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« Sei ! »

Le jeune soldat leva la tête de son carnet et posa son porte-plume. Kiyonari se tenait à l’entrée de leur tente, l’air d’avoir quelque chose d’important à lui dire. Ce dernier considéra celui qu’il venait d’appeler, assis sur son lit de camp, vraisemblablement en train de prendre des notes.

« Je t’ai dérangé dans quelque chose d’important ?

- Non, ne t’en fais pas. J’écrivais juste quelques remarques à propos de ce que les médecins m’ont appris.

- C’est vrai que tu suis ta formation avec eux en parallèle des combats. Je me demande comment tu fais pour gérer tout ça.

- Oh, c’est simple, tu sais. Alterner une semaine en tant que soldat et une en tant que soigneur n’a rien de bien compliqué. Et je fais ce que j’aime, donc je suis doublement gagnant.

- En effet, vu comme ça…

- Au fait, tu voulais me dire quelque chose ?

- Oui, une livraison est arrivée pour toi, avec une lettre d’Isobe.

- Une livraison ? C’est-à-dire ?

- Je n’en sais pas plus, on m’a juste chargé de te prévenir. Tu dois te rendre à la tente d’infirmerie. »

Intrigué, Sei laissa ses affaires et se leva. Il rejoignit son camarade à l’extérieur et tous deux se mirent à marcher vers le lieu où il était attendu.

« As-tu une idée de ce que ça peut être ? demanda Kiyonari.

- Pas vraiment, répondit Sei d’un air songeur, quoique… »

Il laissa son hypothèse en suspens.

« Ça ne te dérange pas que je t’accompagne ? poursuivit son camarade.

- Non, ne t’en fais pas. »

Ils parvinrent à l’infirmerie et y entrèrent sans tarder. Alors qu’ils passaient entre les lits alignés, le neveu du Général avait du mal à cacher son étonnement et sa peine. Il n’était jamais allé ici, et bien qu’il sache tout à fait quels ravages la guerre faisait, la vue de tous ces blessés souffrant de diverses plaies était saisissante. Il était presque surpris de constater l’absence de sentiment particulier dont faisait preuve son ami. Non pas que le pharmakon soit indifférent à la détresse ambiante, mais on sentait qu’il avait l’habitude de vivre avec.

Ils traversèrent la salle principale et passèrent dans une petite pièce au fond après s’être annoncés. Ils se retrouvèrent dans un bureau aménagé avec soin. De chaque côté, des étagères contenaient de multiples ouvrages et documents. Au centre, un peu en retrait, un homme était assis derrière une table de bois sombre. L’air sérieux, il devait approcher de la soixantaine. Ses cheveux gris rappelaient la teinte de ses vêtements et du cerclage de ses lunettes ovales. Les deux jeunes gens le saluèrent et il prit la parole :

« Soldat d’élite Tanaka, nous avons reçu un paquet pour vous. Je l’ai fait porter dans l’annexe B. je vous saurais gré de m’informer de son contenu une fois que vous en aurez pris connaissance.

- Bien, professeur. »

Les deux camarades quittèrent son bureau et passèrent à nouveau par la grande salle pour se rendre du côté gauche.

« Voilà qui attise ma curiosité… déclara Sei.

- Qui était-ce ? voulut savoir Kiyonari.

- Le professeur Ravshan Tairev, le chef des services médicaux de l’Armée.

- Et tu travailles directement sous ses ordres ?

- Oui. »

Ils entrèrent dans une pièce de taille moyenne ressemblant à un entrepôt. Diverses caisses y étaient empilées, la plupart étiquetées. Et à peu près au milieu se trouvait une grande boîte légèrement plus haute qu’eux, avec une lettre épinglée dessus. Les coordonnées de Sei y étaient inscrites, d’une écriture affirmée. Il la prit et la parcourut rapidement. Son visage s’éclaira alors qu’il la terminait.

« Qu’y a-t-il ? questionna Kiyonari.

- Il l’a fait. » dit simplement son ami.

Il posa la missive sur une table à côté, puis ouvrit la partie de la boîte face à lui et en révéla le contenu. Un automate vêtu d’une blouse se tenait devant eux, les yeux clos. Une petite clef pendait à un lien passé autour de son cou. Sei la prit, retira les autres parties de la boîte aidé de son camarade, et activa la machine.

« Bonjour, je suis un assistant infirmier. Que puis-je pour votre service ? »

Il posa directement son regard gris sur le pharmakon.

« Êtes-vous bien Sei Tanaka ?

- En effet.

- Mon concepteur, Akihito Otsuka, m’a envoyé avec pour mission de vous servir. Il m’a également chargé de vous transmettre ses amitiés, ainsi que ses espoirs quant à un dénouement rapide pour cette regrettable guerre. J’espère pouvoir vous être utile, et je ferai de mon mieux pour m’acquitter de toutes les tâches qui me seront assignées. »

Les deux soldats échangèrent un regard où se mêlait admiration et enthousiasme.

« Alors là… commença Kiyonari.

- Nous sommes les témoins privilégiés d’un nouveau et grand progrès de l’humanité ! » compléta Sei.

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