Pour faire se comporter les masses dans un sens ou dans l'autre, il suffit de combiner trois artefacts :

 -  Un prétexte pour permettre de justifier son changement en société : souvent il s'agira d'un scandale qui a fait jaser partout, ou d'images chocs vues sur les réseaux sociaux. Ça ne convainc personne, mais cela permet une indignation à peu de frais pour se construire une personnalité forte devant ses amis. Quelle meilleure motivation que celle-là ?

-  Faire à grands renforts de publicité et de "coups marketing" que cette opinion nouvelle devienne un phénomène de mode. Rien n'est plus puissant que l'inertie des foules sur l'individu. C'est une vague qui emporte tout.

-  Enfin le plus important, le plus subjectif aussi : commencer l'action à Paris. Le provincial, jaloux et réticent d'abord, s'empressera de voir ce film dont on dit tant de bien et qui ne sort dans la salle locale qu'une semaine après la première diffusion parisienne. Le parisien, méprisant d'avant-gardisme, finira par critiquer ce qui lui avait tant plus quand le provincial se mettra à l'encenser. Qu'importe : la majorité de la population aura suivi.

Je m'en suis aperçu quand j'en fus la candide victime. Moi qui avais un régime alimentaire classique et une passion pour le tennis : je me retrouve à commander une "big salade" dans le restaurant de la salle d'escalade que je viens d'étrenner. Ce sont mes amis qui m'y ont emmené, et leur plaisir évident a déteint sur le mien. Je jouissais par contumace. Pour vivre heureux, suivons les autres !