La lumière parvenait à entrer, tamisée par la toile grise. Il était assis sur son lit et dessinait pour passer le temps. Sa feuille se couvrait peu à peu de végétaux monochromes répartis aléatoirement au gré de son crayon. Il s’agissait uniquement de la flore des montagnes, qu’il avait si souvent pu observer. Il aimait esquisser ces plantes lorsqu’il avait quelques minutes de libre.

« Anton ! »

Il releva la tête pour accueillir son camarade.

« Arthur ! Je me demandais quand tu passerais me voir.

- Eh bien, je n’ai pas eu beaucoup de temps entre les deux dernières charges, plaisanta-t-il, donc j’ai dû profiter d’une petite accalmie. Comment te sens-tu ?

- Bien, je suis presque rétabli.

- Tant mieux. Je t’apporte une lettre, le courrier vient d’être distribué.

- Merci ! »

Arthur lui donna une enveloppe avant de tirer une chaise pour s’assoir. Anton commença sa lecture, esquissant un sourire en reconnaissant l’écriture régulière. Quand il eut terminé, l’autre soldat lui demanda :

« De qui est-ce ?

- Mes petits frères. Enfin, comme d’habitude, Pavel a rédigé et Sergey s’est contenté de signer en bas. »

Surpris et amusé, Arthur s’enquit :

« Leur mission se passe bien ?

- Plutôt, même s’ils n’ont pas encore de résultats. Mais je ne doute pas qu’ils trouveront bientôt des éléments intéressants.

- Tout de même, fit remarquer son camarade, votre famille est bien représentée au sein des Chasseurs. D’ailleurs qu’est-ce que ça fait d’être le grand frère de deux soldats ayant une telle renommée ?

- Pas grand-chose, mis à part que je peux m’amuser quand des gens parlent d’eux, car je les connais réellement.

- Tu ne les envie pas, parfois ?

- Non, je n’aimerais pas attirer autant l’attention sur moi. Sergey s’en accommode très bien mais parfois je plains un peu Pavel, qui aimerait passer plus souvent inaperçu. Personnellement, je préfère un rôle plus ordinaire, mais tout aussi utile. Et quand ils réalisent des actions d’éclat, je peux être fier d’eux.

- Quel grand frère modèle ! le taquina Arthur.

- Tu ne crois pas si bien dire, quand ils étaient petits ils voulaient devenir soldats pour faire comme leur aîné.

- C’est donc à toi que nous devons ces deux Chasseurs.

- N’exagérons rien. »

Ils échangèrent un regard entendu et s’esclaffèrent.