien, comme s’il était seul dans un lieu totalement hermétique au son ou qu’il était sourd. Puis soudain, il entend à nouveau les même voix que lorsqu’il se trouvait dans le bureau du psychologue. Les voix sont très claires et audibles, comme si on lui parlait à l’oreille. Il ne s’agit plus de quelconque murmures, même si pour Shawn c’est un véritable charabia, incompréhensible. Comme s’il s’agissait d’un langage très ancien, employé de nombreux siècles auparavant. Il a l’impression que les voix proviennent des personnes qui se trouve sur la banquette derrière lui, Shawn se retourne discrètement et voit un couple de jeunes d’environ 17 ans, en train de se faire des petits câlins tranquillement.

Il se rassoit et tente de ne pas afficher son désarroi sur son visage. Shawn essaye de réfléchir et de ne pas perdre la tête, il commence à croire que sa chance a bien disparu et que le pire des scénarios est en train de se produire. Il s’imagine déjà interné avec une camisole de force, comme lors de son enfance. Les voix sont toujours bien présentes comme si elles ne voulaient plus s’en aller et qu’elles mettaient tout en œuvre pour lui percer un trou dans le crâne. C’est comme si les voix s’amusaient avec lui, voulant le pousser à bout et elles sont sur le point de réussir. Shawn regarde tout autour de lui et il a l’impression que tout le monde le juche méchamment du regard, comme s’il pouvait lire dans les pensées des autres mais qu’il ne pouvait les comprendre. Il baisse les yeux, ne pouvant pas supporter le regard menaçant des passagers. Le jeune homme se demande s’il n’est pas en train de devenir paranoïaque. Il a le visage en sueur et ses mains tremblent comme des feuilles. Ne tenant plus, Il se décide à descendre au prochain arrêt et se reposer dans un lieu plus tranquille afin de reprendre ses esprits. Shawn se dit qu’un bon bol d’air lui fera le plus grand bien, mais les voix se font de plus en plus perçantes.

Les voix le submergent totalement, il perd tout contrôle et toute contenance. Le jeune noir hurle, les mains sur les oreilles, voulant que cela cesse à tout prix, il ferait n’importe quoi pour pouvoir arrêter cette cacophonie et connaitre à nouveau la paix. Les sons s’amplifient et lui font mal aux tympans, Shawn a peur de perdre à nouveau connaissance et il ne peut pas se le permettre, pas dans un autobus.

Tout d’un coup sans prévenir, Les voix disparaissent aussi soudainement qu’elles sont apparues.

Shawn pousse un long soupir, c’est un véritable soulagement qu’il ressent. Il avait l’impression de vivre un véritable enfer. Il inspire et expire de bonne bouffées d’air, sa tête est posée contre la vitre de la fenêtre. Le contact avec la vitre froide lui fait du bien, il a l’impression que sa tête va exploser. Son teint est devenu pâle, de grosses gouttes de sueur coulent le long de son front. Il tente de calmer les tremblements de ses mains et de ses jambes qui s’excitent nerveusement. Lorsqu’il se redresse et ouvre à nouveau les yeux, il voit avec horreur que tous les passagers du bus le regardent avec de grands yeux et n’osent pas s’approcher de lui. Shawn ne peut pas leur en vouloir, il réagirait de la même façon si les rôles avaient été inversés. Les personnes se demandent s’il ne s’agit pas d’un malade mental ou d’un drogué en manque. Le chauffeur a même arrêté son véhicule, car en entendant le cri strident poussé par le jeune homme. Il a tout de suite pensé que quelque chose de grave c’était produit, il a même la main posée sur sa radio, prêt à appeler une ambulance.

Shawn ne cherche même pas à se justifier, ni à trouver une excuse qui expliquerait son état. D’ailleurs, il n’en trouverait aucune qui semblerait sensé. Le jeune noir ne supporte plus tous les regards. Il a connu cela trop longtemps lorsqu’il est revenu de l’Asile. Il est hors de question qu’il revive à nouveau ce cauchemar. Shawn se lève d’un bond et descend rapidement du bus. Personne ne se met en travers de son chemin, trop heureux de le voir descendre. L’étudiant préfère continuer à pied pour se changer les idées et mettre le plus de distance possible entre lui et le bus.

