« Je viens de découvrir un nouveau type de chaleur, annonça-t-elle, celle qui s’associe à l’humidité et alourdit tout.

- Comme quoi on en apprend tous les jours. ironisa-t-il.

- Je m’attendais à plus de soutien de ta part, Egidio.

- Disons que ce n’est pas facile pour moi non plus, Aissia. Et je supporte tout sans me plaindre. »

Elle voulut répliquer, mais réalisa qu’il n’avait pas tort et se tut. Ils progressaient tant bien que mal au cœur d’une jungle luxuriante, dans laquelle ils étaient entrés le matin même. Le sentier sur lequel ils avançaient, partiellement effacé, était difficile à suivre, serpentant entre de hauts arbres couverts de lianes et des plantes évasées. Elle marchait devant, leur ouvrant parfois un passage à l’aide de sa dague. Quand enfin ils parvinrent à une clairière, ils s’arrêtèrent pour souffler un instant.

« Les villageois ont dit qu’on en avait pour combien de jours ? s’enquit-elle.

- Deux ou trois, l’informa-t-il, selon notre efficacité.

- J’ai hâte… »

Un mouvement dans les fourrés l’interrompit. Ils regardèrent l’emplacement de l’autre côté du cercle végétal, aux aguets. Une ombre émergea d’entre les buissons, menaçante. Un jaguar. Il se dirigea lentement vers eux, ses yeux verts brillant d’un éclat inquiétant. Il feula. Aissia affermit sa prise sur sa dague et Egidio prit son épée et son bouclier. Il se plaça devant elle pour la protéger. Le félin fit mine d’attaquer, se heurtant à la défense du jeune homme. Celui-ci répliqua, le repoussant de quelques coups d’épée. Le jaguar prit son élan et sauta. Egidio leva son bouclier. Le choc manqua de le lui faire lâcher.

« Laisse-moi me battre aussi. dit Aissia.

- Pas la peine, il bat en retraite. »

En effet, le félin parut hésiter. Il feula de nouveau. Puis il s’éloigna et sauta dans les buissons.

« Tu crois qu’il est parti ? » demanda Aissia.

Elle entendit un grognement derrière elle. Elle n’eut pas le temps de se retourner, l’animal la plaqua au sol. Elle cria et sa dague lui échappa des mains. Egidio abattit son épée, entaillant le flanc de la bête. Celle-ci lâcha la jeune fille et recula. Aissia se releva, sortit son arbalète et tira. Le carreau se ficha dans la tête du jaguar. Il s’écroula. Un temps passa, puis Egidio prit la parole :

« Tu n’es pas blessée ?

- Non, ça va, à part quelques griffures superficielles. »

Il l’examina rapidement. Elle soupira, puis alla récupérer sa munition.

« Bien, conclut-elle, remettons-nous en route, nous avons assez perdu de temps. »