« Génial, ironisa-t-elle, je sens qu’on va s’amuser.

- Je suis d’accord, soupira-t-il, on dirait que nous n’allons pas nous ennuyer. »

Ils venaient d’entrer dans une grande salle carrée, dont la porte à l’autre bout leur permettrait d’accéder à l’objet de leur quête. Seulement, entre eux et leur objectif se trouvait un monstre. Un reptile géant, en l’occurrence. Le serpent dévoila ses crocs suintants de venin et siffla.

« Je te couvre, décida Egidio, utilise ton arbalète pendant ce temps. »

Ils firent ainsi. Aissia tira un carreau, ouvrant les hostilités. Le projectile atteignit le monstre près de la mâchoire. Celui-ci émit un bruit sourd et se lança à l’attaque. Les deux voyageurs esquivèrent. La créature recula, puis frappa le sol de sa queue. La vibration faillit les faire chuter. Déployant ses anneaux à une vitesse fulgurante, le serpent les encercla. Il projeta sa tête vers eux. Egidio l’arrêta de plein fouet, reculant sous le choc. Aissia sauta, atterrit sur le crâne du monstre, et lui asséna une série de coups de sa dague. Tandis qu’Egidio la secondait au sol le reptile s’agita en tous sens et l’éjecta. Elle se réceptionna lestement et repartit au combat. Pendant de longues minutes, la créature subit les assauts répétés des équipiers. Egidio frappait et parait tour à tour, tandis qu’Aissia lui infligeait de multiples plaies.

Nous formons un bon duo. pensèrent-ils.

Tout à coup, le serpent attrapa la jeune fille et commença à l’enserrer de ses anneaux.

« Aissia ! » s’exclama Egidio.

Il essaya de trancher la partie qui la retenait. Mais son épée rebondissait sur les écailles, les entamant à peine.

« Attaque la tête ! ordonna-t-elle. Le reste mourra avec ! »

Elle cria. Son bras avait produit un craquement. Son compagnon se tourna face au reptile, à temps pour esquiver une morsure. Il répliqua d’un grand coup d’estoc dans l’œil. Rendue furieuse, la bête projeta plusieurs fois sa tête vers lui. Il bloquait sans difficulté, car elle était à moitié aveuglée. La créature parut fatiguer. Il en profita pour lui porter un puissant coup de bouclier. Dans la seconde d’hébètement qui suivit, il décapita le monstre. Le corps sans tête se tordit un instant, puis s’effondra. Le vainqueur rejoignit sa sœur d’armes, qui avait été projetée près de la porte. Elle demeurait immobile, les yeux clos. Il laissa tomber ses armes et s’agenouilla auprès d’elle. La prenant dans ses bras, il l’appela :

« Aissia ! Tu m’entends ? »

Elle ouvrit difficilement les yeux.

« Egidio ? Le combat est terminé ?

- Oui. Tu es blessée ?

- Je ne crois pas, j’ai juste été un peu assommée. »

Il l’aida à se relever. Alors qu’il lui donnait sa dague, elle laissa échapper un cri et la lâcha.

« Qu’y a-t-il ? s’inquiéta-t-il.

- Je crois que ce serpent m’a cassé le bras. »

Elle essaya de le bouger et eut une grimace de douleur.

« J’espère qu’il n’y aura pas d’autres ennemis, dit-elle, car je ne suis plus en état de me battre. »

Elle ramassa sa dague et son arbalète de l’autre main et les fixa à sa ceinture. Elle aperçut un petit croc du serpent et le prit également, ayant soin de l’envelopper dans un mouchoir.

« J’en extrairais bien le venin pour mes carreaux. » expliqua-t-elle.

Il dénoua son écharpe et proposa :

« Veux-tu que je te la prête pour ta fracture ?

- Excellente idée. Je te laisse t’en occuper. »

Il lui plaça précautionneusement le bras dans le tissu et le noua derrière sa nuque. Elle réprima un frisson douloureux et tenta un sourire :

« Merci. »

Elle remarqua le regard soucieux de son compagnon. Elle soupira, à la fois amusée et agacée, et reprit :

« Bien, allons récupérer cette fleur. »

Ils se tournèrent vers la porte, qui s’effaça pour les laisser passer.