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« Tu es revenu contempler ma défaite ? lui lança-t-elle avec amertume.

- Non, cela n’aurait aucun intérêt.

- En ce cas, que fais-tu ici ?

- Je suis venu voir si tu allais bien.

- Mais bien sûr ! Tu veux juste savoir si je suis passée aux aveux. Saches que j’ai gardé le silence.

- Ils n’ont pas encore utilisé la manière forte, n’est-ce pas ? »

Elle ne répondit pas et baissa les yeux. Le clair de lune illuminant la cellule leur donnait à tous deux des allures fantomatiques. Il lui demanda doucement :

« Pourquoi souffres-tu autant de cette brisure ? Notre amitié comptait-elle donc tant pour toi ?

- À ton avis ? répliqua-t-elle. Je te déteste pour ce que tu as fait. Si seulement je ne t’avais jamais rencontré ! Si seulement je… »

Elle s’interrompit. Il attendit la suite, curieux. Elle changea de sujet :

« Es-tu venu tenter de me convaincre ainsi ? Tu dois avoir grandement besoin des informations que je détiens pour t’abaisser à pareil stratagème. Tu ne m’auras pas par les sentiments.

- Cela me rassure sur ton compte. J’aurais été déçu sinon.

- Que fais-tu ici ? demanda-t-elle à nouveau avec humeur.

- Je te l’ai dit, non ?

- Je refuse de croire une explication aussi simpliste. »

Un silence s’ensuivit. La tristesse de la jeune femme emplissait l’espace entre eux. Elle leva vers lui son regard empli de douleur et d’incompréhension. Après une hésitation, elle l’interrogea :

« Avons-nous seulement un jour été proches ?

- Dans mon monde, tout n’est que mensonge. »

Elle parut plus blessée encore :

« Merci de m’y avoir introduite. » rétorqua-t-elle, cinglante.

Il ne manifesta aucune émotion. Elle réfléchit un instant, puis réalisa :

« C’est parce que je te rappelle ton camarade et que tu essayes de m’éviter les épreuves qu’il a subies que tu es là, je me trompe ? »

Il ne répondit rien. Elle poursuivit :

« Il s’appelle Desya, non ? Se pourrait-il que ce qui lui est arrivé t’ait fait réaliser à quel point tes agissements sont méprisables ? Et qu’à présent tu cherches la moindre occasion de te racheter ?

- Je ne sais pourquoi les hommes courent après le salut. Mais tu as partiellement raison : j’aimerais t’éviter de souffrir inutilement.

- Que ferais-tu à ma place ?

- Je mettrai probablement un terme à ma vie.

- Nous sommes d’accord sur ce point-là. Tes efforts sont vains. Cependant quelque chose m’intrigue : qu’a-t-il bien pu se passer pour que tu aies à nouveau des sentiments humains ?

- Lucie, ne cherche pas à aller trop loin. Cela ne te concerne pas.

- Pas plus que les secrets que je détiens ne te sont destinés. Mais peut-être fais-tu encore semblant d’avoir des émotions, comme lorsque tu me manipulais. Et en parlant de cela, j’avais une question : étais-je vraiment si importante dans ta stratégie pour que tu ailles jusqu’à t’inventer un passé pour mieux créer ton personnage ? Jusqu’où es-tu allé dans le mensonge ? Était-ce pour gagner ma confiance que tu as imaginé cette touchante histoire ? Ce triste passé…

- Est réel. l’interrompit-il. C’était le seul vrai élément de mon personnage. »

Un silence s’ensuivit. Il demeura un instant à la regarder sans la voir. Puis il quitta la cellule.

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