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Tōru… je veux dire, Akihito n’est pas là ?

« Non, il est encore sorti. Ces derniers temps il se rend fréquemment au palais. »

Elle s’interrompit le temps de verser l’eau dans la théière et referma le couvercle pour laisser infuser. Après avoir rapporté deux tasses du placard bleu de l’autre côté de la cuisine, elle revint près de lui et ajouta :

« Il discute avec le médecin impérial, mais il n’a pas voulu me dire de quoi. »

C’est lié à sa santé ?

« Non, je crois que c’est encore pour ses automates. D’ailleurs, ça n’a aucun rapport mais tu l’appelles Akihito, maintenant ? »

Il remarqua son sourire et hésita un peu avant de répondre :

J’essaye de m’y habituer. C’est son vrai prénom, après tout. Et même si je ne lui ai pas demandé je pense que ‘‘Tōru’’ est un peu lié à une partie de sa vie.

« Je vois… Tu sais, ce deuxième nom ne le dérange pas. Il lui a certes été donné dans des circonstances douloureuses, mais il a fait du chemin depuis, et cette seconde identité a pris une nouvelle valeur. Et puis Sei l’appelle encore Tōru, par exemple. Mais je suis touchée que tu te soucies de ce détail, Desya. Tu es très attentionné et c’est un trait que j’apprécie chez toi. »

Il rougit légèrement, toujours aussi embarrassé de recevoir un compliment. Elle ne parut pas s’en apercevoir et alla remplir leurs tasses. Alors qu’elle les mettait sur un plateau il proposa :

Tu veux de l’aide ?

« Ça ira, merci. Tu es mon invité aujourd’hui, je ne vais pas te faire travailler alors que tu es venu te reposer. »

Toujours aussi fière, Sakura ; s’amusa-t-il ; même quand il s’agit de servir le thé.

« Eh, oui ! Je suis une femme forte et indépendante, moi. Et tu es suffisamment fatigué. Il paraît que tu t’endors à des moments tout à fait aléatoires. »

Qui t’a dit ça ?

« Gavriil. Ou peut-être Sergey. Alors, c’est vrai ? »

Pas tout à fait. Jamais pendant les missions, d’abord. Mais bon, je reconnais qu’à la maison, parfois…

Il évita son regard taquin et elle déclara :

« Je suis contente que le Lieutenant t’ait laissé cet après-midi. »

Moi aussi, cela faisait longtemps que nous n’avions pas passé de temps ensemble.

La jeune femme acquiesça avant de prendre le plateau. Tous deux se rendirent au salon et elle déposa le thé sur la table basse. Ils prirent place sur le canapé puis elle attrapa le livre qu’elle avait laissé au bord de l’accoudoir.

Tu ne l’as pas continué en mon absence ? s’enquit-il.

« Non, nous nous étions promis de le finir ensemble. Et puis ce n’est pas comme si la fin gardait tout son suspense. »

C’est vrai que tu connais plutôt bien les ‘‘Contes et Légendes’’, à force de les lire.

« En effet. Par contre j’ai du mal à croire que tu n’aies ouvert cette merveille qu’une fois. »

Avec notre lecture commune, ça fait deux.

« À ce propos, c’était bien ton exemplaire que tu m’avais prêté quand Sei et moi étions chez vous ? »

Oui, il y avait ma signature en haut de la page de garde.

« Comment savais-tu que c’était mon livre préféré ? »

Je t’avais entendu le mentionner à ton camarade d’infortune.

« Tu es très mignon, tu sais. » le taquina-t-elle.

Mais oui, plaisanta-t-il, je tue des gens mais je suis adorable.

Les deux jeunes gens sourirent et regardèrent le lien pourpre que chacun portait au poignet.

« Tout de même, reprit-elle songeusement, rien ne nous prédestinait à nous rapprocher lorsque nous nous sommes rencontrés ce soir-là, à l’Académie Impériale. »

Tu m’avais jeté un tel regard noir, se souvint-il, on aurait dit que tu voulais ma mort.

« Tu étais sur le point d’égorger mon frère, en même temps ! »

Je devais juste le menacer pour vous dissuader d’agir. Jamais je ne lui aurais ôté la vie !

« Même si Nikita te l’avait ordonné ? »

Il n’en avait pas l’intention non plus.

« Et s’il l’avait eue ? »

Je ne l’aurais pas fait. affirma-t-il avec sérieux.

Elle parut réfléchir un instant puis déclara en toute franchise :

« Je suis contente que tu sois ainsi. Et de t’avoir rencontré. »

Elle se rapprocha un peu plus de lui et il passa son bras autour d’elle.

« Et si nous lisions ? » reprit-elle.

Je te laisse retrouver ton joli marque-page. sourit-il.

« Tu dis ça parce que c’est toi qui as dessiné la rose dessus ? »

Peut-être…

Elle ouvrit le volume et ils commencèrent à le parcourir. Régulièrement, ils commentaient les péripéties et le contenu du texte, et elle s’amusait parfois à lui faire remarquer qu’elle lisait plus vite que lui, ce à quoi il lui répondait qu’il n’avait pas grandi au milieu des livres, lui. Le rythme de leurs échanges ralentit peu à peu et il finit par s’endormir sur son épaule. Elle le considéra avec un mélange de surprise et d’attendrissement avant de fermer doucement le livre.

« Alors comme ça tu ne t’endors pas n’importe quand ? »

Elle esquissa un sourire amusé puis pencha la tête vers la sienne et ferma les yeux.

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