Deux heures plus tard, il essaye de tout oublier pour se concentrer sur une seule chose ; sa première soirée étudiante, tout en espérant qu’elle comblera toutes ses espérances. Il enfile une chemise longue bleu clair et un jean bleu foncé, il regarde dans le miroir et se trouve un air décontracté. Il sourit et fait quelques mouvements pour voir s’il n’a pas l’air trop ringard. Il a vraiment envie de laisser une bonne impression et il sait que la tenue vestimentaire est un élément très important à prendre en compte si on veut séduire de nos jours. Il est loin d’être un « fashion victim », il aime porter des vêtements décontractes, ce n’est pas son genre de passer des heures et des heures dans un magasin de vêtements. S’il y reste plus de 15 minutes, c’est déjà un exploit. Par contre, il pourrait rester des heures dans un magasin de comics, là il n’a aucun problème, trouvant toujours de nouvelles occupations. Mais bon, il sait que ce n’est pas en lisant des comics qu’il finira par rencontrer une fille. Certaines personnes misent tout sur les vêtements, c’est la mode de nos jours. Les personnes s’intéressent plus au paraître qu’a la personne véritable. Shawn est différent, il se dit parfois qu’il est peut être idiot de penser ainsi, mais pour lui ce qu’il y’a à l’intérieur compte plus que l’extérieur. Il a toujours pensé que le problème de la plupart des personnes, c’est qu’elles ne s’arrêtent qu’à ce que les yeux leurs montrent, elles ne cherchent pas plus loin, alors qu’il existe de véritables trésors partout qui ne demandent qu’à être découverts.

Il regarde sa montre, il a juste le temps d’enfiler une veste et de se mettre en route, s’il ne veut pas être en retard à son rendez vous tant attendu.

Il prend une veste légère de couleur noire et sort de sa chambre. Lorsqu’il s’apprête à la verrouiller, Shawn voit Griffin dans le couloir, qui semble passablement énervé, frapper avec insistance sur porte numéro 64.

Il fait un signe de la tête à Shawn lorsque celui ci passe à sa hauteur. Shawn entend de la musique rock brutale provenir de la chambre en question, le son doit résonner dans tout l’étage. Pourtant Shawn l’avait à peine entendu lorsqu’il était dans sa chambre, complètement perdu dans ses pensées.

- Dis-moi, tu sais qui vit ici ? demande Griffin

- Au son de la musique, je ne crois pas me tromper en te disant qu’il s’agit de Scarlet.

A ce moment la porte s’ouvre et Scarlet apparaît en t shirt blanc et en culotte. Les deux garçons restent ébahis, la bouche ouverte. Ils ne peuvent empêcher leurs yeux de se braquer sur les jambes nues de l’étudiante. Ils ont beaucoup de mal à ne pas y prêter attention. Celle ci ne semble pas gênée par sa tenue et regarde les deux garçons avec impatience, l’air occupée. Elle n’apprécie pas d’être dérangée.

- Ouais, c’est pour quoi ? demande-t-elle, sur un ton brusque.

Pendant quelques secondes, Griffin est perdu dans ses pensées érotiques, oubliant complètement l’objet de sa visite, avant de se mordre la lèvre inférieure. La douleur lui fait rapidement retrouver ses esprits. Il s’éclaircit la gorge avant de dire :

- C’est à cause de la musique, c’est un peu trop fort, on entend que toi dans tout l’étage.

- T’es qui toi d’abord? Tu n’es pas un peu trop jeune pour être le concierge.

- Non je suis dans la chambre d’à coté et je parle au nom de tout le monde.

- Je suis content de le savoir (puis elle se tourne vers Shawn) Comment ça va le cuistot, tu n’as pas encore foutu le feu partout. Tu sors ce soir ?

- Oui, je vais à la grosse soirée pour fêter le début des cours, tu y vas aussi ? demande Shawn

- Non, ce n’est pas du tout mon style d’ambiance, la musique est pourri ! Je m’ennuierai trop.

- Je vois ! s’exclame Shawn avec un sourire, amusé par le caractère trempé de la jeune fille.

Griffin secoue sa main devant ses deux voisins pour montrer sa présence, n’appréciant pas d’être oublié, alors que c’est lui qui frappe depuis 5mm à la porte de Scarlett.

- Je te signale que je suis là, alors tu peux baisser le son de ta chaîne s’il te plait, ça serait sympa dit Griffin.

- Ne bouges pas, je sais comment régler le problème dit Scarlet en poussant un soupir.

Elle disparaît quelques secondes dans sa chambre. Griffin sourit fier de lui, se tourne vers Shawn et lui dit :

- Tu vois, ce n’est pas si compliqué de vivre en communauté. Il suffit de mettre des règles dés le départ.

