123

3 minutes de lecture

C’est tout de même satisfaisant de commencer à entrevoir une solution.

Après une matinée de recherches dans les archives des renseignements, elle avait enfin retrouvé la trace de l’assassin. Divers rapports mentionnant le même homme avaient attiré son attention, et elle était à peu près sûre qu’il s’agissait de celui qu’elle cherchait. Ne lui restait plus qu’à vérifier ces informations pour déterminer comment elle procèderait.

Elle quitta l’aile réservée aux services secrets et parvint peu après dans la vaste entrée du palais impérial. Elle appréciait cette salle aux couleurs claires, où se croisaient nuit et jour de nombreuses personnes, des courtisans aux fonctionnaires en passant par les gardes et les sujets ordinaires. Ce lieu était pour elle le centre de l’Empire, comme un résumé de toutes les vies qui y évoluaient en ce moment même. Certains jours, quand elle ses sentait découragées par une mission difficile, ou qu’elle avait l’impression que ses efforts individuels ne pouvaient rien faire pour sauver son pays, elle venait simplement ici et passait des heures à regarder aller et venir les gens. Alors elle se rappelait qu’elle n’agissait pas en vain, que son travail ajouté à celui des autres portait ses fruits, renouvelant sans cesse l’avenir de tous les individus autour d’elle. Elle en tirait un sentiment de réconfort qui ne manquait jamais de l’aider à avancer.

Reprenant sa marche, elle traversa elle aussi la grande salle pour sortir du côté des jardins. Avant de rentrer chez elle, elle voulait profiter un peu de la beauté des myriades de plantes revenues à la vie. Alors qu’elle arrivait au bas des marches, elle rencontra quelqu’un qui ne lui était pas inconnu. Il s’arrêta et la laissa venir, l’air à la fois méfiant et résigné. Elle ne savait pas quelle attitude adopter, aussi décida-t-elle de miser sur l’amabilité innocente. Mais avant même qu’elle n’engage la conversation, il demanda directement :

« Vous étiez encore en train de rechercher l’assassin ?

- Oui. » avoua-t-elle.

Il parut hésiter entre l’exaspération et la froideur, puis se contenta de soupirer.

« Combien de fois va-t-il falloir que je vous dise d’abandonner ?

- Autant que vous voudrez, s’entêta-t-elle, je ne vous écouterai pas.

- Vous êtes vraiment insupportable.

- Puis-je vous retourner le compliment ? Vous ne vous souciez pas de votre vie et vous vous obstinez à refuser toute aide.

- Ce n’est pas votre problème. Pourquoi refusez-vous de me laisser m’en occuper comme je l’entends ?

- Parce que vous ne vous en occupez pas, justement ! »

Elle s’aperçut qu’elle avait un peu trop haussé le ton. Plusieurs courtisans qui passaient par là les considéraient avec curiosité. D’un accord tacite, ils commencèrent à marcher vers des lieux moins fréquentés. Une fois qu’ils se furent suffisamment éloignés, elle reprit d’un ton accusateur :

« Avez-vous seulement cherché à identifier l’assassin ?

- Non, et je ne compte pas le faire de sitôt.

- Seriez-vous fatigué de vivre ?

- Pas le moins du monde. Seulement, j’ai déjà croisé des adversaires bien plus terribles que ce criminel.

- Comme cet homme qui vous avait laissé pour mort à l’époque où vous étiez adjudant ? »

Il s’arrêta brusquement et elle fit de même. Il darda sur elle son regard empli d’une colère glaciale. À sa surprise, elle le soutint avec une brûlante détermination.

« Cessez immédiatement de lire dans mon passé. ordonna-t-il. Et n’allez pas me faire croire que vous ne l’avez pas fait exprès.

- Je vous rassure, rétorqua-t-elle, c’était parfaitement délibéré.

- Vous êtes d’une insolence époustouflante.

- Et vous d’un orgueil sans limites.

- Arrêtez de vous occuper de cette histoire, vous ne m’êtes utile en rien.

- Sincèrement, s’insurgea-t-elle, que comptez-vous faire ?

- Le laisser venir et le tuer.

- En ignorant tout de lui ?

- Je n’ai pas besoin de connaître le nom d’un homme pour l’éliminer.

- Et s’il se montre plus malin que vous ?

- Je ne perds pas mon temps en hypothèses.

- Vous êtes désespérant !

- Regardez qui parle. »

Elle chercha une réplique mais il continua :

« Puis-je savoir pourquoi vous êtes incapable de me laisser tranquille ?

- Parce que je me fais du souci pour vous ! » s’exclama-t-elle.

Il haussa un sourcil étonné avant de conclure :

« Je m’en passerai, merci. Sur ce, mes hommages, Mademoiselle. »

Il s’inclina et partit.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Hisoka ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0