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Les engrenages de l’horloge rythmaient le temps, égrenant les minutes. Les sons légers remplissaient discrètement la pièce, adoucissant son sentiment de solitude. Elle soupira à nouveau et se leva du canapé. Elle se rendit à la cuisine et mit de l’eau à bouillir. Pendant que la casserole chauffait, elle ouvrit un placard et en sortit des feuilles de thé vert, qu’elle prépara dans sa tasse préférée. Une fois l’eau à la bonne température, elle l’y versa et la laissa infuser quelques instants. Elle prit ensuite sa boisson pour retourner s’assoir dans le salon. Pendant que son thé refroidissait un peu, elle regardait l’horloge en face d’elle. C'était un meuble assez ordinaire, en bois sombre décoré de motifs abstraits. Cependant, il tenait une place particulière dans la maison, car il avait été fabriqué par sa mère. Sur le cadran circulaire, elle avait peint de petits personnages illustrant les différents moments de la journée. Un souvenir lui revint alors qu’elle observait les aiguilles.

Un jour, Sakura, je t’apprendrai à fabriquer des automates.

La voix de sa mère résonna un instant à ses oreilles. Elle pensa à son petit frère, qui plus encore qu’elle avait repris ce merveilleux métier. Il y excellait et s’épanouissait, et elle se réjouissait de le voir progresser dans un univers qu’il fabriquait de ses mains. Une ombre passa sur son visage.

« Ito, où es-tu ? » murmura-t-elle.

Il lui semblait qu’elle l’avait à peine retrouvé, et qu’ils avaient tout de suite été séparés à nouveau. Un autre soupir lui échappa. La guerre avait aussi éloigné d’elle un être cher. Elle était sans nouvelles de Desya depuis quelques semaines. Certes, il l’avait prévenue qu’il se rendait dans le royaume, et que le contact entre eux serait coupé pour une durée indéterminée, mais elle détestait être inactive alors que ses proches étaient en danger. Seulement, elle ne pouvait pas faire grand-chose. ‘‘Il faut prendre patience.’’ lui avait dit Sae, mais par rapport à elle l’Impératrice avait au moins l’avantage de pouvoir s’occuper en gérant le pays.

Sakura remarqua qu’elle s’était égarée dans ses pensées, laissant à son thé bien assez de temps pour refroidir. Elle le but rapidement et posa la tasse vide sur la table devant elle, puis se réinstalla confortablement. Elle tira un peu sur les manches de son ample chemise pour recouvrir ses paumes. Akihito avait été surpris la première fois qu’elle l’avait portée, car il ne l’avait jamais vue. Elle lui avait répondu qu’elle l’avait ‘‘empruntée’’ à Desya, puisque tous deux aimaient les vêtements confortables et qu’il lui en prêtait de temps en temps. Elle remonta légèrement le col et ferma les yeux. L'odeur du jeune homme imprégnait le tissu, douce et réconfortante. Elle se laissa envelopper par ce parfum familier et tenta de se persuader :

Il va revenir. Ils vont revenir tous les deux, sains et saufs.

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