Shawn hoche la tête, il ne préfère rien ajouter car il a vu le regard de la jeune rockeuse avant qu’elle ne rentre dans la chambre. Il est pratiquement sûr qu’elle ne s’apprête pas à faire ce à quoi Griffin s’attend. C’est juste un pressentiment mais le jeune noir est pratiquement sûr de ne pas se tromper à ce sujet.

Lorsque Scarlet revient, la musique est toujours aussi forte. Elle dépose une paire de boule-kes dans la main de Griffin avec un sourire ironique et juste avant de refermer la porte, elle lui dit :

- Tiens, comme ça tu pourras dormir tranquille !

Le jeune informaticien n’a même pas eu le temps de protester, ni de réagir, Scarlett lui a déjà refermé la porte devant son nez.

- Elle est toujours comme ça ? demande Griffin, qui n’en revient pas.

- Je ne la connais pas vraiment mais d’après ce que j’ai vu, je pense que oui.

- C’est génial ! ça promet ! s’exclama Griffin, ne trouvant pas ça drôle.

- Allez courage. Dis toi qu’elle a un sacré sens d’humour dit Shawn en lui tapotant amicalement l’épaule.

Shawn se retient d’éclater de rire, surtout lorsqu’il voit la tête de son ami informaticien qui semble profondément désabusé.

Le jeune français rejoint le centre ville à pied, préférant éviter les autobus pendant un certain temps. Il arrive juste à temps devant le bar où travaille Sarah, il l’aperçoit tout de suite, elle est en train de discuter avec Jamie, qui lui s’amuse à tourner autour d’un poteau. Même s’il ne la connaissait pas, il aurait été attiré par elle dés le premier regard. Il a l’impression qu’elle capture toute la lumière sur elle car lorsqu’on regarde dans sa direction, on ne voit qu’elle. Comme si tout le reste était plongé dans l’obscurité et que la lumière était posée sur elle.

Shawn prend son temps pour l’observer tout en les rejoignant.

Il l’a trouve toujours aussi rayonnante, elle n’a aucun défauts, il a beau chercher il n’en trouve pas. Lorsqu’ils le voient, ses deux camarades lui font de grands gestes de la main. Il accélère le pas, pousse un petit soupir amoureux, avant d’arriver à leur hauteur.

- Pile à l’heure dit Sarah avec un petit sourire amical.

- J’avais peur d’être un peu à labours dit Shawn.

- Sarah, tu connais les français. Ils sont toujours très ponctuel dit Jamie.

- Alors un conseil ! Ne perds pas cette habitude car ici c’est plutôt le contraire dit Sarah.

- Ok, j’essayerai dit Shawn, en la fixant, dans les yeux pendant quelques instants.

Jamie s’approche de lui et fait glisser une bouteille de vodka entre ses bras, avant de la donner au jeune homme.

- Goûte moi ça, elle est encore fraîche, il n’y a pas mieux.

Shawn n’hésite pas un seul instant, il attrape la bouteille et penche le goulot vers sa bouche. Il prend une bonne rasade et sent tout de suite une chaleur agréable envahir sa gorge et se diffuser à travers tout son corps. Cela lui fait un bien fou et il se sent plus léger.

- C’est de la bonne ! s’exclame t’il, grimaçant d’une voix un peu rauque.

- Je savais que tu apprécierais. La vodka y’a rien de mieux comme alcool dit Jamie avant de boire une bonne gorgée à son tour.

- Bon on y va les poivrots ! je n’ai pas trop envie de vous ramasser à la petite cuillère avant même d’arriver à la boite dit Sarah.

- Au fait on y va comment ? Faut prendre un bus ? demande Shawn.

Sarah et Jamie le regardent en souriant, le jeune noir regrette déjà d’avoir posé la question, il a l’impression de passer pour un crétin.

- Tu apprendras que dans cette ville, tout se trouve à porté. Pas besoin de prendre quoi que ce soit, tes jambes suffiront dit Jamie.

- Ca c’est cool, j’avais peur de rater des choses car je n’avais pas de voiture dit Shawn.

- T’en fais pas, moi non plus, ça fait deux ans, que je me dis que je dois passer le permis de conduire dit Sarah.

- Ca me rassure, je ne suis pas tout seul dans ce cas là dit Shawn heureux de découvrir un autre point en commun avec Sarah.

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