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Tout était gris autour de lui. Des hautes parois sans aspérités au sol plat, aucun élément n’échappait à la monochromie ambiante. Il avait atterri dans un labyrinthe, vraisemblablement à l’entrée à en juger par la monumentale porte devant lui. Fermée, bien évidemment. Il ne savait pas pourquoi il était arrivé là, mais cet endroit avait le mérite de lui donner un objectif clair. Malgré tout, il aurait préféré un autre type de décor. Il n’avait jamais vraiment aimé les labyrinthes, car la patience n’était pas son point fort. Il se rappela qu’un jour Pavel lui avait donné une astuce pour trouver la sortie d’un dédale : il fallait poser la main sur l’un des murs dès le départ et le suivre, et on parvenait forcément à l’autre bout. Bien sûr, l’itinéraire était plus ou moins long en fonction de celui qu’on choisissait, mais cette stratégie avait apparemment le mérite de fonctionner à chaque fois. Il se décida pour la paroi de gauche, sans raison particulière, et avança la main vers la surface grise. Quand ses doigts entrèrent en contact avec, il ressentit une vive brûlure, ou peut-être était-ce une morsure glaciale, et recula rapidement. Il vérifia qu’il n’était pas blessé, mais sa peau paraissait intacte.

Qu'à cela ne tienne, soupira-t-il intérieurement, je le suivrai à distance.

Il commença à marcher à pas vifs, déterminé à quitter ce lieu le plus vite possible. Il longea d’interminables couloirs aux méandres déroutants, se demandant parfois s’il suivait toujours le bon chemin. Après une éternité, il parvint à un vaste espace circulaire, probablement le centre de la structure. Il s’apprêtait à le traverser quand la terre se mit à trembler. Il s’arrêta net, tous ses sens en alerte. Les murs rentrèrent dans le sol dans un fracas monumental, révélant une plaine anthracite et morne. Un temps passa, puis de nouvelles parois s’élevèrent, modifiant le plan du dédale. En dernier lieu, le grand cercle dans lequel il se trouvait se ferma entièrement. Quand les vibrations cessèrent, il regarda autour de lui, désemparé. Il était piégé. La seule issue semblait être le haut des remparts, mais il lui fallait un moyen d’y parvenir.

Un sifflement attira son attention. Devant lui approchait une ombre informe, menaçante. Un mélanophyte. Le soldat dégaina et se mit en garde, cherchant les points faibles de ce monstre. Un tentacule partit dans sa direction. Il sauta de côté et le trancha. Il se rappela que sa particularité était d’avoir une double nature, à la fois animale et plante. De fait, elle était vulnérable à certains végétaux. Le soldat utilisa sa capacité spéciale. Il invoqua des petites plantes épineuses et les lança vers la bête. Elles se plantèrent sur plusieurs endroits avant de s’animer, commençant à dévorer le mélanophyte. Celui-ci hurla et s’agita dans tous le sens pour s’en débarrasser. Mais les parasites s’accrochaient et attaquaient de plus belle. Le combattant profita de cette diversion pour se rapprocher de la créature. D'un puissant coup d’épée, il la trancha en deux. Les moitiés touchèrent le sol et disparurent avec les plantes qui les assaillaient. Le vainqueur rengaina avant de lever le regard vers les ténèbres qui remplaçaient le ciel.

Bien, se dit-il, à présent il s’agit de sortir.

Un cri résonna dans le lointain, le faisant sursauter. Il se fit attentif et discerna des appels faiblissants, qui semblaient répéter son nom. Il se figea. Il croyait reconnaître la voix de Shynar. Une colère mêlée d’inquiétude monta en lui. Les implorations s’étaient tues, il ignorait s’il s’agissait d’un leurre mais il devait trouver un moyen de s’échapper. Il s’approcha d’un mur et employa une incantation. Des lianes qu’il avait modifiées pour résister au froid et à la chaleur se matérialisèrent et s’entrelacèrent pour créer une échelle. Une fois la structure terminée il commença à monter. Après une longue et prudente ascension, il parvint au sommet. Il se mit à courir sur le haut de la paroi, espérant parvenir rapidement à une sortie. Des sanglots lourds de chagrin résonnèrent dans l’atmosphère, comme s’ils jaillissaient d’une source distante devant lui. Il priait de toutes ses forces pour que ces lamentations ne soient qu’une illusion. Les plaintes déchirantes semblaient s’enrouler dans l’air, chargées d’une tristesse entêtante à laquelle il avait du mal à résister.

Si jamais il lui est arrivé quoi que ce soit... se répétait-il.

Son cœur se serrait à lui faire mal, et il remarqua que des larmes roulaient sur ses joues malgré lui. Alors qu’il accélérait encore, un gouffre incolore s’ouvrit sous ses pieds et il tomba.

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