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Les membres du complot se rassemblaient. Il en avait suivi jusqu’ici, et devait trouver un moyen d’assister à cette réunion sans se faire repérer. Intégrer l’assemblée n’était pas une option car il n’avait pas leur signe distinctif. Et la porte de la salle était gardée. Ces gens avaient l’audace de se réunir dans le palais impérial même. Ils avaient corrompu des gardes et ne paraissaient pas s’inquiéter outre mesure d’éventuels espions infiltrés. Ce pourquoi il opta pour une autre solution. Il s’éloigna un peu de son point d’observation afin de ne pas être détecté, puis activa son pouvoir. Fermant les yeux, il fit usage d’une incantation qu’il utilisait rarement. Il perdit peu à peu toute couleur et consistance, pour devenir complètement transparent.

Aussi invisible qu’un esprit. pensa-t-il en esquissant un sourire.

Normalement les incantations d’occultation exercées sur les êtres humains étaient interdites, mais dans le cas des sigao c’était un peu différent. Il s’avança, quittant l’abri que lui procurait l’angle du couloir. Les gardes n’eurent aucune réaction lorsqu’il s’avança vers eux. La porte était fermée, mais ce n’était pas un problème ; il la traversa. Une fois dans la salle, il repéra immédiatement les chefs de l’assemblée sur une estrade au fond. Les gens se plaçaient, discutaient, attendaient que la réunion commence. Pour ne rien manquer de la suite, il remonta les rangs et alla se poster près de l’estrade. Il remarqua que l’un des meneurs regardait dans sa direction. Mal à l’aise, il réajusta le capuchon de son manteau. Pourtant, il savait que c’était inutile, il était invisible. Finalement, l’homme reporta son regard sur l’assemblée.

La réunion commença à l’appel du président. Pendant deux heures, le jeune homme put entendre beaucoup d’informations relatives aux projets de ces gens ; à savoir provoquer la défaite de l’Empire au profit du royaume. Il leur souhaitait bon courage pour parvenir à faire chuter une entité bien plus puissante qu’eux. Quoique, ils s’en donnaient les moyens, et certains de leurs stratèges étaient particulièrement doués. Quand l’assemblée se termina, il détenait nombre d’informations aussi précieuses qu’inquiétantes. Les gens quittèrent la salle par groupes, pareils à des spectres silencieux. Leur œuvre avait encore progressé. Au bout de plusieurs minutes, il ne resta que l’homme qu’il avait remarqué au début.

« Fermez les portes. dit-il aux gardes. Et attendez dehors. »

Le jeune homme se figea. Était-il possible que…

« Alors, était-ce intéressant ? »

Lui tournant le dos, le conjuré laissa passer un silence, puis reprit :

« J’ai senti ta présence dès le début. Il est inutile pour toi de rester dissimulé. »

Il activa son pouvoir et fit cesser l’incantation de l’espion. Celui-ci redevint visible et tangible.

« Tu te demandes probablement comment cela est possible. Ne connais-tu pas cette capacité spéciale ? fit-il mine de s’étonner. Je suis un aristoi, ce qui signifie que je peux détecter n’importe quelle forme d’incantation, et influer dessus. Par exemple, je peux t’empêcher d’utiliser ton pouvoir. Et si tu veux savoir pourquoi je n’ai pas utilisé cela il y a deux heures, c’était uniquement pour rendre le tout plus amusant. »

Il se tourna vers le jeune homme, arborant un sourire en coin.

« À présent, dis-moi lequel des Cinq tu es. Car tu as été envoyé par le Lieutenant, cela ne fait aucun doute. »

Sur la défensive, l’espion ne répondit pas. Il activa son pouvoir. Son adversaire eut un sourire méprisant. Et annula son incantation. Il reprit d’un ton moqueur :

« À ton silence et ta façon de te mettre en garde, j’en déduis que tu es Desya. Ai-je raison ? Tu as toujours été un peu différent des autres. Outre le fait que tu sois légèrement plus petit qu’eux. »

Le Chasseur dégaina son épée. Son adversaire neutralisait son pouvoir, il allait donc devoir s’en sortir autrement. L’autre, sans se départir de son air amusé, lança une incantation. Il esquiva et se lança à l’attaque. Son ennemi para d’un bouclier qu’il invoqua au dernier moment. Il le narguait, n’utilisant que des incantations pour se battre. La colère du jeune Chasseur augmentait au fur et à mesure que les incantations de son adversaire se diversifiaient. Il se prit une onde de choc qui le projeta plusieurs mètres en arrière. Son épée lui échappa des mains. Il se releva, évita une autre attaque, se saisit de son épée et porta un coup à son ennemi. La lame fut arrêtée juste devant son cou. Et tomba en morceaux.

Impossible ! pensa Desya. Il a combiné une incantation à son bouclier !

Il jeta la poignée désormais inutile et sortit un poignard. Son adversaire eut un léger sourire amusé puis dégaina un glaive. Le duel se poursuivit. Soudain, la porte s’ouvrit et les gardes entrèrent.

« Oleg ! l’appela leur chef. Que se passe-t-il ? »

L’homme profita de la distraction du Chasseur pour lui porter un coup. Celui-ci esquiva, mais un peu tard. La lame se planta dans son bras. Quand elle se retira une petite effusion de sang jaillit. Le jeune homme réprima la douleur, il ne pouvait pas tenter seulement de se soigner tant qu’il était dans l’aura de l’aristos. Il répliqua, mais ne parvint à infliger qu’une petite marque de contact à l’épaule de son ennemi. Les gardes arrivaient. Oleg lui érafla la joue de sa lame. Desya devait à présent faire face à cinq adversaires, et il ne pouvait se servir que de ses aptitudes physiques. Il perdait du terrain. Il réussit à mettre un premier adversaire hors de combat, puis à en blesser un gravement. Il lui apparut clairement qu’il ne pourrait pas tenir bien longtemps. Après une esquive il élimina un troisième adversaire. Ne restaient qu’un garde et Oleg. Desya sortit une mini-lame et la lança dans la tête du dernier garde. À cet instant, Oleg envoya une incantation qu’il se prit en plein cœur. La force de l’impact le fit chanceler. Il avait tiré presque à bout portant. Desya tomba à genoux, pris d’une quinte de toux sanglante. Il tenta en vain de se relever mais ses jambes refusaient de bouger. L’incantation était en train de lui prendre peu à peu toute son énergie. L'autre se rapprocha.

« Il est temps de mettre un terme à ceci. » déclara-t-il froidement.

Il retira la capuche qui masquait les traits du jeune homme et lui plaça la lame de son glaive sous la gorge. Le Chasseur eut alors un réflexe qui lui sauva la vie. Utilisant ses dernières forces, il saisit le bras de son adversaire et le projeta en avant. Oleg fut à moitié assommé en percutant le sol. Desya le poignarda. Et perdit conscience.

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