18 avril

Une minute de lecture

Je vis dans ce monde come si j'étais absolument sûr d'une deuxième vie, écrit Kafka dans son journal. Chaque seconde est un petit suicide, un moment unique vécu par le monde tout entier et que l'on appréhende seulement dans notre chambre ou à notre bureau ou dans une rue mal pavée.

Je repense à cette planche de Lewis Trondheim dans "Approximativement" qui débute par une case intégralement noire, et qui resserre peu à peu le cadre pour que l'on voit enfin briller des &étoiles, puis la Terre recouverte d'un voile de nuages, passage ensuite sous les nuages et le vert et le bleu tremblant des forêts et des océans, l'Europe, la France, Paris, le neuvième, un appartement aux fenêtres ouvertes, la cuisine, la poubelle remplie aux deux tiers, enfin trois petites billes blanches à l'intérieur, trois oeufs de mouches. Dans la dernière case, la mouche noire brise la coquille blanche et retourne par sa couleur se fondre dans l'espace. J'avais bêtement fondu en larmes devant ce strip muet. Sans aucun doute, je suis cette mouche. "Posée sur ta bouche", ajouterait Polnareff. Voilà comment l'on arrive à se maintenir le cou dehors, à survivre à notre infitisémalité dans la matrice insatiable du temps et de l'espace. Les auteurs, les dessinateurs et les musiciens auront beau tous nous prévenir de notre insignifiance, il y aura toujours des lèvres pour nous accueillir.

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