Une pyramide gris sombre veinée de bleu, haute de plus d’une centaine de mètres, aux parois sans aspérités. Il se trouvait à sa base, devant une porte sculptée et obscure. Il se sentait si petit à côté de la structure démesurée. Mais à cette sensation se mêlait un confus espoir. Il savait qu’à l’intérieur se trouvait ce qu’il avait tant désiré. Il se retourna pour regarder Asdrubal, qui évoluait librement non loin de là. Il lui avait retiré son harnachement et l’avait caché avec ses affaires, dans des ruines à quelque distance de l’entrée. Il ne savait combien de temps il passerait à l’intérieur. Il fit à nouveau face à la porte. Il prit une inspiration, puis s’avança. La pierre sombre parut s’effacer et il entra dans les ténèbres.

Il marcha un temps indéterminé dans une pénombre crépusculaire. Seul l’écho de ses pas se réverbérait contre les parois de pierre noire et lisse. Il parvint finalement à une vaste salle circulaire à peine plus éclairée que les couloirs qu’il venait de suivre. À l’autre bout se trouvait une porte bleue arrondie vaguement luminescente. Tout autour, sur les murs, des torches fumantes pleuraient des larmes de résine. Il fit un pas à l’intérieur. Un étrange cliquetis, comme des os s’entrechoquant, résonna au-dessus de lui. Il leva le regard. Au centre, une gigantesque araignée-squelette descendait vers le sol. Elle se posa face à lui, distante d’à peine trois mètres, et produisit un bruit pareil à un sifflement. Le chevalier dégaina son épée et se mit en garde. Le monstre cracha du venin. Il esquiva et s’élança. La créature leva une patte. Il s’éloigna du lieu de l’impact, puis frappa le membre. Son épée lourde fissura seulement l’os.

Je dois toucher les articulations. comprit-il.

Il recula tandis que la bête contre-attaquait. Il prit son élan, sauta et se raccrocha à la jointure d’une patte. Il s’y hissa tant bien que mal alors que l’araignée s’agitait en tous sens. Il abattit sa lame, et sépara le membre du reste du corps. Le monstre hurla.

Plus que sept. pensa-t-il.

D’une secousse, la créature l’éjecta. Il roula au sol, se releva, et repartit au combat. L’araignée tentait de le maintenir à distance par des jets de toile. Il les esquiva tous et parvint jusqu’à elle. Il para un crochet, passa sous son abdomen, et le transperça de son épée. La bête cria. Il s’écarta et profita de la diversion pour lui trancher deux pattes. Mais avec une autre, le monstre le projeta contre un mur. À moitié assommé, il évita de justesse un dard. La créature essaya plusieurs fois de l’embrocher. Le dos au mur, il bloquait sans cesse. Il tenta de la repousser, sans succès. Il changea de stratégie. Il se déroba, passant sous une des pattes, et la sépara du reste du corps. La bête voulut le mordre. Il lui coupa une mandibule. Il commençait à avoir l’avantage. Elle abattit un de ses membres si fort qu’il resta coincé dans le sol. Le chevalier le trancha. Il ne restait plus au monstre que deux pattes à gauche et une à droite. Son équilibre en était grandement modifié. L’épéiste profita de la vitesse amoindrie de la créature pour s’éloigner. Une fois à bonne distance, il s’élança à nouveau vers l’araignée. Il courut le plus vite possible, sauta, et frappa de toutes ses forces les membres de gauche. Sa lourde lame les brisa. Le monstre émit un affreux sifflement et tomba sur le côté. Le chevalier évita la patte droite qui s’agitait et la détacha également. La créature cracha un jet de toile, l’atteignant à la jambe. Il se libéra à l’aide de son épée et s’approcha de la bête. Il éleva son arme et sépara la tête de l’araignée du reste du corps. Le squelette tressauta puis s’immobilisa, vaincu. Le chevalier se détourna du monstrueux cadavre et rengaina. Il se sentait fatigué, malgré l’adrénaline. Il se rendit à la porte, qui s’ouvrit devant lui. Il n’hésita pas et la passa.