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Le souvenir qui lui revint cette nuit-là avait lieu environ un an après le précédent. Il se trouvait dans le salon de leur maison et gardait sa petite sœur pendant que leur mère se reposait. Tout en lisant assis sur le canapé et en surveillant le bébé qui jouait sur le tapis, il réfléchissait à la situation. Sa mère lui avait annoncé que lorsque Niels reviendrait de l’Armée, où il était soigneur, ils se marieraient. Elle lui avait raconté qu’il lui avait fait sa demande à la veille de son départ. Quand elle lui avait fait part de la nouvelle, il s’était réjoui pour elle, mais en son for intérieur il avait ressenti une sorte d’hésitation. Certes, cela ferait leur bonheur à tous les trois, et permettrait notamment à sa petite sœur de grandir dans un environnement protégé, mais même malgré sa confiance envers Niels il avait toujours son vrai père en arrière-pensée. Il se sentait un peu perdu, car désormais il considérait également leur protecteur comme son père. Tout ce qu’il avait fait pour eux depuis un an prouvait à quel point il tenait à eux, depuis qu’il les avait sauvés l’enfant éprouvait une reconnaissance infinie pour lui, mais la situation le déstabilisait un peu. De plus, l’idée qu’ils n’étaient là que temporairement subsistait malgré lui, quelque part il avait toujours pensé qu’une fois que sa mère irait mieux ils repartiraient.

Il fut interrompu dans ses réflexions par sa petite sœur, qui essayait de se mettre debout en s’appuyant sur une chaise. Il la regarda, attendri, et laissa son livre pour la rejoindre. Levant vers lui ses grands yeux, elle lui fit un sourire avant de lui tendre les bras et lui attraper la main. Hésitante, elle tenta quelques pas avec lui. Il sentait sa poigne de bébé, comme un moyen pour elle de s’assurer qu’il la soutenait.

« Tu veux marcher ? » demanda-t-il.

Après un temps, elle hocha la tête. Il fut surpris qu’elle ait assimilé la signification de ce geste.

« Allons-y, alors. Où veux-tu te rendre ? »

Elle commença à avancer, entraînant son grand frère sans cesser de prendre appui sur lui. Elle lui fit traverser le salon pour le guider jusqu’au piano. Là, elle appuya sur une note, puis le regarda comme si elle attendait quelque chose.

« C’est un ré. » l’informa-t-il sans même consulter le clavier.

À nouveau, elle appuya sur la note et son regard devint presque insistant.

« Tu veux que j’en joue ? »

Elle hocha la tête.

« D’accord, mais je vais d’abord fermer la porte du salon, sinon la musique risque de réveiller Maman. »

Il commença à marcher et s’aperçut qu’elle s’accrochait toujours à sa main. Ils s’y rendirent donc ensemble et il ferma la porte, puis ils retournèrent au piano. Une fois arrivés elle lui lâcha la main et s’assit par terre. Son grand frère prit place devant l’instrument, posa les mains sur le clavier, et commença à jouer. Il passa ainsi en revue la majeure partie de son répertoire, car la petite fille lui demandait à chaque fin de morceau une nouvelle mélodie. Lorsqu’il termina de jouer son air préféré, il se réveilla.

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