Chapitre cinquième

6 minutes de lecture

Godric décida de passer la nuit au Chaudron. Il lui restait de quoi se payer une chambre et à manger pour plusieurs jours mais, sans retourner prendre de l’or chez lui en Cornouailles, il devrait trouver le moyen de se faire quelque argent. Edvin, le propriétaire, tenait bien son établissement. D'apparence crasseuse, la vitrine devait contribuer à repousser les moldus, mais les chambres étaient propres et globalement au dessus de ce que proposait des établissements non magiques. Ici, il suffisait d'un coup de baguette pour se débarrasser des nuisibles.

Après une bonne nuit de repos, il s'arrangea avec le patron pour laisser Gwendoline occuper la chambre à la journée, à condition qu'elle ne chamboule rien avec sa toute nouvelle baguette. Ici, elle serait en sécurité, avec toujours au moins un sorcier à proximité. Il abandonna donc la fillette pour un temps, non sans un certaine inquiétude car Gwendoline avait tendance à avoir la tête dans les nuages. Il n'était pas impossible qu'elle déclenche une catastrophe par inadvertance. Mais il n'avait pas le choix. Il se pressa donc d'aller rencontrer les gobelins.

Il restait peu de ces créatures à Londres. Les gobelins, créatures magiques à moitié humaines, ne s'intégraient pas très bien avec les hommes, qu'ils soient sorciers ou moldus. Les premiers les dominaient et les second les craignaient de plus en plus. Ils s'étaient récemment rassemblés sous la direction d'un gobelin particulièrement riche qui se faisait appeler roi. Cependant, pour les sorciers, roi ou pas, les gobelins restaient des êtres seulement à moitié humain. Capable de magie, extrêmement doués pour fabriquer des objets subtilement enchantés, ils ne parvenaient pourtant pas à fabriquer de baguettes. Et les sorciers se refusaient à leur en céder. Il existait donc une certaine tension entre les uns et les autres.

Godric connaissait quelque gobelins, à Londres. Globalement, il ne les appréciait guère : il les trouvait orgueilleux et manipulateurs en plus d'autres qualités tout aussi attirantes. Mais il leur reconnaissait au moins deux grandes qualités : ils travaillaient bien et payaient rubis sur l'ongle, à condition bien sûr de ne pas se faire rouler dans la farine, car ils étaient capables de fourberies contractuelles révoltantes. Godric se rendit donc dans une crypte de sa connaissance où il était sûr de rencontrer quelques représentant de cette race amoureuse des souterrains. Il connaissait notamment un grand gobelin du nom de...

— Comment est-ce, déjà ? Gartuk ? Grotak ? Se demandait Godric à voix haute, descendant dans l'obscurité les escaliers qui menaient à la salle souterraine.

— Gortak ! Le corrigea une voix gutturale. Maudit sorcier ! C'est GORTAK ! C'est pourtant simple, non ?

— Gortak ! Pardonne moi, cela fait si longtemps. Je ne t'avais pas vu dans le noir, comment vont les affaires ?

— Pas trop mal, avoua le dénommé Gortak en grattant son grand nez crochu. Il plissa les yeux alors que Godric faisait un peu de lumière avec sa baguette.

— Aurais-tu un peu d'or à me prêter ?

— Tu n'y vas pas par quatre chemins ! S'exclama le gobelin. A te prêter, non, je ne fais pas dans l'usure. Mais je peux t'en donner, contre un petit service.

— Allons en parler autour d'un verre, si tu veux bien. J'ai amené ton hydromel préféré.

Le gobelin grogna mais tourna néanmoins les talons pour accompagner Godric vers les profondeurs de son repaire.

— Qu'allais-tu faire, à la surface ?

— Prendre l'air, éluda le gobelin. Mais je préfère parler affaire, et je ne crache pas sur un hydromel. Qu'est-ce qui t'amènes à Londres ?

— Les moldus... Ils deviennent dangereux pour tout ce qui est magique.

— Bah ! Ne m'en parles pas ! C'est à peine si on ose encore sortir de cette foutue crypte !

Tout en causant, ils étaient parvenus en bas de l'escalier. Une petite salle carrée chichement éclairée accueillait deux gobelins en arme. Ils ne posèrent aucun problème, vu que Gortak accompagnait Godric et qu'il était leur chef. D'autres chambres se succédaient dans toutes les directions, mais ils eurent tôt fait de s'arrêter dès la seconde autour d'une table. Godric et Gortak s'installèrent chacun sur un tabouret.

