9 avril
Paris bronze sous le soleil des dimanches d'avril. Les tulipes et les jeunes demoiselles mettent leur robe en ordre inversé. Les célibataires cueillent les premières pour les secondes, quand ils rêvent de faire l'opposé.
Tout le monde est dehors, réunis par les premières sueurs printanières. Il est 20°, Paris s'éveille. Narta saute de joie. Au Luxembourg, les échiquiers résonnent à nouveau à la cadence des chronomètres martelés par les joueurs. Je lis "La défense Loujine" de Nabokov devant eux : la mise en abyme est des plus exquises.
Te voilà bien eu journal, hé ? Une page sans rien de négatif, de pessimiste, de nihiliste ! Même pas neutre : que du beau, du lyrique à souhait ! Oh, ne t'avise pas de réclamer du mauvais, coquin, il y en aura bien assez tôt... Tu es un exutoire : le Sopalin de mes crachats noirs alors il ne pourra jamais en être autrement, mais aujourd'hui je ne me moucherai même pas et je finirai la journée, rêveur et réjoui dans un cercle de peupliers, sans une ombre d'amertume. De toutes les manières, le plomb du mercure - Salut à toi Mendeleïev - l'aurait trop vite évaporée. Aznavour a raison, me semble-t-il, ma misère m'est bien moins pénible au soleil.
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