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« Soldat d’élite Tanaka, le Général vous demande. »

Un caporal s’était présenté à l’entrée de la tente de Sei et Kiyonari. Ce dernier échangea un regard avec le jeune homme concerné et déclara :

« Je t’attends ici, tu me raconteras ?

- Bien sûr. »

Il se leva pour rejoindre l’agent de liaison. À l’extérieur, la nuit tombait progressivement. Ils marchèrent jusqu’à la tente de commandement et le caporal le fit entrer puis s’éclipsa. La seule personne présente à l’intérieur était le Général. Alors que le soldat d’élite saluait, le chef de l’Armée l'accueillit par ces mots :

« Sei Tanaka, vous vous souvenez sans doute de notre dernière discussion ?

- Oui, mon Général.

- À présent que nous pouvons parler sans témoins, je suis curieux d’entendre votre requête. »

Il sourit avant d’ajouter :

« Mais auparavant, laissez-moi deviner : vous avez en tête le projet bien précis de rétablir ce qui est juste à vos yeux envers Koosei Tanaka, n’est-ce pas ?

- En effet. » confirma le jeune homme, hésitant.

Le haut gradé fit mine de réfléchir, puis reprit :

« Qui est-il par rapport à vous ?

- C’est mon oncle.

- Êtes-vous particulièrement proche de lui ?

- Relativement.

- Et vous entreprenez donc de réussir là où le reste de votre famille a échoué. »

Sei mobilisa sa détermination et son courage avant de répondre :

« Général, j’ai bien conscience que ma demande excède largement la faveur que vous m’offrez. Cependant j’estime qu’il n’est pas illégitime de chercher à dévoiler la vérité, ou à défaut de souhaiter un juste retour des choses. Mon oncle, je ne l’ignore pas, a été accusé de haute trahison il y a deux années de cela. Cependant nombreux sont ceux qui ont remarqué des incohérences dans l’affaire visant à le destituer de sa charge de chef-adjoint des services secrets de l’Empereur, bien que ses détracteurs aient réussi à obtenir sa condamnation. Je suis moi-même persuadé, le connaissant personnellement, que jamais il ne renierait son serment à son souverain, et qu’il préfèrerait mourir que de trahir sa patrie. Malgré le soin que ceux qui ont manigancé cette affaire ont pris à disposer les apparences contre lui, je suis convaincu qu’il n’a pas transmis d’informations à l’ennemi. De plus quelques détails subsistent, et c’est probablement grâce à cela qu’il a échappé à la peine capitale. Aussi ai-je l’intention de vous démontrer qu’il demeure injustement en prison depuis ces deux ans. Peu m’importe que l’on me sanctionne pour insubordination après cela, mais je ne pouvais pas ignorer l’occasion qui s’est présentée à moi. »

Un silence fit suite à son plaidoyer. Il attendait, s’efforçant de masquer son inquiétude, une réaction de la part du Général. Celui-ci, après un temps qui parut infini au jeune soldat, dit d’un air amusé :

« Je ne puis qu’admirer votre audace, et je me demande comment vous comptez procéder exactement pour me faire changer d’avis.

- Vous n’avez pas l’air de penser que mon oncle ait fait quelque action répréhensible, ce qui m’est déjà assez favorable.

- Voyez-vous, j’ai une vision plus globale que vous de cette affaire. Et vous pourrez difficilement inverser mon point de vue puisque je sais parfaitement que Koosei est innocent. »

Sei se figea sous l’effet du choc.

« De plus, poursuivit le Général, je détiens quelques informations classées secret d’État à ce sujet. Par exemple, le nom de celui qui l’a fait chuter. Que feriez-vous si je vous le donnais ?

- Je le retrouverais et aurais une sérieuse discussion avec lui. »

À ce moment le jeune homme remarqua que le chef des armées paraissait plutôt diverti, au lieu d’arborer l’air sérieux qui convenait à la situation.

« Vous me paraissez bien sûr de vous, aussi vais-je vous révéler son nom. »

Il marqua une pause, puis déclara enfin :

« Nikita Senaviev. »

À nouveau, Sei fut incapable de réagir. Au bout de quelques instants il parvint à demander :

« Mais… pourquoi ?

- Les raisons politiques d’alors. À présent, cela n’a plus d’importance ; mais la sentence est presque irrévocable. Sachez cependant que c’est le Lieutenant qui est personnellement intervenu afin d’éviter à votre oncle la peine de mort.

- Je ne comprendrai jamais les intrigues de pouvoir… soupira le jeune homme.

- Et encore, le chef des Chasseurs est un cas à part. Il a très vite appris et comprend remarquablement le fonctionnement de n’importe quelle politique pour en acquérir la maîtrise. Il a un penchant manipulateur redoutable. »

Le soldat médita ces paroles quelques secondes avant de faire remarquer :

« Vous avez dit qu’il était possible de revenir sur la condamnation. À qui dois-je m’adresser en ce cas ?

- Il s’agit d’un crime d’ordre militaire, donc à moi. Cependant je ne peux pas gracier de la sorte ; mieux vaut que nous en reparlions plus tard. Je dois d’abord requérir l’accord de l’Empereur. Et j’ai une situation stratégique à gérer. »

Il réprima un soupir, puis conclut par habitude :

« Vous pouvez disposer. »

Sei salua et quitta le quartier général. Lorsqu’il retourna à sa tente, Kiyonari reposa le livre qu’il était en train de lire et s’enquit :

« Alors ?

- Cette histoire n’a plus aucun sens.

- C’est-à-dire ?

- Laisse-moi le temps de remettre mes idées en place et je t’expliquerai. répondit Sei avec une pointe d’ironie.

- Tu m’as l’air fatigué.

- Ça, oui. »

Il s’assit sur son lit de camp et commença son récit.

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