— J'espère que c'est un bon boulot, j'ai besoin de pas mal d'argent.

— C'est un bon boulot, répliqua Gortak. Mais il ne sera pas facile. Combien il te faut ?

— Disons une dizaine d'once.

— Or ? Ma parole, tu te prépare à acheter une rue de Londres ?

— Peu importe. Qu'as-tu à me proposer ?

— Tes problèmes de moldus, nous avons les mêmes. Cette crypte ne sera plus un refuge sûr pour nous dans très peu de temps. Mon clan à décidé de partir.

— Tu m'en vois navré.

— Épargne moi ça, Godric ! Je sais ce que les sorciers pensent des gobelins, même si tu n'es pas le pire d'entre eux. Revenons à notre affaire : je me suis renseigné. Il existe d'anciennes galeries, sous Londres, creusées il y a longtemps. Personne n'y vit plus et je voudrais nous y déplacer.

— Ici, à Londres ? Tu penses que ton clan y sera plus en sécurité ?

— Ouais. A ma connaissance, il n'y a qu'un seul accès, et c'est assez grand pour accueillir des centaines de gobelins. C'est facilement défendable, il y a des sources d'eau. Bref, un paradis.

— Et pourquoi aucun clan ne s'y est installé, alors ?

— C'est l'ancienne demeure de Brogorg. Vous, les sorciers, vous l'appeliez le sanguinaire. Les surnoms dans ce goût là son courant pour des gobelins, chez vous. Mais Brogorg, même les gobelins l'appelaient le sanguinaire, le cruel ou pire. On raconte qu'il avait toujours du sang frais sur la peau. On gobelins comme on n'en fait plus.

— On dirait presque que tu le regrettes, s'amusa Godric.

— Non pas ! C'était un dingue, il a fini par massacrer son propre clan, les survivants se sont enfuis et Brogorg est resté seul dans ces tunnels jusqu'à sa mort. C'est une vieille histoire. Mais tu sais comme moi ce qu'il se passe dans les lieux ou le sang et la magie on coulé à flot.

— Qu'est- ce qu'il a attiré ?

— Des goules, principalement, mais pas que. Et attention, pas d'innocentes goules de grenier, hein. Des goules de sang. Plusieurs clans lorgnent sur ces caves, le premier qui fera main basse sur cet endroit sera un gobelin riche et respecté.

— Pourquoi tu n'y est pas encore alors ?

— A ton avis ? Répliqua Gortak, agressif. C'est pas facile. Les clans sont nombreux, ils se chamaillent. Si on se mettait d'accord, ce serait pas un problème. Mais même avec ce Ragnuk qui se prend pour un roi, c'est compliqué. Tu n'avais pas dis que tu avais de l'hydromel ?

Gortak se leva et alla chercher deux gobelets tandis que Godric sortait la flasque de sa veste. Lorsque les godets furent sûr la table, il y vida le contenu agréablement parfumé.

— Il est bon, admit Gortak.

— Que veux-tu que je fasse exactement ?

— Tu es réputé pour être une brute, sauf ton respect. J'ai essayé de prendre la place avec quelques gars, mais il y a trop de ces saloperies de goules. On a eu plusieurs blessés et même un mort. Si tu pouvais t'assurer de réduire suffisamment la population de créatures dans ces tunnels pour que je puisse y prendre pied, je te récompenserai grassement. Tu auras tes dix onces d'or, et même plus.

— Ce Brogorg, il devait être très riche, si sont clan était si grand. Il doit rester des trésors de grande valeur dans ces tunnels.

— N'y pense même pas ! Ces trésors sont peut-être inaccessibles pour l'instant, mais ils ont des propriétaires : les survivants du clan de Brogorg. Ou devrais-je dire, leurs descendants.

— Où trouves-tu ton intérêt ? Tu es l'un de ces héritiers ?

— Ce que tu peux être pénible... Tu auras ta récompense, une grande et juste récompense.

— Soit honnête, Gortak : penses-tu que je pourrais y arriver seul ?

— J'n'en sais rien. Ça grouille, là dessous. Il faut régler le problème de toute façon, les goules finiront par sortir. De ce que je sais, plusieurs moldus ont déjà disparut dans le coin. Tout le monde serait gagnant.

Godric leva son verre, Gortak fit de même. Ils trinquèrent, scellant leur accord.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Djurian R ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0